Invention : Imaginez un monologue dans lequel un personnage prépare la déclaration d'amour mensongère qu'il s'apprête à faire à un autre. Il en juge, au fur et à mesure, la qualité et en prévoit les effets. Vous n'oublierez pas de donner au fil du texte, les indications de mise en scène que vous jugez nécessaires.
Publié le 25/06/2012
Extrait du document
La scène se déroule dans une chambre à coucher contigüe au salon dans une villa provençale. Une odeur de fleurs sauvages règne dans la pièce. La lumière tamisée par de lourds rideaux laisse deviner une gracieuse silhouette en contrejour. La jeune femme, Madeleine de Morestel, est perdue dans la contemplation du portrait de son amant Arthur. Elle porte une légère robe d’un rouge intense, qui la fait ressortir dans cette pièce couverte de teintures roses délicates. Un lit à baldaquin encombre le milieu de la salle ; adjacent à la fenêtre, un bureau de chêne supportant un nécessaire à écrire occupe un pan de mur. Le pupitre est orné d’un bouquet de vipérines violacées. Un miroir est placé de l'autre côté.
«
Regarde longuement la phrase qu'elle vient d'écrire avant de supprimer la dernière partie.
Il ne
faut pas que je me répète trop, je dois corriger cette fin de phrase.
Quel temps dois-je prendre
pour cet infâme prince, mais je dois faire ça po ur Arthur, rien que pour lui, je ne dois penser à
rien sauf à lui, à son visage qui me manque tant , l’élu de mon cœur piégé, accusé à tord de
trahison, quel honte ! Où en étais -je ? Ah oui, je dois donc améliorer cette fin de phrase, quoique,
peut être dev rais-je la changer ?
Se tient la tête pour réfléchir un instant .
« Au fil des années, mon amour pour vous n’à cesser
d’accroitre et murir, il est à présent dévoilé.
» Je dois aller encore plus loin dans mes propos et
trouver la manière la plus adroite et la plus authentique de me déclarer.
Il doit absolument me
croire, sans ça je suis perdue, et Arthur aussi , de toute façon le prince se laissera surement berner,
je l’ai déjà surpris plusieurs fois me lancer des regards plutôt explicite .
Je dois donc reprendre
« Je vais donc enfin me confesser à vous » Oh non, je n’aime pas du tout la formulation cette
phrase, je dois très vite la changer.
Supprime la phrase qu’elle vient d’écrire.
Reprenons donc « Il est l’heure, dorénavant, de me
confesser », je pense qu e cet air solennel ne risque pas de plaire au prince, au contraire.
« Je vous
dois, aujourd’hui, la vérité, et dois vous le dire clairement.
Je vous aime.
Je vous aime ! » La
répétition devrait accentuer mon amour, je la garde.
Je poursuis « Non pas d’un amour d’un jour,
mais bien d’un amour eternel.
Depuis la première fois que je vous ai vu, je ne cesse de songer à
vous.
Tout en vous me captive.
Je suis amoureuse de vous ! » Je pense que c’est une bonne
conclusion, ainsi s’achèvera certainement ma déclarat ion.
Il faut que je la relise pour voir si
aucune maladresse n’y subsiste.
Pris sa feuille, s’approche du miroir puis commence à lire.
« Ô maitre de mon cœur , vous,
Seigneur Guillaume de Gauvet.
» Attend un instant avant de reprendre « Je dois vous conc édez
l’exactitude de ce que je ressens à votre égard, je ne puis vous cachez la vérité plus longtemps.
Imite le prince « Parlez, je vous écoute » Revient à son état naturel « Vous seul, Majesté,
réussissez à toucher mon cœur au plus profond.
» Fait son ai r charmeur « Pour vous sauvez d’un
quelconque désagrément je serais prête à donner de mon corps s’il le fallait.
Votre voix, vos yeux,
votre âme me bouleverse totalement.
Votre beauté est sans pareil ! » Prend une voix grave
« Réellement ? » Reprend sa vo ix naturelle « J'ai trop de respect pour votre majesté pour pouvoir
abuser de vous.
» Mon intonation n’est pas assez prononcée.
Se racle la gorge, attend un moment
avant de reprendre « Depuis la première fois que je vous ai vu, j'ai gardé votre visage en ma
mémoire.
Au fil des années, mon amour pour vous n’à cesser d’accroitre et murir, il est à présent
dévoilé.
» Tente de faire les yeux doux « Je vous dois, aujourd’hui, la vérité, et dois vous le dire
clairement.
Je vous aime.
Je vous aime ! Non pas d’un amour d’un jour, mais bien d’un amour
eternel.
Depuis la première fois que je vous ai vu, je ne cesse de songer à vous.
Tout en vous me
captive.
» Il faut absolument que je prenne mon temps pour lui dire la phrase ultime.
Quelques
secondes s’écoulent « Je suis amoureuse de vous ! »
Je pense que j’en ai terminé, si la déclaration fait effet je pourrais très bien l’influencer.
Lui seul a
le pouvoir de gracier Arthur, j e ne dois pas perdre de temps et aller le rejoindre de ce pas.
Je suis
assez satisfaite du résultat bien qu’il m’en a coûté du temps.
Se regarde une dernière fois dans le miroir.
Je suis parfaitement présentable, allons y.
Embrasse le portrait de son amant, sort de la chambre en direction du palais royal..
»
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