juste la fin du monde Le prologue rattache-t-il la pièce à la tragédie classique ?
Publié le 04/05/2024
Extrait du document
«
N Le prologue rattache-t-il la pièce à la tragédie classique ?
Éléments d’introduction :
• Monologue de Louis, personnage-narrateur de la pièce.
Seul personnage à avoir des monologues
(prologue / I, 5 / I, 10 / II, 1, épilogue) => solitude, isolement vis-à-vis de la famille.
Les
autres personnages ont le droit à des tirades => confrontation avec l’étranger familier qu’est
devenu Louis).
• Rappel des éléments traditionnels d’une scène d’exposition : qui, quand, où, quoi ? Le prologue de la
pièce n’est pas sans nous rappeler ici le prologue des tragédies antiques, dans lequel le coryphée,
chef du chœur, exposait le sujet en s’adressant directement au public.
• Le prologue adopte la forme du verset (unité de souffle, unité rythmique donnée au comédien).
Il est
constitué d’une phrase unique qui s’étend sur une quarantaine de lignes (31 versets), avançant par
répétitions (épanalepses), corrections (épanorthoses) et digressions.
Ces trois figures de style cœur
témoignent bien la difficulté de Louis à mettre en mots
Délimitation des mouvements et justification :
• Mouvement I = marqué par le leitmotiv : « l’année d’après » / Marqué par le ressassement et la
confusion, la perte de repères pour le spectateur, liée à la difficulté pour Louis de verbaliser sa mort.
• Mouvement II = marqué par l’arrêt du leitmotiv et l’annonce de l’intrigue centrale de la pièce.
Mouvement 1 : Lignes 1 à 21
• Ressassement et confusion face à la verbalisation de sa propre fin.
Une ouverture confuse et
déroutante pour le spectateur.
« Louis.
– Plus tard, l’année d’après
– j’allais mourir à mon tour j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c ’est à
cet âge que je mourrai , l’année d’après, de nombreux mois déjà que j’attendais à
ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir,
de
nombreuxque j’attendais d’en avoir
mois
fini,
l’année d’après, comme on ose bouger parfois, à peine, devant un danger extrême,
imperceptiblement, sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui
réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt, l’année d’après, malgré tout, la peur,
prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre, malgré tout, l’année d’après.
• L’ouverture de la pièce a de quoi surprendre et dérouter le lecteur.
Tout en confusions et en
ressassements, elle annonce cependant bien ce que sera l’essentiel de la pièce : une prise de parole
difficile, voire impossible pour Louis, un langage ressassé, des idées difficiles à formuler, à
accoucher.
• L’élément essentiel de la scène d’exposition est présent (le cœur de l’intrigue : le personnage revient
dans son milieu d’origine pour annoncer sa mort prochaine, présence d’une crise), mais le jeu de
ressassement et de confusion des repères le rendent difficile à appréhender clairement pour le
spectateur.
• Les nombreux effets de reprise et de répétition et la disposition du texte sur la page apparentent
d’ailleurs davantage ce monologue de Louis à un poème en vers libre qu’à une scène de théâtre.
Notons d’ailleurs que la pièce s’ouvre sur un hexamètre (« Plus tard, l’année d’après »), c’est-à-dire
un demi-alexandrin.
L’alexandrin est le vers de la tragédie classique > on entre dans le domaine de
la tragédie, mais pas tout à fait, pas totalement, il y a une hésitation, qui fait écho évidemment à
l’épanorthose.
• Le mouvement infini de ressassement dans le mouv 1 : deux figures de style cœur dans tout le
prologue (et dans une grande partie de la pièce par ailleurs) : l’épanorthose, l’antépiphore, (chercher
et noter les définitions) > traduisent bien l’obsession face à cet énoncé obsédant de la mort à venir
et, en même temps, la difficulté à l’appréhender et à le verbaliser.
•
◦ l’épanorthose est ici liée à l’antépiphore, qui résonne comme le refrain d’un poème toutes les
cinq lignes environ.
= ressassement lugubre de sa propre date d’expiration.
◦ Lignes 1 à 5 : Même effets pour le chiasme = A B B A
◦ Lignes 6 et 8 : hypozeuxe marqué par l’anaphore : « de nombreux mois que j’attendais ...
»
• Ce ressassement obsédant accompagne une très grande confusion dans les repères temporels, qui
montre les difficultés de Louis à énoncer clairement sa mort et déroutent le spectateur.
Cette
confusion passe :
• par les incohérences dans l’emploi des adverbes : « Plus tard » « maintenant ».
• l’emploi de déictiques : « Plus tard » ; « l’année d’après » : incompréhensible en ce début de pièce
pour le spectateur, qui ne maîtrise pas la situation d’énonciation de Louis (« plus tard » par rapport à
quel événement ? L’année d’après quoi?).
Même remarque pour le « à mon tour » ligne 2 (par
rapport à qui ?).
Il faudra attendre le second mouvement du prologue pour comprendre
rétroactivement le sens du premier.
• la conjugaison : ligne 2 : imparfait (j’allais) / ligne 3 : présent / ligne 4 : futur simple.
• bon exemple de la difficulté à saisir l’énoncé de Louis : lignes 3 à 5 : à quel âge meurt-il : 34 ou 35 ?
Est-il déjà mort ? S’agit-il d’une prosopopée comme pour l’épilogue.
La perte des repères temporels
est effectivement assez importante du fait de ce ressassement confus.
Mouvement 1 : Lignes 6 à 21
• Trois étapes progressives vers le second mouvement et la révélation de la clef de compréhension du
premier mouvement : l’intrigue de la pièce, le retour à la maison familial pour annoncer la mort.
Ces
trois étapes sont....
»
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