JEAN-JACQUES ROUSSEAU ET le XVIIIe siècle
Publié le 05/05/2011
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Sortant du salon de Mme Dupin, il va retrouver Thérèse. Une crise mûrit en lui. Elle éclate en 1749 lorsqu'il prend connaissance de la question posée par l'Académie de Dijon : « Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les moeurs. « «A l'Instant de cette lecture,. dit-il, Je vis un autre univers et je devins un autre homme. « C'est là un phénomène dont on trouverait d'autres exemples chez Descartes et chez Pascal. Apparaît à la conscience de l'écrivain comme l'éclair d'une révélation, ce qui n'est que le résultat d'un obscur et long travail de conscience. Tous les vices de la société où il a pénétré lui apparaissent soudain : le caractère aristocratique d'une culture au service des classes dirigeantes, les raffinements d'une politesse mondaine qui estompe les individualités et consacre l'hypocrisie, la corruption et les débauches de l'aristocratie. Il décide de répondre « non « à la question, encouragé par Diderot. Peut-être y a-t-il chez lui le désir de soutenir l'opinion qui ne sera celle de personne, autant que la volonté d'exprimer son indignation.
«
pensions.
Toutefois un sourd travail se fait en lui.
Il a, dans sa jeunesse, connu la misère et la faim, il est hanté, etle sera jusqu'à la fin de sa vie, par la peur de manquer à nouveau.
Il lui faut arriver, et pour cela obtenir laprotection des riches.
Mais il a eu du mal à se faire à cette idée : le jeune Genevois protestant, lecteur dePlutarque, a été habitué très tôt à mépriser les grands seigneurs de la France papiste.
On sent à travers sespremières épîtres en vers ces troubles de conscience.
Grâce à sa culture, il est sorti du peuple, mais il se senttoujours solidaire de lui c'est sur la misère du peuple que s'enrichissent les financiers qu'il fréquente.
Cet homme vad'une classe à l'autre sans se fixer nulle part.Sortant du salon de Mme Dupin, il va retrouver Thérèse.
Une crise mûrit en lui.
Elle éclate en 1749 lorsqu'il prendconnaissance de la question posée par l'Académie de Dijon : « Si le rétablissement des sciences et des arts acontribué à épurer les moeurs.
»«A l'Instant de cette lecture,.
dit-il, Je vis un autre univers et je devins un autre homme.
»C'est là un phénomène dont on trouverait d'autres exemples chez Descartes et chez Pascal.
Apparaît à la conscience de l'écrivain comme l'éclair d'une révélation, ce qui n'est que lerésultat d'un obscur et long travail de conscience.
Tous les vices de lasociété où il a pénétré lui apparaissent soudain : le caractère aristocratiqued'une culture au service des classes dirigeantes, les raffinements d'unepolitesse mondaine qui estompe les individualités et consacre l'hypocrisie, lacorruption et les débauches de l'aristocratie.
Il décide de répondre « non » àla question, encouragé par Diderot.
Peut-être y a-t-il chez lui le désir desoutenir l'opinion qui ne sera celle de personne, autant que la volontéd'exprimer son indignation.Le résultat n'est pas un chef d'oeuvre à la hauteur de ce qui a suivi.
Mais telqu'il est, ce discours exprime déjà toute une conception du monde : il portesur la société aristocratique le jugement sévère d'un bourgeois.
MaisRousseau confond les traits aristocratiques de la culture avec la culture elle-même.
Il fait l'éloge des peuples simples et rustiques, voire barbares.
Ilreporte dans le passé son idéal de vertu civique, et il y a là le germe de sesfuturs désaccords avec les encyclopédistes.
Rousseau ne croit pas commeeux au progrès.
Il représente typiquement l'état d'esprit d'une petitebourgeoisie qui souffre durement du despotisme et voit en même temps lagrande bourgeoisie, dont un représentant typique est Voltaire, développer sesaffaires à son propre détriment.
