Jules SUPERVIELLE: « l'Arbre », Les Amis inconnus.
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
1.
Description de l'arbre
• Le poète ne décrit pas une espèce précise, n'indique ni le lieu ni l'époque, mais retient certaines caractéristiquesphysiques de tous les arbres :
— leur matière, le bois (v.
2, 4, 7), et la fibre (v.
8).
Le lecteur peut même se demander si le « cœur d'amoureuse »n'est pas une allusion au « cœur » du bois, terme employé pour le centre du tronc.
— l'exubérance végétale : la branche (v.
8), la feuille (v.
22), et surtout le « feuillage », les « ramilles » (v.
4), les «fibrilles » (v.
12).
On notera la présence insistante de la semi-voyelle [j] dans ces trois termes, qui suggèrentl'entrecroisement léger du faîte et des racines.
Le suffixe -ille est diminutif.
— les formes souvent complexes du tronc ou des branches.
L'arbre « se contorsionne », il « va dans tous les sens »(v.
13).
« La vie de l'arbre apparaît à plusieurs reprises et à divers niveaux ;
— le cycle des « quatre saisons » (v.
19), très pertinent puisque les essences non persistantes changentnotablement d'aspect au printemps, en été, à l'automne, en hiver.
La feuille « qui s'envole » peut aussi constituerune allusion à l'automne (v.
23).
Une allitération chiasmique en [v] et [l] souligne la douce chute : « Et la voir quis'envole ».
— l'action du vent, qui imprime un mouvement à l'ensemble (v.
15-17).
— l'existence de petits animaux qui y vivent ou le traversent : ici la fourmi (v.
12).
2.
L'observateur
• Cette description suppose un observateur attentif.
Il est présent dans le texte, mais là encore le vagueprédomine, avec le pronom « on » (v.
8).
Cet être ne reste toutefois pas inactif :
— il coupe une branche pour en vérifier l'intérieur (v.
8), il regarde la fibre (v.
8).
— il écoute les bruits éventuels, comme si l'arbre pouvait livrer des paroles ou du moins un bruit semblable à celuides coquillages.
Un détail précise qu'il s'agit d'une personne, sans doute le poète : le bois reste muet, « Du moinspour les oreilles humaines » (v.
10).
La qualité d'écoute du spectateur se traduit par l'analyse précise du silence, quiest « sans nuances ».
Une allitération en [s] et l'assonance en [â] rendent perceptible l'uniformité de ce silence : «Pas un seul mot n'en sort mais un silence sans nuances » (v.
11).
• Son attention extrême se traduit aussi par l'insistance de l'anaphore « C'est devenu du bois » (v.
2, 7), « C'est dubois » (v.
4), comme s'il examinait longuement et à plusieurs reprises pour vérifier ses observations.
Ellesaboutissent parfois à une question (v.
6) ou une exclamation (v.
14).
II.
La personnification
Le spectateur n'est pas avec la fourmi la seule présence vivante du texte :
1.
Personnification du vent
• Il a des volontés, celle de « mettre en route » l'arbre (v.
15), de le transformer en oiseau (v.
16).
2.
Personnification de l'arbre
• Il a un passé : il était autrefois une femme ou un homme amoureux (v.
1-5) et raffiné, d' « une grande politessede paroles » (v.
3).
• Il « se contorsionne » : le terme sert d'ordinaire pour un humain.
• Il est doué de sens et d'entendement :
— il « écoute » les paroles humaines, peut-être donc les comprend-il, mais ce qui le distingue est l'intensité de sonsilence, « sans nuances » (v.
1).
— il « voit » la feuille qui s'envole (v.
23).
— enfin il possède une sagesse, celle de « savoir » être tout entier dans une feuille (v.
25).
De plus il « regarde pourmieux se taire » (v.
23).
3.
Fantaisie et vraisemblance
Cette humanisation de l'arbre repose sur un équilibre entre son apparence extérieure, sa nature, et l'imagination.
»
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