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JOUER À FROID

Publié le 28/03/2015

Extrait du document

     Les comédiens qui «jouent d'âme « ne sont bons que par moments et non tout au long d'une pièce ; de ce fait, la qualité du spectacle en souffre.

     Pour les mêmes raisons, le comédien « sensible « ne peut avoir un jeu sensible pendant une longue suite de représentations et jouer régulièrement avec la même force.

     Les grands comédiens, sauf exceptions, n'atteignent pas le sommet de leur talent dans la jeunesse, époque où les pas­sions les agitent, mais dans l'âge mûr, à un moment où les élans de la sensibilité se tempèrent.

     On voit de grands comédiens, apparemment entièrement possédés par leur rôle, et qui pourtant n'oublient pas un ins­tant qu'ils sont sur les planches. Ainsi, celui qui, venant en principe d'égorger sa mère, pousse du pied vers la coulisse la pendeloque d'une actrice qui était tombée sur la scène. Ou telle actrice, en train d'apitoyer toute une salle en mou­rant dans les bras d'un homme et qui prend le temps de dire à son partenaire : «Ah! Pillo que tu pues ! «

 

     Les grands acteurs peuvent jouer tous les rôles, et même, sans intervalle, passer du comique grossier au tra­gique le plus sublime.

« 286 I Écriture et représentation .

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Le Paradoxe sur le comédien est un dialogue, mais l'un des interlocuteurs n'est qu'un faire-valoir.

L'interlocuteur principal soutient de bout en bout la même thèse et l'on peut donc voir en lui le porte-parole de Diderot.

Cette thèse est simple : le grand acteur, grâce à une observation soutenue de la façon dont les hommes expriment leurs passions et une lecture attentive du texte, s'est constitué une sorte de modèle et, sur scène, il met simplement en œuvre les gestes et les intonations qu'il juge efficaces.

Son art est de calcul, de jugement et ne résulte en aucune manière d'un abandon à la sensibilité : «Les comédiens font impression sur le public non quand ils sont furieux, mais lorsqu 'ils jouent bien la foreur.

» Les principaux arguments en faveur de cette thèse sont les suivants: - Les comédiens qui «jouent d'âme» ne sont bons que par moments et non tout au long d'une pièce; de ce fait, la qualité du spectacle en souffre.

- Pour les mêmes raisons, le comédien «sensible» ne peut avoir un jeu sensible pendant une longue suite de représentations et jouer régulièrement avec la même force.

- Les grands comédiens, sauf exceptions, n'atteignent pas le sommet de leur talent dans la jeunesse, époque où les pas­ sions les agitent, mais dans l'âge mûr, à un moment où les élans de la sensibilité se tempèrent.

- On voit de grands comédiens, apparemment entièrement possédés par leur rôle, et qui pourtant n'oublient pas un ins­ tant qu'ils sont sur les planches.

Ainsi, celui qui, venant en principe d'égorger sa mère, pousse du pied vers la coulisse la pendeloque d'une actrice qui était tombée sur la scène.

Ou telle actrice, en train d'apitoyer toute une salle en mou­ rant dans les bras d'un homme et qui prend le temps de dire à son partenaire : «Ah! Pilla que tu pues!» -Les grands acteurs peuvent jouer tous les rôles, et même, sans intervalle, passer du comique grossier au tra­ gique le plus sublime.

Tous ces arguments prouvent une même chose.

Le travail du comédien procède de l'étude.

Il est affaire de jugement et. »

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