Incipit de La Fille aux yeux d'or, 1834, H. de Balzac
Publié le 26/04/2011
Extrait du document
Balzac tel un peintre, s'est rendu célèbre par les tableaux qu'il a brossés dans ses œuvres, de la société de son temps.
Dans son roman publié en 1834, intitulé La Fille aux yeux d'or, Henri de Marsay, jeune dandy parisien, s'éprend d'amour pour « la fille aux yeux d'or «, Paquita Valdès. Il découvre bien vite, qu'il a pour rivale sa propre sœur dont Paquita est très éprise. Pour se venger de Paquita, il décide de la tuer avec l'aide d'amis réunis en société secrète, les « Treize «. L'incipit de cette étrange histoire, dépeint l'Enfer parisien, montrant dès l'ouverture de l'ouvrage la corruption sociale qui sévira dans le roman. Nous verrons derrière le spectacle de l'horreur se cache l'horreur de la vie sociale parisienne, inscrivant cet extrait dans l'entreprise de Balzac Observer Analyser Mettre en scène.
«
ligne 8.
L'âme de Paris a même « deux âges » ligne 9
C'est la laideur des parisiens qui est alors dépeinte par Balzac : de nombreux adjectifs péjoratifs accentuent lescouleurs qui apparaissent comme repoussantes, l.3 « hâve, jaune, tanné », l.14 « jeunesse blafarde et sans couleur», l.19-20 « la teinte presque infernale»
L'auteur n'hésite d'ailleurs pas à dire de façon directe l'horreur physique de ce peuple, l.1 « le plus d'épouvantementest certes l'aspect de la population parisienne », l.2 « peuple horrible à voir ».
L'horreur physique du peuple est donccertaine, il n'y a pas d'ambiguïté, sur l'horreur puisque le mot est répété.De plus, Balzac insiste sur la laideur physique grâce au champ lexical du corps qui est associé au champ lexical dumonstrueux : l.6 « visages contournés, tordus », l.7 « les poisons dont sont engrossés leurs cerveaux »
De plus, les hyperboles et les accumulations accentuent encore l'impression de grandeur et de monstruosité, l.4 «tourbillonne une moisson d'hommes » , l.13 « physionomie cadavéreuse ».
Ses habitants apparaissent comme desêtres fauchés par la mort, notamment avec la personnification topique de la mort qui « fauche plus souventqu'ailleurs » (ligne 5)
Tout un champ lexical de la mort apparaît dans le texte, s'apparentant aux vivants : « physionomie cadavéreuse » àla ligne 13 ou « peuple exhumé » à la ligne 15.
Enfin c'est à la nature et plus précisément à la violence de la nature que ces hommes dont associés.
D'ailleurs unemétaphore filée de cette nature parcourt tous le texte et est explicitée à la ligne 18 à travers la comparaison «comme la nature ».
On retrouve le lexique de la nature sous sa forme impitoyable « vaste champ incessammentremué par une tempête» ligne 2, la dernière énumération « insectes fleurs » mais aussi « feu et flamme » qui illustrele « cratère » d'un volcanDe plus, pour Balzac, certains êtres vivent en étroite osmose avec le milieu dans lequel ils se développent : ilsreçoivent l'influence de ce milieu et lui communiquent en retour leur empreinte.
La description chez Balzac ne selimite donc pas au pittoresque.
Ce tableau de la vie sociale parisienne personnifiée et associée à une nature impitoyable s'inscrit dans l'entreprise deBalzac dans la Comédie humaine, qui consiste à dépeindre les mœurs parisiennes et a composer une véritable étudesociologique de son époque
Dans son étude sociologique Balzac semble suivre une démarche précise : il observe tout d'abord les faits.
C'est lechamp lexical de la vision qui souligne cet objectif braqué sur la société parisienne par Balzac « à voir » ligne 2 «quelques observation » ligne 8, « en voyant ce peuple » ligne10.Il se livre ensuite à une analyse de ces observations, il cherche à « expliquer les causes » ligne 8, à « justifier »ligne 13 et s'interroge même au discours directe « Que veulent-ils ? »Enfin il cherche à percer le sens de ce qu'il a observé et tel un scientifique émet des hypothèses « de l'or, ou duplaisir ? » ligne 7Balzac aborde également ici un de ses thèmes de prédilection qui est la dépravation de l'être par sa cupidité et sonhypocrisie sociale Ce thème est mis en évidence par une hyperbole à la ligne 4 « une tempête d'intérêts », idéereprise à la ligne 11 par le terme « avidité ».
Cette dépravation est donc non seulement physique et morale mais aussi sensuelle, ligne 17 où Paris est présentécomme un « vaste atelier de jouissances ».
Les deux mots « or » et « plaisir » ligne 7 sont en effet pour Balzac lesdeux « clés » de l'intelligence du monde qu'il cherche à décrire.
Un même appétit aveugle et délirant pousse selon luil'individu dans la quête du pouvoir financier et de la jouissance amoureuse.De plus la maigreur des cadavres dans le texte assimilés à des gens cupides est une idée qui est reprise dans toutela Comédie humaineEnfin Balzac ne délaisse pas l'aspect narratif et dans cet incipit, le narrateur intervient afin de créer une connivenceavec le lecteur.
C'est ainsi qu'il met en garde le lecteur et s'adresse donc directement à lui ligne 21 « tenez ce motpour dit ».
Il donne aussi son avis propre dans la dernière phrase de notre extrait : « jamais vie en aucun pays nefut plus ardente, ni plus cuisante.
» phrase d'autant plus lourde de sens avec les deux occurrences de « plus » et lanégation « jamais ».
Cet incipit, qui se veut l'ouverture d'une étrange histoire de compromission et de meurtre, illustre dès les premiersparagraphes le théâtre de l'Enfer parisien dans lequel Balzac place son analyse de la société parisienne.
Ce passageconstitue le type du style balzacien et se veut l'écho de sa Comédie HumaineCe dernier explique ainsi dans sa préface de la Comédie humaine, que son ambition est d'y effectuer, sur la sociétéde son temps, une étude exhaustive et détaillée..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- LANGEAIS (la duchesse de). Personnage du roman de même nom (1834) d’Honoré de Balzac
- VIEILLE Fille (la), de Balzac
- FILLE D’ÈVE (Une). d’Honoré de Balzac (résumé)
- Coppélia ou la Fille aux yeux d'émail [Arthur Saint-Léon] - analyse de l'oeuvre musicale.
- La Chartreuse de Parme Les yeux de la jeune fille avaient déjà pris une tout autre expression; mais, suivant les instructions cent fois répétées de son père, elle répondit avec un air d'ignorance que le langage de ses yeux contredisait hautement: Je n'ai rien appris, monseigneur.