Les rapports capitalistes qui vont sesubstituer aux rapports féodaux la vouent aussi bien à la ruine et au malheur,et elle reporte volontiers dans le passé ses rêves impuissants.Le Discours eut un retentissement énorme.
Ce qui frappa, ce fut l'accent passionné avec lequel la thèse étaitsoutenue.
Tout de suite, il fut « l'éloquent Rousseau ».
Les académiciens lui décernent le prix, et divers écrivains,depuis d'obscurs rhéteurs jusqu'au roi de Pologne, lui font l'honneur de le réfuter.
Il riposte, et dans le feu de ladiscussion sa pensée s'enrichit, son style acquiert plus de légèreté et de mordant.C'est à ce moment que se place une réforme morale, qui va commencer à inquiéter ses amis encyclopédistes.
Ayantcondamné le carriérisme de la plupart des gens de lettres, il tente de conformer sa vie à ses idées.
Il supprime leluxe dans sa mise et décide de vivre d'un métier manuel : il renonce à sa place de caissier de Francueil et seracopiste de musique.
S'il continue à écrire, ce sera pour dire aux hommes quelques vérités utiles, non pour en tirergloire et fortune.
On se moqua de ce qui fut pris pour une fantaisie passagère.
Puis on s'inquiéta d'une conduite quiapparaissait comme un blâme indirect des autres écrivains.
On soupçonna une ruse il semblait jouer le rôle dupaysan du Danube.
« Charlatan » c'est le mot qu'on commence à prononcer et que les philosophes lui lancerontsouvent.Tout n'est sans doute pas faux dans cette accusation.
Cet écrivain devenu subitement célèbre et qui faisaitprofession de censeur de la société mondaine, qui prétendait vivre en spartiate à l'écart des salons, eut un succèsconsidérable.
Les mondains redoublèrent de prévenances et d'assiduités, charmés de ses brusqueries.
Lui-mêmel'avait prévu.« Je Jugeai qu'un copiste de quelque célébrité dans les lettres ne manquerait vraisemblablement pas de travail.
»Il se met ainsi dans une situation fausse : censeur des grands et des riches, il ne peut, pour vivre, se passer d'eux.De là un malaise permanent qui le mènera jusqu'aux bords de la folie.Après le premier Discours, les chefs-d'oeuvre se succèdent rapidement.
Le contempteur des lettres fait jouer devantla cour, à Fontainebleau, avec un vif succès, Le Devin du village, opéra-comique sur un thème pastoral.
Il refuse àcette occasion une pension royale.
Il réussit beaucoup moins deux mois après, avec Narcisse, comédie jouée auThéâtre Français.
Après cet échec, il se détourne du théâtre.Il retrouve sa voie avec Le Discours sur l'inégalité (1755) .
L'Académie de Dijon a posé la question : «Quelle estl'origine de l'inégalité parmi les hommes, et si elle est autorisée par la loi naturelle ? » Rousseau saisit cette occasionde dégager un principe qui était implicite dans le premier Discours : tout le mal social résulte de l'inégalité desrichesses.
Sa réponse est un chef d'oeuvre de rigueur philosophique et d'éloquence.
Il y développe sa thèsemaîtresse : l'homme naturel était bon, heureux et libre, la société l'a plongé dans le malheur, les vices et laservitude.
La première partie peint le tableau utopique de la vie du sauvage solitaire dans la forêt primitive.
Utopiequi est bien de son siècle.
Marx voyait dans Robinson Crusoé le manuel typique de l'individualisme bourgeois.
Lesauvage est heureux dans et par la solitude.
Il est assez difficile de décider si Rousseau le considère comme unpersonnage réel, historique, ou simplement comme une hypothèse de travail, comme l'incarnation d'un idéalmythique.
Mais il fonde un droit : la nature a créé des hommes libres et égaux, ils ont le droit de l'être.
La secondepartie, où Engels voyait un chef d'oeuvre de la pensée dialectique au XVIII° siècle, retrace l'histoire dudéveloppement des sociétés humaines.
Tout le mal vient de l'apparition de la propriété privée de la terre, d'où sont.
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