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Jules SUPERVIELLE, Gravitations. PROPHÉTIE

Publié le 16/09/2011

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supervielle

 

Un jour la Terre ne sera

Qu'un aveugle espace qui tourne

Confondant la nuit et le jour.

Sous le ciel immense des Andes

Elle n'aura plus de montagnes.

Même pas un petit ravin.

De toutes les maisons du monde

Ne durera plus qu'un balcon

Et de l'humaine mappemonde

Une tristesse sans plafond.

De feu l'Océan Atlantique

Un petit goût salé dans l'air,

Un poisson volant et magique

Oui ne saura rien de la mer.

D'un coupé de mil neuf cent cinq

(Les quatre roues et nul chemin 1)

Trois jeunes filles de l'époque

Restées à l'état de vapeur

Regarderont par la portière

Pensant que Paris n'est pas loin

Et ne sentiront que l'odeur

Du ciel qui vous prend à la gorge.

A la place de la forêt

Un chant d'oiseau s'élèvera

Que nul ne saura situer,

Ni préférer, ni entendre,

Sauf Dieu, qui lui, l'écoutera,

Disant : cc C'est un chardonneret «.

Jules SUPERVIELLE, Gravitations.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé, en ordonnant à votre guise vos réflexions sur ce qui vous y semblera digne d'intérêt.

De tout temps, l'inquiétude métaphysique de l'homme l'a fait s'interroger sur l'avenir de notre monde. Selon la personnalité et les croyances des auteurs, les réponses qui sont apportées au mystère de notre condition diffèrent du tout au tout.

supervielle

« Vous ferez de ce texte un commentaire composé, en ordonnant à votre guise vos réflexions sur ce qui vous y semblera digne d'intérêt.

De tout temps, l'inquiétude métaphysique de l'homme l'a fait s'interroger sur l'avenir de notre monde .

Selon la personnalité et les croyances des auteurs, les réponses qui sont apportées au mystère de notre condition diffèrent du tout au tout.

Dans La Légende des siècles, Victor Hugo dépeint l'ascension de l'huma­ nité vers la lumière, le progrès de« l'homme montant des ténèbres à l'idéal».

A l'inverse, dans les Poèmes barbares, Leconte de Usle nous présente une vision pessimiste et matérialiste du monde et de l'humanité, vouée à un anéantissement métité.

Plus près de nous, Jules Supervielle, fasciné par l'existence étrange et fragile de tout ce qui vit et gravite dans l'espace et dans le temps, se livre, dans un poème publié en 1925, à une étonnante « Prophétie ».

Il imagine avec tristesse un univers caractérisé par l'absence, mais que viennent cependant peupler des visions fantastiques.

Enfin, l'éternité de Dieu semble apporter un réconfort au poète, dans la mesure où elle assure la pérennité du monde.

A première vue, ce poème « prophétique ,.

paraît envisager le .

destin de l'homme et du monde qu'il habite sous un jour très pessimiste.

La Terre, en cet avenir dont nous ignorons s'il est proche ou lointain(« Un jour ...

•), ne ressemblera en tien à ce que nous connaissons.

Tout, apparemment, aura disparu, comme le montrent les nombreuses tournures négatives: «la Terre ne sera 1 Qu'un aveugle espace qui tourne...

»; « Elle n'aura plus ·de montagnes..

.

» Le temps, en effet, sera aboli, dans cet espace « aveugle », « confondant la nuit et le jour ».

Les océans qui couvrent une grande partie de la surface du globe terrestre auront disparu, de même que le relief de la Terre : la Cordillière des Andes, par exemple (ce paysage d'Amérique du Sud si familier à l'auteur, né en Uruguay), sera anéantie.

La végétation sera tout aussi inexistante : plus de forêts.

Plus d'animaux, selon toute apparence; et quant à l'homme, il sera tout aussi absent.

Nulle trace de son habitat, des cités les plus peuplées et les plus belles : Patis, l'autre patrie de Supervielle, sera rayé de la carte, volatilisé ...

« Et de l'humaine mappemonde •, il ne restera plus qu' « Une tristesse sans plafond "· Cette vision mélancolique et nostalgique souligne discrètement la relativité de l'existence humaine, la. »

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