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Introduction sur LE MISANTHROPE de MOLIÈRE

Publié le 02/03/2020

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« LE MISANTHROPE » : PIÈCE-MUSÉE OU PIÈCE VIVANTE ?

Les temps ont changé. L’organisation sociale s’est profondément modifiée. Les règles de la vie collective ne sont plus les mêmes. Les mots ont évolué ainsi que les notions qu’ils véhiculent : aujourd’hui le terme de « misanthrope » n’est plus guère utilisé. Il a vieilli ; il a été remplacé par d’autres termes dont la signification ne correspond plus exactement à celle qui était la sienne au XVIIe siècle. Pour désigner un être mal à l’aise avec les autres, on parlera plutôt maintenant d’asocial. Pour décrire ces difficultés qu’éprouve l'être humain à se supporter et à supporter autrui, les spécialistes se serviront de toute la gamme des termes qui évoquent les maladies psychiques.

Dès lors, l’on voit l'intérêt que peut présenter, pour un lecteur ou un spectateur actuels, le sujet du Misanthrope. Certes, l’œuvre contient un certain nombre d'éléments anecdotiques qui la datent. Mais ce n’est pas pour autant une pièce vieillie, poussiéreuse, qu’il conviendrait de reléguer, avec beaucoup de respect, dans le musée de la culture. Elle nous concerne, parce qu’elle pose des problèmes que nous nous posons. Elle décrit la division de l’être humain qui voit se combattre en lui des impulsions et des obligations contraires : qui n'a pas connu, un jour, de telles contradictions ? Elle montre les antagonismes qui opposent le désir individuel et les nécessités sociales : qui n’a pas, un jour, eu à régler de tels conflits ? Cette actualité est la marque incontestable de ce qui fait la véritable œuvre d’art capable, par sa richesse, de toucher des générations successives.

« ÊTRE MISANTHROPE AU XVIIe SIÈCLE Si l'on se réfère au titre qu'il a donné à sa pièce, Molière va s'efforcer de dépeindre le comportement d'un misan­ thrope au XVIIe siècle.

Cette description prend place dans cette galerie de portraits que l'auteur a entrepris de peindre dans ses comédies.

Son double but, il l'a répété souvent, est d'instruire et d'amuser.

En quoi le personnage sur lequel il se penche ici est-il susceptible de répondre à ce dessein? Voilà qui revient à s'interroger sur ce que signifie être misanthrope au xvne siècle.

A cette époque de monarchie absolue, règne une organisation sociale caractérisée par une grande rigidité.

Elle repose sur l'existence de règles qu'il convient de respecter impérativement.

Parmi elles, la soumission aux faux-semblants de la politesse, l'adoption d'une réserve de bon ton, la recherche du brillant revêtent une importance essentielle, permettent de distinguer l' « honnête homme », le bon courtisan qui a seul sa place dans ce monde d'apparences.

Dès lors, celui qui refuse ce jeu de la dissimulation et de la compromission, qui aspire à la vérité, à la sincérité, apparaît comme un être en marge.

On lui reproche les excès de ses attitudes; on le taxera vite d'anormalité.

Il n'est plus en contact avec la réalité sociale du milieu où il vit et se trouve rapidement rejeté, s'il ne s'exclut pas lui­ même.

Son refus d'adhérer à l'hypocrisie est facilement interprété comme une impossibilité de s'adapter à la vie collective.

Et son entourage se rassure en faisant de ce refus la marque d'une maladie psychique, elle-même conséquence d'un état corporel.

Le comique va naître des contradictions éclatant chez un être obligé à des soumis­ sions pour survivre et incapable de les assumer ; les conséquences négatives des comportements excessifs vont pouvoir être dégagées : les mésaventures, les échecs du personnage viendront sanctionner son inadaptation.

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