Joachim DU BELLAY, Les Regrets, « Ce n'est le fleuve tusque au superbe rivage ».
Publié le 11/01/2020
Extrait du document

Joachim DU BELLAY, Les Regrets, « Ce n'est le fleuve tusque au superbe rivage ».
1. Ce n'est le fleuve tusque au superbe rivage,
2. Ce n'est l'air des Latins, ni le mont Palatin,
3. Qui ores, mon Ronsard, me fait parler latin,
4. Changeant à l'étranger mon naturel langage.
5. C'est l'ennui de me voir trois ans et davantage,
6. Ainsi qu'un Prométhée, cloué sur l'Aventin,
7. Où l'espoir misérable et mon cruel destin,
8. Non le joug amoureux, me détient en servage.
9. Eh quoi, Ronsard, eh quoi, si au bord étranger
10. Ovide osa sa langue en barbare changer
11. Afin d'être entendu, qui me pourra reprendre
12. D'un change plus heureux ? nul, puisque le français,
13. Quoiqu'au grec et romain égalé tu te sois,
14. Au rivage latin ne se peut faire entendre.

«
Rimes du type CCD, EED dans les tercets > sonnet italien ou marotique.
NB : les rimes EE ne riment
pas tout à fait.
Alternance respectée entre les rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et les rimes
masculines.
I- Les regrets de Du Bellay
A- Poète exilé en Italie
• Poème qui commence par l’anaphore de « Ce n’est » description par la négation.
Assonance en [a].
Cf.
« rivage ; Latins ; Palatin ; Ronsard ; parler latin ; à ; naturel langage ».
• Évocation de Rome (> Importance capitale dans la culture classique…).
Cf.
« superbe rivage » > connotation méliorative.
Cf.
« l'air des Latins » ; « mont Palatin » ; « parler latin » ; « Aventin »…
Mais ces références à Rome sont ici niées.
• Référence à Ronsard : poète et ami de Du Bellay.
NB : « me fait parler latin » > Du Bellay écrit en français, mais en Italie, parle de latin…
• Références biographiques.
Cf.
« me voir trois ans et davantage » > Du Bellay est à Rome (nostalgie
de l’exilé…).
Cf.
« cloué sur l'Aventin » > semble obligé d’y être… Aventin : colline de Rome > synecdoque, une
partie pour le tout.
• « Changeant à l'étranger mon naturel langage » > assonance en [an] avec « changeant ; étranger ;
langage ».
=> Le poète en exil doit parler une autre langue que la sienne.
B- L’amertume du poète
• C’est au vers 5, début du 2 equatrain que le poète donne l’explication.
Cf.
« Ce n’est » => « C’est ».
• Assonance en [in].
Cf.
« Ainsi ; l'Aventin ; destin »…
• Le poète de la Renaissance utilise des références à la culture classique.
Cf.
la comparaison « Ainsi
qu'un Prométhée ».
• Champ lexical de la contrariété.
Cf.
« l'ennui » ; « l'espoir misérable » ; « cruel destin » ;
« servage »…
• « Non le joug amoureux » > écarte une hypothèse.
Paradoxe entre « joug » qui suggère la servitude, connotation péjorative et « amoureux » qui suggère
le bonheur d’aimer.
« Joug amoureux » > cela aurait été une bonne raison, mais elle est écartée par le
« non ».
• « l'espoir misérable et mon cruel destin » : chiasme > nom adjectif / adjectif nom.
Adjectifs qui sont
très négatifs.
Sorte de fatalité malheureuse.
« Destin » est d’ailleurs à la rime avec « Aventin »..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- REGRETS (Les) Joachim Du Bellay. Résumé et analyse
- Les Regrets - Joachim du Bellay
- Les Regrets de Joachim du Bellay (analyse détaillée)
- REGRETS (les). Recueil poétique de joachim du Bellay (résumé & analyse)
- Regrets, les [Joachim Du Bellay] - Fiche de lecture.