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«J'attache personnellement un grand prix à la tradition humaniste. » Que penser de cette affirmation de Bettelheim ?

Publié le 12/02/2011

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• Tradition humaniste appuyée sur l'étude des langues anciennes.    • Ce que l'on nomme les Humanités.    • Même famille que «humain« - «humaniser« - «humaniste«. Racine : mot latin «humus = terre« car l'homme est terrestre; le dieu, lui, est rattaché au domaine céleste.    • Pour un humaniste, l'homme est au centre de l'explication du monde de l'homme. Aussi l'étude de l'homme est-elle le centre de sa culture. Les grands penseurs grecs, particulièrement Platon, représentant Socrate, s'y consacrent.    • Les Romains faisant du grec la base de la connaissance de tout homme cultivé, un humaniste s'appuie d'abord sur la connaissance du latin, des langues anciennes.    • L'éducateur moderne peut-il suivre la même optique?     

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« — «Il est utile, avant tout, de traduire du grec en latin et du latin en grec» écrivait Pline le Jeune; «on acquiertainsi la propriété et l'éclat du vocabulaire, l'abondance des figures, la vigueur du développement». — Il est certain que notre langue étant d'origine latine (et accessoirement grecque), l'enrichissement duvocabulaire, la rigueur de son emploi, le retour au terme «authentique» — sa redécouverte — comme le réclamait Gide, sont spécialement obtenus au contact du latin, qui d'autre partapporte une certaine logique à l'esprit à cause des structures de sa syntaxe. • Autre vision utilitaire : la compréhension de nos grands écrivains s'avère plus facile au jeune latiniste qu'à l'élèvesuivant une filière moderne; de Molière à Claudel, de Montesquieu à Giraudoux, de Corneille ou Racine à Cocteau,tant de nos plus célèbres auteurs ont utilisé la littérature gréco-romaine, ou l'ont transposée en leurs ouvrages ! • La connaissance même des grands symboles de la mythologie, le sens profond des mystères montrent à quel pointles Anciens ont prévu nos grandes découvertes modernes (légende de Dédale par ex., mythe d'Orphée...). • Mais la culture n'est pas seulement vision d'utilité immédiate.

Là est l'apport essentiel de l'étude des languesanciennes à la formation de l'esprit. • Déjà Diderot revenait sur ses affirmations premières, en écrivant dans son Plan d'une université pour legouvernement de Russie (1775) : «Je croirai difficilement qu'on puisse se passer de la connaissance des Anciens.Cettelittérature a une consistance, un attrait, une énergie qui feront le charme des grandes têtes.

» • Leçon de sagesse, à laquelle il est toujours bon de revenir, les langues anciennes nous rappellent : «Je suishomme et rien de ce qui est humain n'est étranger» (Térence). • Moyen d'acquérir aussi la culture générale, celle qui fait un homme au sens plein du mot. • Il faut apprendre à raisonner, à juger par soi-même, pas seulement acquérir des connaissances et desspécialisations. • Certes la formation scientifique enrichit l'esprit du savoir nécessaire à l'homme moderne, mais permet-elle le reculnécessaire pour le dominer? • « L'étude des grandes découvertes et du progrès humain nous met en présence d'êtres exceptionnels, decirconstances rares, d'un cheminement...

de la pensée; elle ne peut nous révéler ce qu'il y a de permanent etd'invariable dans la nature humaine.

» P.

Montel. • Et ce mathématicien prône les études dites classiques : grandes œuvres anciennes et modernes, littérature, art,histoire, philosophie. • Car quelle que soit la méthode employée, «la nécessité d'un humanisme paraît s'imposer partout» (idem). • Évoquons le jeune A.

France, enchanté par l'étude d'Homère, voyant se dresser dans les pages de son livre labelle figure d'Andromaque lors de ses adieux à Hector, ou frémissant de douleur avec les armées romaines vaincuesà Cannes, lorsqu'il traduisait Tite-Live (Le livre de mon Ami). • Une émotion artistique pure, le sentiment de rejoindre à travers les siècles des figures immortelles, le frémissementesthétique ressenti devant la beauté du tableau de la jeune Nausicaa recueillant le naufragé Ulysse (Odyssée) sontabsolument bénéfiques; et non seulement par leur apport culturel, mais aussi par leur apport moral, celui quiconsiste à savoir se consacrer à l'étude pour l'étude, pas seulement pour les coefficients de réussite qui s'yrattachent.

• Enfin la culture rapproche les hommes.

Goûter les mêmes joies gratuites de l'esprit crée une fraternisation.

Voirdans Le Silence de la mer (Vercors) où les deux héros représentent une même famille de culture donc d'amour,malgré la haine établie alors entre leurs peuples ennemis. Conclusion • Ainsi comme la spécialisation sépare les individus, au contraire «la culture rapproche les générations les plusrécentes des générations les plus anciennement cultivées» (Augué). • Sans doute est-ce une des premières raisons pour continuer à réclamer le maintien de l'enseignement du latin etdu grec. • De telles disciplines, «tout en n'étant pas pratiques, offrent à l'esprit humain de vastes perspectives à son. »

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