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Jean Fourastié, Le grand espoir du XXe siècle. Commentaire

Publié le 05/10/2017

Extrait du document

Pensez un moment à ce qu'était la vie d’un homme antérieurement à notre ère de progrès technique. Le milieu dans lequel vivait l'homme mûr, le milieu dans l equel il mourait, était identique à celui dans lequel

il avait évolué dans sa jeunesse. Un père pouvait donner à son fils des règles générales de vie. On savait qu'il y avait des méthodes qui, depuis des centaines d'années étaient, sans conteste, les meilleures, pour faire tel travail, pour aboutir à tel résultat pratique, par consé quent aussi pour arriver à tels résultats intellectuels. Il y avait une tradition.
En période transitoire 1 la tradition conserve évidemment une place dans la vie sociale. Mais cette tradition est à tous moments sapée, ruinée, par le changement même des conditions de vie, de sorte que, très vite, l'homme en vient à douter de la valeur des méthodes tradi tionnelles; il découvre qu'il existe d'autres méthodes, révélées par la science, ignorées de la tradition; et il en vient à ne plus savoir où la tradition conserve sa valeur et où il est bon de lui substituer de nouveaux principes. Ainsi l'homme de 1950 ne peut distinguer avec précision ce qui était bon jadis et reste encore utile, de ce qui était bon jadis mais se trouve maintenant périmé.
L'humanité se trouve en quelque sorte dans la situation d'un obser vateur qui verrait passer successivement le long d'une rivière des bateaux très différents, à des vitesses très diverses et qui voudrait essayer de tirer de ses observations des règles générales. A tout moment la valeur de ces règles serait battue en brèche par les obser vations nouvelles qu'il ferait. Il en résulterait pour lui une impression de désarroi, d’inquiétude. Nous voyons apparaître une nouvelle civilisation, mais nous ne voyons pas encore ce qui est réellement bon pour l'homme dans cette civilisation, et donc sera conservé; et ce qui, au contraire, est nuisible, et que nos successeurs seront amenés à modifier, à abandonner, à répudier. Nous n'avons pas, pour tout dire, de règle de vie; nous faisons de l'empirisme 2, et nous ne pouvons guère faire autrement parce que, à tous moments, les facteurs qui conditionnent notre vie de tous les jours sont modifiés dans des proportions sensibles.
En d'autres termes, le déséquilibre de la période transitoire est caractérisé essentiellement par un décalage permanent entre une évolution économique trop rapide et l'évolution morale et intellec tuelle de l'humanité. Les conditions générales de la vie se modifiant à tout instant, l'homme voit les inconvénients de la philosophie ancienne, ses insuffisances, très souvent même ses erreurs. Mais l'instabilité est telle qu'elle n'a pas encore permis le lent travail de mûrissement d'une' nouvelle mentalité; nous n'avons plus les croyances anciennes, qui donnaient à la vie sociale de l'homme un équilibre relativement stable, et nous ne sommes pas encore en mesure de remplacer cestraditions, de remplacer ces règles morales, ces règles politiques et ces règles sociales traditionnelles, par des
1. C'est l'époque du monde dans laquelle nous vivons.
2. Empirisme : méthode ou système qui s'appuie exclusivement sur l'expérience de l'observation, et non sur une théorie.

1) Vous ferez d'abord, suivant votre préférence, soit un résumé soit une analyse de ce passage.

 

2) Puis vous choisirez dans ce texte une question à laquelle vous attachez un intérêt particulier, vous en préciserez les données et vous exposerez vos propres vues sur le problème que vous avez retenu.

Pas de gros problème de choix : la longueur et l’unité du texte vous suggèrent d’opter pour le résumé : vous serez attentifs au fait que la pensée de Fourastié pro cède essentiellement par juxtaposition d’idées plus que par enchaînement logique. Inutile donc d’avoir recours à des termes de liaison.

« il avait évolué dans sa jeu nesse.

Un père po uvait donner à son fils des règles générales de vie.

On savait qu'il y avait des méthodes qui, depuis des centaines d'an nées étaient, sans conteste, les meilleur es, pour faire tel trav ail, pour aboutir à tel résu ltat prati que, par con sé quen t aussi pour ar river à tels résultats intellec tuels.

Il y avait une trad ition.

En période tr ansitoire 1, la trad ition cons erve évidemm ent une place dans la vie sociale.

Mais cette tradition est à tous moments sapée, ruinée, par le changement même des condi tions de vie, de sor te qu e, très vite, l'homme en vient à dou ter de la valeu r des méthodes tradi tionnelle s ; il décou vre qu'il existe d'a utres méthodes, révélées par la science, ignorées de la traditi on; et il en vient à ne plus savoir où la tradition conserve sa valeur et où il est bon de lui substi tuer de nouveaux principes.

Ainsi l'homme de 1950 ne peut dis tinguer avec pr écision ce qui était bon jadis et reste encor e utile, de ce qui était bon jadis mais se trouve mai ntenant périmé.

L'humani té se tr ouve en quelque sorte dans la situa tion d'un obser vate ur qui verrait passer successivemen t le long d'une rivière des bateaux très différents, à des vitesses très diverses et qui voudr ait essayer de tirer de ses observa tions des règles génér ales.

A tout mom ent la valeu r de ces règles serait battue en brèche par les obs er va tions nouvelles qu'il ferait.

Il en résu lterait pour lui une impression de désarro i, d'inq uiétu de.

Nous voyons appar aître une nouvelle civ ilis ation, mais nous ne voyo ns pas encor e ce qui est réellemen t bon pour l'homme dans cette civilisati on, et donc sera conser vé; et ce qui, au contrair e, est nuisi ble, et que nos su ccesseurs seront ame nés à mod ifier , à abandon ner, à répudier .

Nous n'avo ns pas, pour tout dire, de règle de vie; nous faisons de l'empirisme 2, et nous ne pouvons guère faire autr ement parce que, à tous moments, les facte urs qui condi tionnent notre vie de tous les jour s sont modifiés dans des propor tions sensi bles.

En d'autr es termes, le déséquili bre de la période transit oire est caractérisé essentiellement par un décalage permanent entre une év olu tion économi que trop rapide et l'évolution morale et intel lec tuelle de l'hum anité.

Les condi tions générales de la vie se mod ifian t à tout instant, l'homme voit les inconvén ients de la philosophie ancie nne, ses insuffisances, très souvent même ses erreu rs.

Mais l'ins tabili té est telle qu'elle n'a pas encor e permis le lent travail de mû rissement d'une· nouvelle mentalité ; nous n'avo ns plus les croya nces anciennes, qui donnaient à la vie sociale de l'ho mme un équilibr e rela tivement stable, et nous ne sommes pas encor e en me sur e de rempl acer ces traditi ons, de remp lacer ces règles morales, ces règles politiques et ces règles sociales traditionnelles, par des 1.

C'est l'époque du monde dans laquelle nous vivons.

2.

Empirisme : méthode ou système qui s'app uie exclusivement sur l'expé­ rience de l1ob serva tion, et non sur une théorie.. »

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