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Jean de La Fontaine, « Les Obsèques de la lionne », Fables, VIII, 14 - Commentaire composé

Publié le 30/12/2019

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La fable est un genre pratiqué depuis l’Antiquité. Le terme désigne un récit dont on peut tirer une leçon, souvent accompagné d’une moralité (le petit passage où l’auteur intervient pour tirer explicitement la leçon). Ésope, qui composa ses fables au VIe siècle avant Jésus-Christ, est appelé le père de la fable. Les fables comportent donc une double dimension : elles distraient par un récit plaisant, et elles instruisent par le biais des leçons que l’on peut tirer du récit et de la moralité. La Fontaine, qui assure le succès du genre au xvne siècle, explique dans ses préfaces que son but est toujours de plaire et d’instruire. Il met souvent en scène les rapports des plus faibles et des puissants, comme dans cette fable du livre VIII de son recueil. Ainsi, « Les Obsèques de la Lionne » propose d’une part un récit (celui d’un Cerf accusé devant le Roi Lion et sa cour servile), d’autre part des commentaires du fabuliste qui insiste sur les leçons du récit. Nous verrons donc d’abord comment dans cette fable le récit propose une vision critique de la cour, puis nous observerons les interventions directes du fabuliste, et leur portée critique.

 

Observons dans un premier temps comment cette fable critique la cour à travers le récit que propose le fabuliste. Ceci est sensible dès le début de la fable, qui présente un événement initial (la mort de la Lionne) qui lance l’histoire. Qu’apprend-on par ce premier vers ? Il s’agit d’une fable, où les animaux sont personnifiés, dans le cadre d’un récit au passé (ici au passé simple : « la femme du Lion mourut »). De plus, on nous indique que le Lion sera au centre de l’histoire, puisque c’est la périphrase « la femme du Lion » et non le terme lionne qui est utilisé. Et nous savons que dans les fables, le Lion (avec une majuscule et mis en valeur par la diérèse dans l’octosyllabe) représente le roi des animaux. Les deux points indiquent que la suite de la fable va développer les conséquences de cette situation initiale. De fait, les deuxième et troisième vers donnent de nouvelles indications qui complètent la situation : nous voyons que face à ce

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qui permettent de répondre à la question

 

L’élève peut alors relever les éléments suivants au fil du texte :

 

- Dès le vers 5, le fabuliste intervient pour commenter le récit au présent de vérité générale.

 

- À partir du vers 17, le fabuliste interrompt une première fois son récit pour s’attarder sur un point qu’il a déjà mis en lumière : les gens à la cour se placent toujours sous le regard du maître. L’intervention du fabuliste se fait plus explicite, avec l’expression « je définis ».

 

- Les indices de l’énonciation le montrent : les indices de la personne (« je »), les indices de temps (« Je définis », présent d’énonciation), les indices des jugements (les gens « prêts à tout, à tout indifférents », les gens « sont de simples ressorts »). Le ton est donc beaucoup moins léger (dans la forme) que dans le récit : il ne s’agit plus d’amuser les hommes, mais de leur montrer ce qu’ils sont parfois. Il s’agit d’un constat (on le voit par le verbe définir) pessimiste sur les courtisans, fait au présent de vérité générale.

 

- La cour est un univers particulier (un « pays ») où tous sont sous le regard du prince (« sont ce qu’il plaît au prince »), soumis à ses désirs. Ils sont « tristes, gais » : le jeu des antithèses montre qu’ils peuvent passer d’un état à un autre pour plaire, donc « prêts à tout ». Ils sont « à tout indifférent » : ceci les rend insensibles à tout autre chose que le désir de plaire au prince. L’accumulation met bien en lumière les caractéristiques de ces gens, caractéristiques expliquées par la chute « sont ce qu’il plaît au prince ».

 

- Les courtisans perdent toute personnalité, comme le soulignent les métaphores « peuple caméléon, peuple singe du maître » (les deux expressions étant mises en valeur dans les deux hémistiches), et la comparaison (« On dirait qu’un esprit anime mille corps »). Les gens y perdent leur esprit, et ne sont plus que des mécaniques (« C’est bien là que les gens sont de simples ressorts »). Un autre thème intervient aussi, celui du paraître : « ou s’ils ne peuvent l’être,/ Tâchent au moins de le parêtre (avec l’orthographe du xviie siècle) » : toute sincérité s’abolit au contact du pouvoir.

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« Objets d'étude l'argumentation convaincre, persuader et délibérer.

TEXTES A- Michel de Montaigne," De l'institution des enfants "• Essais, Livre 1, chapitre 26 (1580).

B- Jean de La Fontaine," Les Obsèques de la lionne "• Fables, VIII, 14 (1678).

C - Voltaire, L'Ingénu, chapitre IX, (1767).

Texte A Montaigne, " De l'institution des enfants "• Essais, Livre 1, chapitre 26 (1580).

[Montaigne explique quel homme devrait devenir le jeune garçon élevé selon ses principes, et quel rapport au prince et aux puissants il devra entretenir.} Si son gouverneur' tient de mon humeur, il lui formera la volonté à être très loyal serviteur de son prince, et très affec­ tionné et très courageux ; mais il lui refroidira l'envie de s'y attacher autrement que par un devoir public.

Outre' plu- 5 sieurs autres inconvénients qui blessent notre franchise' par ces obligations particulières, le jugement d'un homme gagé' ou acheté, ou il est moins entier et moins libre, ou il est taché et d'imprudence et d'ingratitude.

Un courtisan ne peut avoir ni loi ni volonté de dire et 10 penser que favorablement d'un maître qui, parmi tant de milliers d'autres sujets, l'a choisi pour le nourrir et élever de sa main.

Cette faveur et utilité corrompent non sans quel­ que raison sa franchise, et l'éblouissent.

Pourtant' voit-on 1.

Gouverneur: celui qui éduque le jeune élève.

2.

Outre : en plus de.

3.

Franchise : qui gêne notre liberté.

4.

Gagé : à qui on donne des gages, une pension.

5.

Pourtant: pour cela (sens archaïque).

MÉTHODOLOGIE DU COMMENTAIRE 41. »

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