Jacques Prévert, Grand Bal du Printemps. Commentaire
Publié le 05/10/2017
Extrait du document
Exilé des vacances
dans sa zone perdue
Il découvre la mer
que jamais il n'a vue
La caravane vers l'ouest
la caravane vers l'est et vers la Croix du Sud
et vers l'Étoile d u Nord
ont laissé là pour lui
de vieux wagons couverts de rêves et de poussière
Voyageur clandestin enfantin ébloui il a poussé la porte du Palais des Mirages
et dans les décombres familiers de son paysage
d'ombres inhospitalières
il poursuit en souriant son prodigieux voyage et traverse en chantant un grand désert ardent
Algues du terrain vague caressez le doucement.
Jacques Prévert, Grand Bal du Printemps.
Introduction : il est diverses manières de chanter la misère : avec l'accent épique d'un Hugo ou la verve satirique d'un Barbier (Les Iambes) . Prévert lui a choisi la veine du quotidien, m:tis d'un quotidien que le regard de 1 'enfant métamorphose en merveilleux.
1. Le réel.
Qui dit poésie du quotidien, dit poésie de la réalité. Celle-ci est en effet constamment présente dans les vers libres de l'évoca tion de ce voyage immobile.
Le réel c'est d'abord le décor « familier >> (vers 1 2) de la zone
«
()-wPoète
populaire, Jacques Prévert ne possède pas véri
tablement d'univers propre : sa poésie étend son
domaine à tout ce qui est pour en faire avec malice et ten
dresse un monde de rêve.
e Pas de gros problème : le texte est clair et dévoile pro
gressivement ses deux centres d'intérêt : 1 'enfant (vers
1 0) et le terrain vague (vers 17).
Le narrateur est ici exté
rieur aux évènements (d'où l'emploi normal de la troisi ème
personne), mais fait sienne la vision de 1 'enfant : d' où
l' ultim e métamorphose des > ce sont tous les déchets qui jonchent le sol impli
citement comparé à une plage) qui est tout à la fois le résul
tat logique de la rêverie de 1 'enfant et 1 'expression de la fra
ternité du poète qui fait siens les songes enfantins.
PLAN SUGGÉRÉ
Introducti on: il est diverses manières de chanter la mis ère : avec
l' accent épique d'un Hugo ou la verve satirique d'un Barbier
(L es Iambes ).
Prévert lui a choisi la veine du quotidien, m:tis d'un
quotidien que le regard de 1 'enfant métamorphose en mervei lleux.
1.
Le réel.
Qui dit poésie du quotidien, dit poésie de la réalité.
Celle-ci
est en effet constamment présente dans les vers libres de l'évoca
tion de ce voyage immobile.
a) Le réel c'est d'abord le décor « fam ilier >> (vers 12) de la
zone (terme qui sert à qualifi er les terrains vagues qui cernent les
grandes villes et spécialement Paris), un décor sans âme ((( inhos
pitalier )), vers 13) dans lequel ! 'enf ant est englué à jamais (relever
1 'emploi du possessif : « son paysage )), vers 12);
b) le réel c'est donc avant tout une constatation sociologique :
1 'enf ant de la zone est un> qui n'a pour toute
plage que le sable du terrain vague et pour seul océan les flaques
du bidonvi lle;
c) c'est enfin la marque de la diff érence : face à l'enfant misé
reux se dressent les autres (ici représentés par métonymie grâce
aux > abandonnés pour avoir trop servi) qui font de lui
un dérisoire « clandestin n (vers 10).
Face à cette situation, deux attitudes possibles : la révolte ou le
rêve.
C'est cette seconde fuite qu'adopte 1 'enfant de Préver t..
»
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