Jules Supervielle : « Hommage à la Vie »
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
Guerre mondiale , au moment où les combats font rage et où la
mort hante le monde, le poète , effectuant un retour sur lui-même ,
chante, dans un hymne
à la vie , les puissances qui permettent de
conjurer
la fuite du temps et la mort, de fixer l'insaisissable .
Dans cet
« hommage à la vie », l'homme , « dédoublé », semble
accorder
à son corps une existence propre.
Celui-ci est présenté
comme un abri de fortune , par définition passager
(« C'est beau
d'avoir élu
1 Domicile vivant...
•), qui inscrit l' homme dans le
temps : comme une horloge qui rythme le temps qui passe de son
tic-tac régulier ,
les battements du cœur comptent les secondes qui
s'égrènent
Mais si l'homme est « passager », et la proie du temps
qui l'habite,
la permanence de ses sentiments peut donner une
continuité au discontinu
(« Et de loger le temps 1 Dans un cœur
continu
» ).
C'est en effet l' amour qui, le premier , va donner à
l'homme une prise sur la vie .
Cet amour peut évidemment prendre diverses formes, évoquées
ici
en des termes d'une très grande simplicité .
C 'est d'abord une sorte
d 'appétit pour
la vie, une soif de goOter ses richesses, de se les
approprier, une appréhension toute physique du monde , faite de
sensations .
Les mains prennent
ainsi la mesure du monde , une
mesure humaine :
« Et d'avoir vu ses mains 1 Se poser sur le
monde 1 Comme sur une pomme 1 Dans un petit jardin .
» La
sensation en soi devient un moyen privilégié de connaissance du
monde, une source de
joie(« C'est beau( ...
) 1 D 'avoir senti la vie 1
Hâtive et mal aimée ») ou bien encore de richesse et de sagesse.
La vieillesse même, son approche lente et insidieuse, devant
laquelle
le corps est sans défense (sa nudité est le signe de sa
faiblesse) , sont alors célébrées ,
elles aussi : « Et d'avoir senti l'âge
1 Ramper sur le corps nu.
» L'âme est sans cesse à l'écoute du
corps ;
elle le soutient ( « Accompagné la peine 1 Du sang noir dans
nos veines
») en adoucissant sa douleur : « Et doré son silence 1
De l'étoile Patience.
» La souffrance , supportée avec stoïcisme
(c'est ce qu'implique
le mot « Patience », dont le sens étymologi
que est :
« souffrance »), les difficultés de la vie , qui augmentent
avec l'âge, sont ainsi considérées comme des bienfaits dans
la
mesure où elles font partie de l'expérience vécue.
Cet amour
« physique » du monde et de la vie trouve un
prolongement dans une sorte de sentiment d'amour universel qui.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Hommage à la vie. Jules Supervielle, Vers récents, choix de poèmes.
- « Hommage à la vie », Poèmes (1939-1945), Jules Supervielle
- HOMMAGE A LA VIE - Jules SUPERVIELLE
- Hommage à la Vie - Jules Supervielle
- SUPERVIELLE, Jules (1884-1960) Né à Montevideo, comme Lautréamont et Laforgue, sa vie se résume dans ses oeuvres.