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Invention et poésie de Giraudoux dans Électre

Publié le 31/12/2019

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giraudoux

Mais toutes ces scènes apparemment incongrues sont impossibles à couper à la représentation, sous peine d'obscurcir la logique de l'ensemble, et de supprimer les harmoniques qu'elles constituent par rapport à l'action principale. Par ailleurs, selon Robichez, parmi les personnages « la distinction entre protagonistes et comparses tend à s'atténuer. Giraudoux ne nous présente pas des êtres qui agissent et d'autres qui les regardent agir. Personne n'agit chez lui, ou, du moins, toute action est vouée à l'échec. Tous sont témoins. »

L'invention de Giraudoux est également constante dans la conduite du dialogue par son côté imprévu, ses multiples digressions, dont le mendiant constitue le spécialiste ; quand il raconte des histoires de hérissons, narre la triste histoire de la famille Narsès et de sa louve, il est tellement bavard, sans doute sous l'effet de la boisson, qu'Égisthe lui demande : « Vous permettez que nous continuions à parler d'Électre ? » (1,3) La querelle d'Électre et de Clytemnestre sur la chute d’Oreste, qui revient plusieurs fois, est aussi un bon exemple de cette prolifération de détails apparemment oiseux, ou encore le lamento du jardinier, si difficile à faire passer pour un acteur. En un sens, le texte de Giraudoux est un peu comme un riche tissu dont on ne distingue pas bien à première vue le dessin. La barbe d'Agamemnon, tellement annelée et bouclée, aux dires de Clytemnestre (11,8), serait un assez bon symbole de l'écriture de l’auteur !

giraudoux

« Mais toutes ces scènes apparemment incongrues sont impossibles à couper à la représentation, sous peine d'obscurcir la logique de l'ensemble, et de supprimer les harmoniques qu'elles constituent par rapport à l'action principale.

Par ailleurs, selon Robichez, parmi les personnages « la distinction entre protagonistes et comparses tend à s'atténuer.

Giraudoux ne nous présente pas des êtres qui agissent et d'autres qui les regardent agir.

Personne n'agit chez lui, ou, du moins, toute action est vouée à l'échec.

Tous sont témoins.

» L'invention de Giraudoux est également constante dans la conduite du dialogue par son côté imprévu, ses multiples digressions, dont le mendiant constitue le spécialiste ; quand il raconte des histoires de hérissons, narre la triste histoire de la famille Narsès et de sa louve, il est tellement bavard, sans doute sous l'effet de la boisson, qu'Égisthe lui demande: «Vous permettez que nous continuions à parler d'Électre? » (I,3) La querelle d'Électre et de Clytemnestre sur la chute d'Oreste, qui revient plusieurs fois, est aussi un bon exemple de cette prolifération de détails apparemment oiseux, ou encore le lamento du jardinier, si difficile à faire passer pour un acteur.

En un sens, le texte de Giraudoux ést un peu comme un riche tissu dont on ne distingue pas bien à première vue le dessin.

La barbe d'Agamemnon, tellement annelée et bouclée, aux dires de Clytemnestre (II,8), serait un assez bon symbole de l'écriture de l'auteur ! Invention et style L'invention de Giraudoux se situe surtout au niveau du mot, et c'est dans ce domaine qu'on a surtout reconnu son originalité.

Lui-même donne ce conseil dans Pour Lucrèce : Tu devrais bien m'imiter un peu, te confier un peu moins à tes pensées et un peu plus au langage.

C'est pour cela que tous les matins j'ouvre en souriant mes yeux et ma fenêtre.

Un quadrige de mots purs m'amène le Soleil.

(1,6) Les « mots purs » peuvent parfois remplacer ce qu'ils désignent : c'est le cas, dans le lamento du jardinier, du mot Électre, avec qui le fiancé éconduit doit passer sa nuit de noces : « Il nous a promis une mariée, pensait le chien, et il nous amène un mot.

» Ils peuvent aussi être mal adaptés à la chose : « C'est un bien gros mot, "adultère'', chéri ...

» déclare Agathe au président, qui aime une certaine pénombre autour de sa. »

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