J'ACCUSE d'Émile Zola

J'ACCUSE, lettre ouverte d'Émile Zola parue dans TAurore le 13 janvier 1898. C'est Georges Clemenceau, purgeant sa disgrâce comme rédacteur à l'Aurore, qui eut l'idée de « surtitrer » ainsi la Lettre à M. Félix Faure, président de la République. Zola s'était décidé à rédiger cet acte d'accusation en réponse à l'acquittement, « par ordre », de celui qu'on commençait à soupçonner coupable des fuites reprochées au capitaine Dreyfus. L'auteur a derrière lui une longue carrière de journaliste professionnel et, libéré en 1893 du travail harassant des Rougon-Macquart, il trouve dans l'affaire Dreyfus, cet « effroyable déni de justice dont la France est malade », une occasion d'agir généreusement en usant d'une arme qu'il possède à fond. Depuis novembre 1897, Zola avait déjà donné trois articles au Figaro et publié deux plaquettes consacrées à l'Affaire. Et c'est à la colère que lui inspiraient les menées de l'état-major, la passion cléricale, l'antisémitisme et le rôle de la presse infâme qu'il dut l'énergie sans fioritures de ce qui reste un monument de la littérature polémique et l'événement fédérateur d'un « parti intellectuel » jusque-là informe.