Devoir de Philosophie

KATEB Yacine : sa vie et son oeuvre

Publié le 09/01/2019

Extrait du document

KATEB Yacine (1929-1989). Écrivain algérien d'expression française, Yacine Kateb a vu le jour à Constan-tine, mais a été inscrit sur les registres de l’état civil de Condé Smendou (aujourd’hui Zirout Youcef). Il est issu d’une grande tribu où les mariages endogamiques étaient fréquents. Son père, qui était Oukil judiciaire (défenseur), mourut en 1950. Yacine Kateb suivit les leçons de l’école coranique, puis son père le mit à l’école française, « dans la gueule du loup ». Il est au lycée de Sétif lors de la manifestation du 8 mai 1945. Il est arrêté



« avec d'autres Algériens, à seize ans.

Alors en classe de troisième, il est expulsé du lycée.

Libéré, il part pour Bône avec « un grand chagrin au cœur » à cause de Nedj­ ma (une cousine aimée).

En 1946, il publie son premier recueil de poèmes, Soliloques.

En 1947, il donne une conférence à Paris sur Abd el-Kader et l'indépendance algérienne.

Il fréquente les milieux nationalistes de l'époque.

Inscrit au parti communiste, il travaille à Alger républicain.

Il voyage comme reporter jusqu'en Asie centrale.

Quelque peu nomade en Algérie, il l'est bientôt en France à partir de 1951.

Il tâte de tous les métiers, mais pense toujours à ses amours lointaines : Nedjma, l'Algérie, sa mère.

Il fait la rencontre de Brecht en 1954 à Paris et voyage en Europe durant la guerre de libéra­ tion.

En 1956 paraissait Nedjma; en 1959, sa pièce de théâtre le Cercle des représailles.

Dans le même volume, édité au Seuil et préfacé par Édouard Glissant, figuraient le Cadavre encerclé, la Poudre d'intelligence et Les ancêtres redoublent de férocité.

En 1967, il effectue un voyage au Viêt-nam.

Ses pièces sont jouées à l'étranger durant la guerre, puis, après 1962, en Algérie (l'Homme aux sandales de caoutchouc, 1970).

En 1972, après bien des errances, il revient se fixer en Algérie.

Il anime d'abord le Groupe théâtral de l'action culturelle des tra­ vailleurs du ministère du Travail, puis dirige le théâtre de Bel-Abbès.

Durant ces années, il fait jouer des pièces en arabe parlé algérien, de manière à atteindre un très large public populaire.

L'œuvre de Kateb est connue dans de nombreux pays - en français, mais aussi traduite en diverses langues.

Le premier poème sur Nedjma paraissait dans le Mercure de France en janvier 1948, mais Nedjma, en 1956, repré­ sentait un tournant dans le roman maghrébin : mélange des genres littéraires, luxuriance du vocabulaire, plongée dans les profondeurs de 1 'inconscient algérien.

Cela aussi bien dans Nedjma que dans le Cercle et, en 1 966, dans le Polygone étoilé.

L'auteur disait d'ailleurs qu'une grande partie de son travail était inconscient, ouvrant ainsi la porte à une interprétation psychanalytique.

Un Kateb tragique se manifestait dans cette œuvre à la recherche de 1' identité nationale, des racines ancestrales, du passé enseveli.

Nedjm.a est comme le roman du grand dérangement : tout y est bouleversé et en déplacement.

Il s'agit pour l'auteur de rassembler les bribes éparses des amours aliénées, des identités raturées, de J'in­ conscient mutilé.

L'œuvre romanesque de Kateb (Nedjma surtout) a été, en 1956, un apport considérable dans la littérature maghrébine sur le plan de l'écriture, des techniques litté­ raires et de l'expression.

Dans Nedjma, par exemple, il n'y a pas de déroulement chronologique cohérent : « La mémoire n'a pas de succession chronologique » (le Poly­ gone étoilé).

Des bribes de la réalité vécue et de la réalité rêvée se mêlent à la réalité imaginée et aux souvenirs du passé.

Kateb aime les redoublements, les répétitions donnant du même événement ou de la figure de tel per­ sonnage des points de vue particuliers.

Les personnages sont souvent interchangeables : Kateb a parlé d'« auto­ biographie au pluriel ».

Des phrases nominales, des phra­ ses courtes dans le feu de 1' action et de la fièvre alternent avec des phrases longues, coulées qui n'en finissent pas, moments indéfiniment prolongés.

Kateb utilise les ma 'na, des allusions tirées de la langue et de la sagesse populaires.

Le texte baigne enfin, en général, dans une atmosphère poétique où s'opère la libération de l'imagi­ naire et des énergies inconscientes.

« J'étais comme un oued sous un orage inattendu », déclarait-il.

Par-dessus tout, son œuvre montre l'utilisation du mythe, son inter­ cession dans le face-à-face avec les grands drames de l'existence du poète : l'identité collective de la nation disparue, les ancêtres fondant autrefois la nation, 1 'er­ rance mutilante.

Cette œuvre de Kateb en français demeure un grand moment de 1 'histoire de la littérature maghrébine.

Le Kateb satirique et ironique surgit ici et là dans Nedjma et dans la Poudre d'imelligence ainsi que dans le Polygone étoilé.

Il vitupère les faux dévots, les hypo­ crites, les forces rétrogrades: il veut démythifier et démystifier; il critique donc -parfois lourdement.

La satire prend tou.te son ampleur dans les pièces jouées en arabe algérien : Mohammed prends ta valise (1971 ), Saout-En-Nisa ( 1972), la Guerre de 2000 ans ( 1974), le Roi de l'Ouest (1977), Palestine trahie (1978).

Le com­ bat acquiert alors des dimensions universelles puisque tout prolétaire est opprimé par la classe au pouvoir.

Kateb a toujours voulu être « la révolution dans la révo­ lution ».

ll dérange donc souvent les gens satisfait et conformistes, qui se contentent de l'ordre établi.

A tra­ vers toutes ces œuvres en français et en arabe, Kateb dit, avec ses exigences de vérité, le tragique de sa quête d'une Algérie profonde, nettoyée de toutes les scories.

[Voir MAGHREB.

Littérature d'expression française.] BIBLIOGRAPHIE Nedjma, « Poin ts », Seu il , 1981: le Cercle des représailles et l'Homme aux sandales de caoutchouc.

«poche Fiction».

Seuil.

1976 et 1978; Soliloque, rééd., Paris.

La Découverte ct Alger, Bouchène, 1991.

Études.

-M.

Gontard, Nedjma de Kareb Yacine, Rabat, im p.

de l' A gda!, 1975: Jacquelin e Arnaud, Recherches sur la littéra­ ture maghrébine de langue française, Paris, l'Harmattan, 1982, p.

400-1 171 (tout le t.

Il); Mohammed Ismaïl Abd oun , Kareb Yacine.

Alger.

E.N.A.L., et Paris, Nathan, 1984; Ch.

Bonn, Nedjma, «Etudes littéraires>>, P.U.F ..

1989; S.

Tamba, Kateb Yacine, Paris, Seghers, 1992.

J.

OÉJEUX. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles