J.-J. Rousseau défendait de faire apprendre aux enfants les Fables de La Fontaine. Que pensez-vous des arguments sur lesquels il appuie son interdiction ?
Publié le 10/02/2012
Extrait du document
Jean-Jacques Rousseau passa une grande partie de sa vie à écrire des
livres et, par une contradiction singulière, il condamna l'éducation par
les livres. A seize ans, Emile n'aura lu que Robinson Crusoë; il devra ignorer
ce que nous avons tous àppris dès nos premières années : les Fables de
La Fontaine. Jean-Jacques dresse contre le Bonhomme un réquisitoire en
règle et, arrivé à la péroraison, il résume ainsi ses accusations : « Il n'est
pas bon que l'enfant apprenne des choses dont il ne comprendra pas le
quart. « ... Il est à craindre que l'enfant, « au lieu de se corriger sur la dupe,
ne se forme sur le fripon «. Il invoque donc deux sortes de raisons : les
unes intellectuelles, les autrès morales, pour bannir les Fables. Examinons-les
tour à tour et déterminons-en la valeur.
«
de Jean-Jacques.
Selon lui, il est impossible de faire comprendre aux enfants la, différence entre la prose.' et.
lii!s, vers, parcEJ> ~ue les VePS renfel"' ment des inversions.
Mais lfent!ant neest pas ...
embarrasse, pour si peu!' Soœ vent l'inversion est une forme plus naturelle de la pensée que l'ordre logique rigoureux.
Elle gêne moins l'enfant, q~ n'a pas encore da.gs la mémoire.
d'es fiwmes stéréotypées, que· nous, qui en somme·s farcis .
.Aussi l"exempre choisi par Rousseau n'a-t-il aucune portée.
Il ne sera pas nécessaire au maître d'expliquer à son élève que «sur un arbre perché» signifie : « per ché sur un arbre ».
Ce Suisse a l'esprit lourd et s'embarrasse de bien peu de cb.os.e! Si nous en croyions encore nQtre logicien, certains mots, certains a.r chalsmes, certaines invraisemblances dérouteraient, fausseraient presque l'intelligence de l'enfant.
Il faudra expliquer - et i1" représente cela comme une entreprise ardue - les expressions : Maitre corbeau, Maître renard, les hôtes de ces bois; les mots : répondait, Phénix, etc...
Le mot : alléché lui semble vieilli en 1762·; il ne !lest pl,us en' 19r3:5 - grâee· peut-être à La Fontaine appcris.
de bonne heure pu tous les petits.
Fuançaw; - Et puis,.
a,.t-on, jamais vu an covheam,: tenir u.n fromage· em s.0;n bee'! Le critiqu~ puéril! ne CEl•l!l>Daissait sans: douf!e que le gruyère!: ...
Et 1esc reruwds' pemvent-iJ1s; parler aux corbeaux.'? Encore une fois,.
l'enfant ne· s'arrête· pas à ces diffi cultés de détail; sfil ne saisit pas toutes, les nuances,, il comprend~ l'ensemble, ce qui suffit à satisfaire son espl'it..
Quant :i!Jl!liX im:vraisembl'ances, :i.t Iresc trouve de son goût; il adore les.
centes où dominE!' l"imaginall!'.i.orn.
Elargissant la question, nous répondrons à Ronsseatl!: « Qu.ei que· l'en enseigne aux enfants, on ne peut tout leur expliquer.
Ce qu'ils comprennent à demi aujourd'hui, ils le saisiront plus tard.
Si l'on poussait vos principes pédagogiques jusqu'à leurs dernières conséquences, il ne faudrait jamais rien apprendre, puisque, éternels enfants en présence de la Vérité totale, nous n'en découvrirons jamais que des lueurs ejj, sel'On }.e mot de Pascal, nous ne saurons jamais « lie tout de rien ».
Gardez V@S :paradoxes.
subver sifs; pour nous, avec le Bonhomme, nous continuerons à croire que «le savoiF », même imparfait, « a son prix »' .
..
..
Les raisons morales invoquées par Rousseau n'ont guère plus de valeur ..
Ici encore, on peut.
ramener à deux.
les arguments de notre idéologue et il
suffira,.
poltl'· les rétorq:~11er, de donaer la paroJe aux.
faits, à l'expérience.
1" Les Fables.
ne sauraient être « la morale des eaif:i!Jllts· », cail' « l'apo Lo.guce, en les amusant.
les abuse; séd.mts par le mei\lilionge,.
iilis: Jm;.ssent échapper la véuité ».
Les Fa!ôlesc peuuen>t illfstPixire les: /Jt;(J)mmes;.
mais iil faut dire .la vérité nue aux enfants ..
Rel~tvons.
d'ahOt'd une· contr.adilction oons ce raisonaement.
J:ean-Jac~s re.connaît.
»
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