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« Je suis moi-même la matière de mon livre », a dit Montaigne. Quelle idée vous faites-vous de la personnalité de l'auteur des «Essais », non seulement d'après ses confi-dences directes, mais encore d'après la composition de son oeuvre et la qualité originale de son style ?

Publié le 29/03/2014

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I. MONTAIGNE PEINT PAR LUI-MÊME

 

Le portrait qu'il nous a légué de lui-même est aussi complet qu'on pourrait le souhaiter. Il nous décrit par le menu son aspect physique : sa taille, qui est petite, son visage qui est «non pas gros mais plein «, et même le timbre de sa voix. Parce qu'il a jugé bon de nous le dire, nous savons même qu'il était velu de la poitrine et des jambes et qu'il portait d'épaisses moustaches. Il nous renseigne sur son tempérament et sur son état de santé : il est vigoureux et résistant, capable d'accomplir sans fatigue de longues traites à cheval mais sujet au mal de mer. Il jouit d'une bonne denture et à cinquante-quatre ans est encore capable de lire sans utiliser de lunettes. Mais il souffre de la gravelle. Il nous renseigne sur l'heure de son lever et l'heure de son cou­cher, sur l'intérêt qu'il prend aux plaisirs de la table et sur ses mauvaises digestions ; nous connaissons même ses plats préférés et l'habitude qu'il prit avec l'âge de boire du vin.

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« MONTAIGNE 25 INTRODUCTION «Les Essais, écrivait Gustave Lanson, c'est Montaigne», et de fait peu d'œuvres littéraires nous entretiennent aussi complai­ samment de leur auteur.

Il ne nous laisse autant dire rien ignorer de son aspect physique, de ses habitudes de vie, de son caractère.

D'ailleurs, même s'il s'était montré avare de confidences sur lui-même, la manière dont il a composé son ouvrage et la qualité originale de son style suffiraient presque à nous renseigner sur ce qu'il est.

Sa personnalité vigoureuse est partout présente dans ses écrits.

1.

MONTAIGNE PEINT PAR LUI-MÊME Le portrait qu'il nous a légué de lui-même est aussi complet qu'on pourrait le souhaiter.

Il nous décrit par le menu son aspect physique : sa taille, qui est petite, son visage qui est «non pas gros mais plein», et même le timbre de sa voix.

Parce qu'il a jugé bon de nous le dire, nous savons même qu'il était velu de la poitrine et des jambes et qu'il portait d'épaisses moustaches.

Il nous renseigne sur son tempérament et sur son état de santé : il est vigoureux et résistant, capable d'accomplir sans fatigue de longues traites à cheval mais sujet au mal de mer.

Il jouit d'une bonne denture et à cinquante-quatre ans est encore capable de lire sans utiliser de lunettes.

Mais il souffre de la gravelle.

Il nous renseigne sur l'heure de son lever et l'heure de son cou­ cher, sur l'intérêt qu'il prend aux plaisirs de la table et sur ses mauvaises digestions ; nous connaissons même ses plats préférés et l'habitude qu'il prit avec l'âge de boire du vin.

Il nous dépeint aussi son caractère.

Il est d'humeur gaie, se plaît aux conversations vives entre amis et il est franc dans ses propos.

Il n'est point avare et, plutôt que de thésauriser en achetant des terres, il préfère dépenser son argent pour se donner du plaisir.

Loyal, il reste fidèle à ses engagements et c'est sans doute pour­ quoi il en prend le moins possible.

Homme de réflexion plutôt que d'action, il n'est jamais aussi heureux que dans sa« librairie», «lisant, réfléchissant et écrivant», mais il s'intéresse peu aux détails pratiques de l'existence : ce seigneur terrien ignore jusqu'au nom des instruments de culture et s'en remet à ses gens pour la marche de sa maison, quitte à se faire raisonnable­ ment gruger par eux.

Quant à l'éducation de sa fille, il la confie à sa femme et à la gouvernante et les laisse agir à leur guise, même quand il n'approuve pas les dispositions qu'elles prennent.

Il nous entretient enfin de ses qualités intellectuelles : il al 'esprit. »

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