Jugements critiques à propos d'Un amour de Swann de Proust
Publié le 14/09/2018
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LES CONTEMPORAINS
<< Bientôt je pus montrer quelques esquisses ; personne n'y comprit rien. Même ceux qui furent favorables à ma perception des vérités [ ... ] me félicitèrent de les avoir découvertes au « microscope » quand Je m'étais au contraire servi d'un télescope [ .. .] là où je cherchais les grandes lois, on m'appelait fouilleur de détails. » ILe Temps retrouvé).
Ce constat du narrateur à la fin de la Recherche indique la profondeur du malentendu qui a séparé Proust de ses contemporains : en 1912, le premier tome de la Recherche est refusé par Gallimard et Fasquelle. Jacques Madeleine, premier lecteur de Proust, manifeste dans son compte rendu sa perplexité devant « la monographie d'un petit garçon maladif, de système nerveux détraqué >> ; il prédit qu'« il ne se trouvera pas un lecteur assez robuste pour suivre un quart d'heure » Le Figaro littéraire, rapport publié en 1966).
Dans la presse, l'accueil n'est guère plus favorable : Henri Ghéon critique l'excès d'analyse (« la folie de la sincérité ») et l'absence de construction d'une « œuvre de loisir » (Nouvelle Revue française, janvier 1914)
Jean Cocteau est l'un des seuls à célébrer « une miniature géante pleine de mirages ». Mais quelques mentions élogieuses pour Un amour de Swann « qui aurait pu former un petit livre exquis » (Paul Souday) n'équilibrent pas les réticences.
En 1919, le prix Goncourt accordé au second tome de la Recherche est accueilli par de vives critiques. Proust a l'estime de Giraudoux, celle de Mauriac qui salue « la plus puissante œuvre romanesque de ce temps >>. Mais Barrès ne le comprend pas ; le mouvement surréaliste le condamne.
Entre 1930 et 1950, pendant ces années qui voient le triomphe de la littérature engagée, l'œuvre est ignorée par la critique. Jean-Paul Sartre reproche à Proust d'avoir fondé son analyse de l'amour sur une
LA POSTÉRITÉ
Le Nouveau Roman s'intéresse à Proust et le reconnaît pour un des précurseurs de la modernité : Nathalie Sarraute commente ce « je anonyme qui est tout et qui n'est rien » et qui apparaît « dans les œuvres les plus importantes de notre temps ». (L'Ère du soupçon, Gallimard, 19561.
Ce renouveau s'accompagne d'une multiplication de travaux critiques qui explorent l'œuvre. Germaine Brée souligne sa puissance, « l'étonnant pouvoir qu'y manifeste Proust de tout subordonner, histoire, personnages, pensées, érudition et style, à la création d'un monde qui s'impose par son unité » (Du temps perdu au temps retrouvé, Les Belles Lettres, 19501.
Jean Rousset est le premier à montrer la rigueur de la construction : « Combray d'abord, Un amour de Swann ensuite forment les deux assises sur lesquelles repose l'édifice, les deux piles de l'arche. » Il précise les rapports qui unissent Swann au narrateur : « Même façon d'aimer et de souffrir, mêmes goûts pour le monde et pour les arts, mêmes faiblesses, enfin mêmes tentations graves auxquelles chacun d'eux réagira différemment. » ( Forme et signification, José Corti, 1962).

«
expérience
particuli ère : « Pédéraste, Proust a cru pouvoir s'aider de
son expérience homosexuelle lorsqu'il a vou lu dépeindr e l'amour de
Swa nn pour Odette ; bourgeois, il présente ce sentiment d'un bour
geois riche et oisif pour une femme entretenue comme le prototype
de l'amour.
)) !S ituations Il, Gallimard, 1948 1.
Il fa ut attendre les années cinqua nte pour que la publi cation d'une
biogra phie d'André Maurois et celle de textes inédits de Proust relan
cent l'intérêt pour l'œuvre.
LA POSTÉRITÉ
Le Nouveau Roman s'intéresse à Proust et le recon naît pour un des
précurseurs de la moderni té : Nathalie Sarraute commente ce « je
anonyme qui est tout et qui n'est rien )) et qui appa raît« dans les œuvres
les plus importantes de notre temps )).
(L 'Ère du soupçon, Gallimard,
19 561.
Ce renouveau s'accompagne d'une mu ltiplication de travaux criti
ques qui explorent l'œuvre.
Germaine Brée souligne sa puissance,
« l'é tonnan t pouvoir qu'y manifeste Proust de tout subor donner, his
toire, personnages, pensées, érudition et style, à la création d'un monde
qui s'imp ose par son unité )) lO u temps perdu au temps retrouvé, Les
Belles Lettres, 19501.
Jean Rousset est le premier à montrer la rigueur de la construction :
« Combra y d'ab ord, Un amour de Swann ensuite forment les deux assi
ses sur lesquelles repose l'édifice, les deux piles de l'arche.
)) Il pré
cise les rappo rts qui unissent Swann au narrat eur : « Même façon
d' aimer et de souffrir, mêmes goûts pour le monde et pour les arts,
mêmes faiblesses, enfin mêmes tentations graves auxquelles chacun
d' eux réagir a différ emment.
)) 1 Forme et signifi cation, José Corti, 19621.
Gaëtan Pican insiste sur la révolution que Proust a fait subir au
roman : « Où le roman tournait autour du monde, le monde tourne
au tour du romancier n, ou encore : « Proust révolutionne le roman en
lui apportant la poésie et il prend la poésie dans la révolution qu'elle
vient de connaître-celle de la correspondance baudelairienne.
)) (L ec
ture de Proust, Mercur e de France, 1963 1..
»
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