KAFKA : engagement et littérature
Publié le 12/09/2015
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KAFKA :« Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que des livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? »
KAFKA : Quel rapport y a-t-il entre un livre comme celui de Schwarz-Bart, ruminé, ressassé, profond, tentative sans espoir pour récupérer les morts que nous avons tués, et la jeune femme élégante, au visage dur et sot, que j’ai vue l’autre jour, au wagon-restaurant, lire Le Dernier des justes, en mangeant une tartine de confiture ? Elle le lisait, mais elle n’était pas une de ses lectrices.
Comme exercice, on se fait les ongles; comme récréation, on lit, avec des chutes dans le sommeil. Les annonces du journal, le feuilleton, les faits divers, l’attention met tout cela sur le même plan et s’émeut aussi peu d’un enfant écrasé que de la découverte d’üne nouvelle pommade.

«
superficiel qu'il n'est plus possible de la classer parmi
les activités intellectuelles.
Sartre déplore aussi cette façon de lire.
Dans Situations
IX (Gallimard, 1972), il évoque une« liseuse»- plu
tôt qu'une lectrice -qui lit un livre grave, poussée,
semble-t-il, par
le seul snobisme et qui ne paraît pas du
tout entrer
en communion avec l'auteur dont elle par
court
le texte :
«Quel rapport y a-t-il entre un livre comme celui de
Schwarz-Bart, ruminé, ressassé, profond, tentative
sans espoir pour récupérer
les morts que nous avons
tués, et la jeune femme élégante, au visage dur et sot,
que
j'ai vue l'autre jour, au wagon-restaurant, lire Le Dernier des justes, en mangeant une tartine de confi
ture? Elle
le lisait, mais elle n'était pas une de ses lec
trices.»
Jules Renard, dans Les Cloportes (écrit en 1887-1889),
dépeint des personnages pour qui, de la même manière,
la lecture n'est pas vraiment une activité intellectuelle:
«Comme exercice, on se fait les ongles; comme
récréation, on lit, avec des chutes dans
le sommeil.
Les
annonces du journal,
le feuilleton, les faits divers,
l'attention met tout cela sur
le même plan et s'émeut
aussi peu
d'un enfant écrasé que de la découverte
d'tine nouvelle
pommade.»
La lecture, telle que la conçoit Kafka, se situe évidem
ment aux antipodes de
ces attitudes.
Elle a quasiment
pour lui un caractère
« existentiel » dans la mesure où,
comme l'écriture, elle implique un engagement de tout
l'être.
Une vraie lecture retentit sur la vie de celui qui
lit.
Elle n'est jamais sans conséquences.
Mais, pour que la lecture agisse ainsi sur nous, pour
qu'elle opère cette transformation, encore faut-il que
l'œuvre s'y prête.
Kafka parle
d'un livre qui nous
réveille, attirant l'attention sur deux types opposés de
littérature.
Il y a une littérature -et un cinéma -qui.
»
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