J'ai un amant - Madame Bovary de Flaubert
Publié le 28/01/2013
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II, IX, « J'ai un amant « de la page 229 à la page 230 Emma vient donc d'avoir la révélation du plaisir que Charles ne lui avait pas fait connaître. Elle s'enferme dans sa chambre pour revivre l'évènement et se livrer à un examen de conscience, ce qui est une étape important du roman, car après s'être abandonnée défaillante et presque inconsciente dans les bras de son séducteur elle choisit de savourer son plaisir et d'accepter son adultère. Ce passage fut cité par le procureur impérial lors du procès fait à Flaubert pour offense à la morale publique. Est-ce Emma ou le narrateur qui exalte l'adultère et offense la morale publique ? I. Une scène qui fait progresser l'action : 1) Une scène délimitée : La première borne est spatiale, c'est l'isolement d'Emma qui se débarrasse de son mari pour revivre son après-midi. La deuxième borne est temporelle : une courte ellipse fait disparaître Charles et une analepse la replace directement dans les bras de Rodolphe. Le récit du second rendez-vous le lendemain prend la forme d'un sommaire et non d'une scène. Cette accélération du récit fait transparaître la ...
«
l'ironie (L16-19), des métaphores (L12), la substitution du vocabulaire du corps, des sensations et
de la pensé à celui des sentiments.
Tout cela montre le point de vu critique, d'ailleurs explicité dans
la dernière phrase qui montre toute l'immoralité d'Emma, dans lequel le discours du narrateur est
celui d'un moraliste qui met à nu les mécanismes du Bovarisme.
2) Analyste du Bovarisme :
Chez Emma, l'amour n'est pas spontané mais d'abord rencontré (en la personne d'un
séducteur cynique), puis elle le subit (c'est la « baisade ») et enfin seulement il est accepté puis
magnifié et revendiqué.
La réalité sordide est reconstruite, par Emma, conformément à des modèles
romanesques.
Le texte permet de reconstituer des sophismes (raisonnement fallacieux) :
- Les belles héroïnes des livres ont un amant, j'ai un amant, donc je suis une belle héroïne de roman.
- Dans les romans toutes les héroïnes souffrent avant de trouver le bonheur, j'ai souffert, donc ce
que je vis est le bonheur.
La transfiguration ne s'opère que dans son esprit, Emma a vécut l'expérience du plaisir
spontané, qu'elle amplifie dans sa rêverie et le transforme en simulacre d'amour, le justifiant en le
présentant comme un du.
Le narrateur ne semble adhérer aux considérations d'Emma que sur un
seul point : elle a gagné en beauté (confirmé page 262).
« N'avait-t-elle pas assez souffert ? » peut être mis en parallèle avec L'éducation
sentimentale de Flaubert (ligne 31 et 32).
L'énoncé ambivalent et la tournure interronégative
présentent, sur le mode de l'évidence, une idée discutable voir irrecevable.
Plus le récit se fait
impersonnel et plus il est difficile d'interpréter.
Ce sont des caractéristiques essentielles de l'écriture de Faublert, qui tiennent au problème
du rapport que le narrateur analytique entretient avec son personnage.
Le discours indirecte libre
efface les frontières en le discours des personnages et le discours du narrateur, permettant ainsi au
narrateur de présenter les pensés de ses personnages de manière ambivalente : il ne semble y
adhérer que pour les critiquer de l'intérieur.
III.
La réception du texte en 1857 :
D'après Jauss (dans le paragraphe un), le procureur fait une description objective, impliquant
donc le jugement du narrateur et s'échauffe sur la glorification de l'adultère.
Mais si on lit le réquisitoire on se rend compte que le procureur est un bon lecteur et qu'il n'a
pas attribué au narrateur les pensées du personnage.
Sur ce point Jauss déforme les faits.
Ce qu'il
reproche à Flaubert c'est de ne pas avoir condamné explicitement le personnage et de peindre le
vice sous des couleurs séduisantes.
Le défenseur de Flaubert a eu beau jeu de montrer que les accusations ne se fondaient que
sur une lecture partielle du texte en ignorant délibérément de nombreux passages montrant l'échec
d'Emma et qu'une lecture n'est acceptable que si elle prend en compte tout le texte..
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