«Je prétends vous laisser voir l'envers du décor, cela dût-il nuire à l'émotion, car ce n'est pas elle qui m'importe et que je cherche à obtenir : c'est à votre intelligence que je m'adresse. Je me propose, non de vous faire frémir ou pleurer, mais de vous faire réfléchir.» À partir de l'oeuvre que vous avez étudiée, vous jugerez si ce propos d'André Gide dans son journal peut s'appliquer au traitement du mythe antique par le théâtre du XXe siècle.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
Introduction
Aristote définissait la catharsis comme «une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d'une narration, et qui par l'entremise de la pitié et de la crainte, ressorts du pathétique, accomplit la purgation des moyens de ce genre». Gide oppose à cette notion de catharsis («vous faire frémir ou pleurer») l'idée d'un théâtre fondé sur une conscience critique du spectateur («vous faire réfléchir»). Nous verrons que les dramaturges contemporains ont traité le mythe en utilisant le ressort de l'émotion, mais que cela ne les a pas empêchés d'y associer des procédés de distanciation.
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