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INDEX THÉMATIQUE DES ESSAIS DE MONTAIGNE

Publié le 09/06/2015

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montaigne

·   Dans l'oeuvre : la construction des Essais fait une large place aux jeux de miroirs et aux anamorphoses'. L'esthétique du temps le veut ainsi. En peinture on connaît Les Époux Arnolfini de jan van Eyck (vers 1400-1441), Le Prêteur et sa Femme de Quentin Metsys (1465-1530) ou Les Ambassadeurs d'Hans Holbein (1497-1543) : il s'agit, «à les prendre de bon biais «, d'images déformées qui se recomposent sous un certain angle ou dans des miroirs courbes. Or, comme l'a souligné Géralde Nakam, « les miroirs de M. ont une fonction de connaissance, soit qu'ils précisent la vision, soit qu'ils l'élargissent ou la transforment. L'Apologie, qu'est-elle, qu'un immense jeu de miroirs?« Preuve d'exigence, M. ne se satisfait jamais d'une seule position de l'objet, ni d'une seule attitude de l'observateur. Ainsi l'essai apparaît-il comme un instrument optique d'une infinie complexité dans chacun de ses exemples, et dans leur assemblage. Mais ce jeu s'étend à la composition même de toute l'oeuvre. On le voit en particulier à travers la réflexion' et la réfraction' qui s'opèrent du chapitre Des cannibales (I, 31) au chapitre Des coches (III, 6).

·  Dans l'oeuvre : la vieillesse est pour M., qui est si sensible à la précarité de la vie, une préoccupation majeure. Ce thème est mis en valeur par son traitement dans le dernier chapitre du premier livre (cf. citation ci-dessus) ; il se rattache également au thème de la mort. M. écrivant ses Essais se sentait vieux, « ayant piéçà franchi les quarante ans«. Mais il a su retrouver, au fur et à mesure des éditions, une jeunesse de coeur et un goût concret de la vie qui font de l'essai ultime de l'oeuvre, De l'expérience (III, 13), un hymne à la vieillesse et à la santé.

 

·  Rapprochements : la vieillesse est dans les Essais un thème proche de celui de la maladie : elles sont « germaines « difficultés pour l'homme qui avance en âge. Cicéron dans De la vieillesse (De Senectute) et Sénèque dans De la brièveté de la vie (De brevitate vitae) avaient fait de ces questions un topos' de la littérature antique. D'où le caractère quelque peu académique du choix de ce thème au départ chez M., même s'il a su lui donner une couleur propre aux Essais en y revenant tout au long des vingt années de la rédaction de son livre. Dans des registres très divers, on peut, entre beaucoup d'autres choses, mentionner des poèmes : Quand vous serez bien vieille... de Ronsard et Stances à Marquise de Corneille, mais aussi le roman de Romain Gary, Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable.

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« ESSAIS (allusion au Tasse dans ce même chapitre), la mort bien sûr, le langage et le doute.

Ainsi, jusqu'en 1588, la pensée de M.

est-elle encore à la recherche d'elle-même.

C'est à cette époque que le repli s'affirme et que s'estompe quel­ que peu la satire du temps : il est vrai que les guerres de Religion offrent un répit de 1580 (paix de Fleix) à 1584 (mort de François d'Alençon).

Les dernières additions (1592 :état C), sont marquées par un déchaînement de l'ironie polémique teintée parfois de désespoir : guerre de la Ligue oblige, mais plus généralement dépit de voir l'être humain persister dans 2es vices (présomp­ tion face à Dieu et impudence sur le Nouveau Continent).

A l'inverse s'affirme alors une sagesse suprême qu'on pourrait qualifier de «gaie et sociale».

• Rapprochements : Ronsard a notablement retouché toute son œuvre sa vie durant.

On pourrait également mentionner les retouches apportées par Proust à sa« cathédrale>>, qui en ont complètement transformé l'architecture.

Il faut enfin remarquer que, contrairement à ce qu'il prétend, M.

ne se prive pas de suppri­ mer et de corriger (on a pu le noter à l'occasion sur les deux Scipion ou les deux Caton) son texte tout autant qu'un autre écrivain le ferait, mais il s'efforce de ne pas le dénaturer.

L'addition exprime chez lui une fidélité de la pensée à elle­ même et à son caractère évolutif.

DOULEUR «Or bien présupposons-le, qu'en la mort nous regardons principalement la douleur.>> (1, 14.) • Dans l'œuvre: M., après les premières atteintes de sa «gravelle» ou «maladie de la pierre»- calculs rénaux entraînant des coliques néphrétiques- vers 1578, est fort sensible à la douleur, quoiqu'ilia supporte avec courage.

La douleur est ce qu'il y a d'inacceptable dans la condition humaine, ce face à quoi l'homme se montre le plus démuni, surtout lorsqu'elle est souffrance physique.

Elle modifie profondément l'état d'esprit, mais peut aussi sentir son influence en sens inverse." Il est aisé à voir que ce qui aiguise en nous la douleur et la volupté, c'est la pointe de notre esprit», écrit M.

dans une addition tardive au chapitre Que le goût des biens et des maux dépend en bonne partie de l'opinion que nous en avons(!, 14).

Mais, loin de l'aigrir, la douleur et la maladie ont paradoxalement permis à M.

de trouver son vrai tempérament de moraliste.

À la fin de sa vie, il rejette les «humeurs su percé lestes» du stoïcisme pour s'abandonner à la nature avec une gourmandise et un appétit de vivre neufs, conscient de la nécessité d'une attitude souple : «La vie est un mouvement matériel et corporel, ac1ion imparfaite de sa propre essence, et déréglée; je m'emploie à la servir selon elle» (III, 9, De la vanité).

De là son refus des contraintes et des raisons médicales dans le long hymne au bonheur qu'est l'essai De l'expérience (III, 13) :"Ne vous attendez pas que j'aille m'amusant à reconnaître mon pouls et mes urines pour y prendre quelque prévoyance ennuyeuse; je serai assez à temps à sentir le mal, sans l'allonger par le mal de la peur.» • Rapprochements :on peut penser à Forestier, malade de la tuberculose, dans Bel Ami de Maupassant et aux livres de Georges Bernanos Sous le soleil de Satan et Le journal d'un curé de campagne pour une coloration mystique de la douleur morale.

Ou à François Mauriac (Le Baiser au lépreux, Thérèse Desqueyroux) pour une douleur provinciale, muette, souvent âpre.

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