Jean GIONO écrit que le cinéma et la télévision tendent "vers le même but que le livre: distraire, divertir" mais qu'ils le font "moins bien".

« Exemples « d'auteurs », c'est-à-dire de metteurs en scène.

Citons quelques contemporains seulement : Visconti, Costa Gavras, Jean-Luc Besson, Bertrand Blier et tant d'autres. Exemples d'écoles : le néo-réalisme italien, le cinéma soviétique d'après le Révolution, le film muet américain, le e thriller », etc. Exemples d'acteurs entrés dans l'histoire du cinéma : Marilyn Monroe, James Dean, Ava Gardner, Buster Keaton, Charles Vanel, • la contraction de texte Louis Jouvet et, parmi les contemporains, Gérard Depardieu, Isabelle Adjani, Fanny Ardant... Exemples de scenari témoignant d'une authentique création : Trop belle pour toi de Bertrand Blier (rupture de la temporalité, jeu avec les personnages, leur identité, leurs fantasmes), les films d'Alfred Hitchcock (Sueurs froides). Exemples de techniques témoignant que le cinéma crée ses modes d'expression : le flash back dans Citizen Kane d'Orson Welles, Le Messager de Joseph Losey ou Le jour se lève de Marcel Carné ; les trucages dans le vieux King Kong ou dans Les Visiteurs du soir également de Marcel Carné. Ce cinéma de haute qualité distrait et divertit « aussi bien » (avec la même demande intellectuelle) que le livre.

Lefilm de qualité demande une longue gestation au réalisateur (ce que nie Giono) et des capacités d'analyse auspectateur qui débordent largement le temps de la représentation.

On peut analyser un film comme un livre (lesplans, les intentions du cinéaste, le message, l'inscription dans l'oeuvre, dans l'histoire des idées...). B.

Peut-on faire la même analyse à propos de la télévision? Insuffisance culturelle de la télévision aujourd'hui. La télévision semble répondre à un besoin de distraction « facile » des téléspectateurs : c'est du moins cequ'indiquent les diktats de l'audimat. Pourtant la télévision pourrait et devrait être — à l'égal du livre de poche par exemple — un merveilleux outil devulgarisation culturelle, par exemple l'utilisation de la télévision dans le cadre scolaire ou des émissionsculturelles (littéraires, reportages...). C.

La citation de Giono repose sur plusieurs présupposés que l'on peut remettre en question. Le livre a-t-il toujours pour but de « distraire », de « divertir » (le roman, le théâtre dans la plupart des cas,mais il y a des contre-exemples et que dire des essais philosophiques, historiques, scientifiques ?). Le cinéma a-t-il également toujours ce but (cinéma engagé, militant) et la télévision (le reportage,l'information) ? • Quelle est la demande du public ? Giono parle d'un public, est-ce juste ? (Qui lit Tacite en livre de poche, qui préfère la télévision et quelles émissions sur le petit écran, qui va voir les films de Bergman et qui lit les collections Harlequin ?) Conclusion. L'émergence de nouveaux modes d'expression, tels que le cinéma et la télévision, alimente une longue Polémiqueentre les partisans du signe écrit, comme Giono, et ceux de l'image Selon Giono, cinéma et télévision en souhaitant« distraire et divertir » comme le livre vont à l'échec.

Certes, les qualités demandées au public sont différentes etles impressions que le lecteur ou le spectateur retire après avoir côtoyé l'oeuvre littéraire ou cinématographiquesont de nature diverse.

Pourtant on objectera à Giono que le cinéma a depuis longtemps conquis ses lettres denoblesse (plus que la télévision qui reste le parent pauvre culturel malgré quelques tentatives) et qu'un espritcultivé moderne doit dépasser l'opposition existant intrinsèquement entre ces modes d'expression pour en découvrirles richesses complémentaires.. »