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JAPRISOT Sébastien : sa vie et son oeuvre

Publié le 30/12/2018

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JAPRISOT Sébastien, pseudonyme de Jean-Baptiste Rossi (né en 1931). Né à Marseille, J.-B. Rossi n’a que dix-sept ans lorsqu’il publie les Mal partis en 1948 : c’est dire sa précocité! Son expérience de la publicité où, écrit-il, « ce qui compte, c’est d’en mettre un coup dans l’imagination », semble lui servir en littérature : il s’applique à frapper l’esprit du lecteur par son choix de l’intrigue policière et par un renversement, au profit d’une écriture personnelle, de toutes les conventions du genre.

 

« Une affaire d’assassinat, c’est un assassin, une victime et des témoins », pense le commissaire de Compartiment tueurs (1962). Il suffit de multiplier les cadavres en supprimant les témoins, de donner de l’importance à ce qui pourrait n'en pas avoir pour que toute cette logique soit en défaut. Ni l’enquêteur, ni le mobile, ni le coupable ne sont ce qu’ils devraient être dans la tradition des règles de Van Dine (1928) : inattendu, non spectaculaire; une seule évidence, choses et individus changent sans cesse, dans le jeu des voix entremêlées. Ce déplacement sans limites s’illustre mieux encore dans Piège pour Cendrillon (1962), récit à la première personne d’une jeune amnésique qui enquête sur

« son passé, et où Je lecteur non plus n'échappe pas au piège du roman : la conclusion à la troisième personne Je renvoie à un questionnement infini, au mépris de toute clôture sécu­ risante; car une double lecture est possible, sans qu'aucun indice textuel ne puisse infirmer J'une ou J'autre.

Dans Un long dimanche de fian çailles ( 1991) Mathilde, fiancée à un soldat mutin fusillé en 1917.

refuse de se résigner et enquête sur sa mort, tentant vainement de remonter Je temps.

Dans ces romans policiers qui n'en sont pas, l'insolite définit Je comportement des acteurs principaux, dont « les millions de gestes imprévisibles » menacent Je sens et J'or­ dre d'un monde adulte; c'est qu'ils sont très proches de 1 'enfance encore : témoins, leur goût des noms propres métaphoriques (Bambi, Miss Quatre-Œil, Pin-Pon), le.s contes qu'ils s'inventent pour tromper solitude et insécurité, leur évolution dans un temps intérieur dilaté, sans réalité ob jective.

«Le Temps est un personnage)) ' rappelle-t-on dans la Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil (1966); personnàge essentiel même, qu'il faut gagner à sa cause, apprivoiser ou réapprendre, au _risque de le contra­ rier: Éliane a vraiment neuf ans (l'Eté meurtrier, 1977) comme le chapelier d'Alice au pays des merveilles vit à 1' heure du thé.

Comme Alice, les jeunes héros de Japrisot sont en quête d'une identité, d'une existence consistante; essentiellement doubles puisque à la fois enfants et adultes, forts de cette oscillation de leur être, ils sortent gagnants de leurs épreu­ ves mais pas comme on aurait pu le prévoir.

La structure du roman policier superposant une double temporalité, un double récit -et même bien davantage dans la Passion des femmes ( 1986) où huit voix féminines brouillent au fil de la lecture l'identité du héros et la factualité des événe­ ments, avant que l'apparition du narrateur (l'auteur?) aux ultimes lignes ne dévoile la mécanique du texte -leur fournit un cadre à leur ambivalence, qui est aussi celle de l'auteur : écrire, n'a de sens que pour « consoler celui qui en nous n'a pas grandi, qui ne grandira jamais, qui n'arrête pas d'appeler au secours)>.

[Voir aussi ROMAN POLICIER].

B.

SIOT e1 O.

COUTY. »

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