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« Je ne Fais pas de littérature [...] je fais du théâtre »

Publié le 18/01/2020

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« Je ne Fais pas de littérature [...] je fais du théâtre »

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A-Jean Racine, Phèdre, acte V scène 6, 1677.

B - Jean Cocteau, La Machine infernale, acte II, 1934.

C - Eugène Ionesco, Rhinocéros, acte II, tableau II, 1959.

D - Eugène Ionesco, Notes et contre-notes, 1966.

►Vous répondrez d’abord à la question suivante.

Question (4 points)

À la lumière du texte D, vous comparerez les moyens utilisés dans les textes A, B et C pour faire vivre au spectateur la confrontation du héros avec un être monstrueux.

►Vous traiterez ensuite un de ces sujets au choix.

Commentaire (16 points)

Vous commenterez le texte de Cocteau (texte B).

Dissertation (16 points)

« Je ne fais pas de littérature. Je fais une chose tout à fait différente ; je fais du théâtre. » écrit Ionesco dans Notes et contre-notes.

Dans quelle mesure le théâtre vous semble-t-il « une chose tout à fait différente » de la littérature ?

Vous répondrez à cette question en un développement composé, prenant appui sur les textes du corpus et sur ceux que vous avez lus et étudiés. 

■ Écriture d’invention (16 points)

Vous êtes metteur en scène. Pour répondre à Ionesco, vous envoyez à un grand quotidien un article dans lequel vous défendez le droit des metteurs en scène à interpréter les pièces comme ils les ressentent et à prendre certaines libertés avec les indications scéniques s’ils le jugent nécessaire.

• Ici, vous pouvez partir de la « définition » suivante :

Tirade théâtrale (genre), tentative de séduction (argumentative) (type) qui décrit (type) les pouvoirs du sphinx (thème), personnage repris de la mythologie (réécriture) épique, lyrique, dramatique et fantastique (registres), pour démontrer le pouvoir de la parole.

Le monologue, la tirade et l’aparté

Le monologue est un discours prononcé par un personnage qui est ou se croit seul.

Spécificité du monologue : au théâtre, l’une des conventions veut que les personnages sur scène ignorent le spectateur laissé dans l’ombre, totalement séparé de la scène et de ce qui s’y passe. Le monologue peut rompre avec cette convention, car le personnage peut s’adresser au public. En tout cas, les seuls auditeurs d’un monologue sont le public et parfois un personnage caché (le personnage qui monologue n'est pas au courant de la présence de celui-ci).

La tirade est une longue réplique qu’un personnage dit d’un trait à un autre personnage. La tirade ne rompt pas avec la convention théâtrale mentionnée ci-dessus.

L’aparté est une brève réplique ou un mot qu’un personnage se dit à lui-même, en présence d’autres personnages, il est adressé aux seuls spectateurs. Il dévoile souvent des sentiments secrets, informe le spectateur et crée une complicité du personnage avec le public. Il peut provoquer le comique.

La « définition » du texte vous fournit de nombreuses pistes à exploiter.

Exemples de pistes possibles : la théâtralité de la tirade/un sphinx metteur en scène (1) : les moyens de séduction du sphinx (2) ; une réécriture moderne d’un mythe antique (3) ; le mélange des registres de la tirade (4) ; un sphinx poète (5) ; le pouvoir et la magie des mots (6).

Pour équilibrer le devoir, nous avons choisi de grouper la piste (3) et en partie la piste (4), les pistes (1) et (2), et en partie la piste (4), puis les pistes (5) et (6).

Première piste

- Cherchez les éléments repris du mythe d’Œdipe, relevez les mots qui lui sont directement empruntés.

-Cherchez ensuite les références plus allusives, les réalités de la vie antique mentionnées.

[1.1.2. Le théâtre se lit et s’analyse]

Dans la pratique, le texte théâtral est souvent réduit à sa seule réalité littéraire. On lit une pièce à la manière d’un roman : sa lecture peut satisfaire la curiosité, on suit le parcours des personnages, à la destinée desquels on s’attache, on est intéressé par « l’histoire ». Ainsi, Musset publie Un spectacle dans un fauteuil, puis Comédies et Proverbes, ensemble de pièces écrites pour la lecture seule et adressées, selon leur auteur, à l’imagination et au rêve. Il qualifie lui-même sa pièce La Coupe et les Lèvres de « poème dramatique », et souligne par là les rapports que peuvent entretenir théâtre et poésie.

