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KHATIBI Abdelkébir : sa vie et son oeuvre

Publié le 09/01/2019

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KHATIBI Abdelkébir (né en 1938). Sociologue, essayiste, poète et romancier marocain, né à El Jadida. Deux préoccupations fondamentales et intimement liées semblent constituer le point permanent de son activité intellectuelle, aussi bien dans ses travaux de recherche (le Roman maghrébin, 1968; Vomito blanco, 1974; la Blessure du nom propre, 1974; Maghreb pluriel, 1984) que dans ses textes de création (la Mémoire tatouée, 1971; le Livre du sang, 1974; le Lutteur de classe à la manière taoïste, 1977; Amour bilingue, 1983; Un été à Stockholm, 1990) : d’une part, l’élaboration de nouvelles formes d’écriture; d’autre part, la déconstruction des mythes et des dogmes sur lesquels repose la pensée arabe contemporaine. Là réside l’unité de son œuvre et son originalité. Le Livre du sang, par exemple, comme la Blessure du nom propre appellent à participer à la jouissance d’une écriture flamboyante (de désir et de transe), autant qu’à une réflexion approfondie sur le corps, les signes, les passions, les morts qui l’habitent. Le lecteur habitué à des textes de facture traditionnelle risque d'être désemparé devant la complexité d’une démarche où les limites entre le poétique et le discursif sont sans cesse effacées. Car le propre du texte khatibien est de travailler contre la reproduction mécanique du savoir, des idées et des systèmes; de travailler contre toute institution — à commencer par la langue même qui lui sert de creuset d’investigation. Au lieu de langue, en effet, Khatibi parle de bilangue et, au lieu d’unité, il parle de diversité. L’ensemble de sa production illustre parfaitement cette quête d’une « pensée autre », irréductible. Se mettant en marge des grandes idéologies, il défend avec beaucoup d’audace une conception de la culture fondée sur le respect des différences, la réhabilitation de la tradition orale, le décentrement des pensées totalitaires. Là réside la force de son œuvre, qui opère continuellement une sortie hors de toute origine, des cadres sacrés et consacrés. Il n’est donc pas surprenant qu’elle prenne la forme de l’errance : d’une mémoire à l’autre, d’une culture à l'autre. Chacun de ses textes est un dialogue avec d’autres, une

« réactivation d'autres voix: du mythe (l'Androgyne, Orphée), des mystiques (Jalal-addine Arroumi.

Al Hal­ laj), des philosophes (Marx, Nietzsche, Heidegger, Der­ rida), des poètes (Rimbaud, Mallarmé) ...

Cette pratique scripturale, d'ordre esthétique et cognitif, n'est nulle­ ment innocente, nullement gratuit!.

Elle s'inscrit dans un vaste projet de relecture de J'Et re et du patrimoine arabes.

Elle est en ce sens dirigée contre la sanctification du texte monosémique, qui n'est rien d'autre que la voix de la doxa.. »

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