Dans les classes, pendant longtemps, et encore maintenant - on peut le regretter - « étudier » Phèdre c’était en analyser la structure, la psychologie des personnages, l’expression des sentiments, la beauté des vers, mais tout cela en présence du texte uniquement.

[1.2. Le théâtre remplit les fonctions habituellement assignées à la littérature]

Au-delà de cet aspect purement « narratif », le théâtre remplit les fonctions, très diverses, d’ordinaire attribuées à la littérature.

[1.2.1. Fonction poétique de divertissement]

Très simplement, le théâtre remplit la fonction de divertissement qu’on accorde à la littérature : le théâtre comique, depuis les farces, les premières pièces de Molière (Le Médecin malgré lui, Le Médecin volant), jusqu’aux comédies de Courteline, qui mettent en scène l’humanité ordinaire et ses types caricaturaux - employés de bureau, gens de justice... - ou de Feydeau, avec leurs surprises, quiproquos, rebondissements, distrait et amuse, provoque le rire.

[1.2.2. Fonction poétique]

Mais le théâtre dépasse ce simple rôle d’amuseur public : il peut en effet être poétique. Dans Le Soulier de satin, Claudel entend donner une synthèse de la destinée totale de l’homme et rendre compte du monde dans toute sa dimension, avec des accents poétiques et lyriques qui font de sa pièce une véritable « ode ». Dans un tout autre registre, le lyrisme de certains passages du Roi se meurt de Ionesco confine à la poésie : pour rendre compte de la difficulté à mourir pour tout homme, voici les litanies, «dites et jouées comme un rituel [...], presque chantées» par lesquelles répond tout l’entourage du roi qui supplie : « Et vous, qui étiez forts et courageux [...] apprenez-moi l’indifférence, apprenez-moi la sérénité, apprenez-moi la résignation » : « Vous les statues, vous les lumineux, ou les ténébreux, vous les anciens, vous les ombres, vous les souvenirs... / Apprenez-lui la sérénité ».

« SUJET • Écriture d'invention (16 points) Vous êtes metteur en scène.

Pour répondre à Ionesco, vous envoyez à un grand quotidien un article dans lequel vous défendez le droit des metteurs en scène à interpréter les pièces comme ils les ressentent et à prendre certaines libertés avec les indications scéniques s'ils le jugent nécessaire.

•·1.!ijil ..

folQ Thésée a demandé à Neptune, dieu de la mer, de le venger car il croit, à tort, que son fils Hippolyte, né de son premier mariage, a tenté de séduire Phèdre, sa deuxième épouse.

Théramène, précepteur d'Hippolyte, raconte à Thésée les circonstances de la mort de son fils, survenue alors que celui-ci partait en exil.

THÉRAMÈNE [ ...

] Un effroyable cri, sorti du fond des flots, Des airs en ce moment a troublé le repos ; Et du sein de la terre une voix formidable Répond en gémissant à ce cri redoutable.

5 Jusqu'au fond de nos cœurs notre sang s'est glacé; Des coursiers attentifs le crin s'est hérissé.

Cependant, sur le dos de la plaine liquide, S'élève à gros bouillons une montagne humide ; L'onde approche, se brise, et vomit à nos yeux, 10 Parmi des flots d'écume, un monstre furieux.

Son front large est armé de cornes menaçantes ; Tout son corps est couvert d'écailles jaunissantes ; Indomptable taureau, dragon impétueux, Sa croupe se recourbe en replis tortueux.

15 Ses longs mugissements font trembler le rivage.

Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage, La terre s'en émeut, l'air en est infecté ; Le flot qui l'apporta recule épouvanté.

Tout fuit; et sans s'armer d'un courage inutile, 20 Dans le temple voisin chacun cherche un asile.

Hippolyte lui seul, digne fils d'un héros, "'"'""'' ""'" '''"""""'" .

'""' • 178 ~. »

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