Incipit de Jacques le Fataliste de Diderot
Publié le 04/06/2012
Extrait du document

L’ouvrage de Diderot est déconcertant, tant sur le plan de la forme que sur celui du genre qui le
détermine. L’incipit place immédiatement le lecteur dans une situation inattendue : loin de répondre aux
traditionnelles questions initiales (qui parle ? de qui ? où ? et quand ?), l’incipit propose un cadre
surprenant.
1) Le refus de présenter le cadre de l’histoire.
Le début du roman rompt avec toutes le conventions narratives.
- A chaque question posée sur le cadre correspond une réponse évasive : Comment s’étaient-ils rencontrés

«
connaître des héros, et brise le principe du narrateur omniscient.
o Puis s’efface un temps pour laisser la parole aux personnages : le maître ne disait rien.
Jacques
disait .
o Il interrompt l’histoire qu’il a commencée pour une première digression : il énumère toute une
série de moyen de retarder l’histoire ( faire attendre trois ans, séparer maître et valet, faire
Jacques cocu, le déporter ) : mais le narrateur annonce d’emblée son projet : refuser le
romanesque
facile : qu’i l est facile de faire des contes.
L’écrivain est libre de ses choix.
- Le narrataire :
o Nommé lecteur par le narrateur ou vous, il est interpellé à tout moment ( voilà la seconde fois
que
vous me posez cette question ).
On devine alors que toutes les interr ogations initiales sont de lui :
l’histoire présentera donc également un dialogue entre un narrateur fictif et un lecteur fictif qui
observent Jacques et son maître dans leurs pérégrinations.
3) Une entrée en matière philosophique
L’incipit présente deux conceptions contradictoires sur la question de la liberté
individuelle :
- Celle de Jacques : elle relève à la fois
o Du déterminisme : tous les éléments du monde sont intimement liés les uns aux autres ( chaque
balle à son billet ; les événements sont liés comme les chaînons d’une gourmette ).
Pour Jacques,
il existe un lien insécable entre sa blessure au genou et ses aventures amoureuses : l’univers
constitue un tout cohérent et organisé dont l’homme fait partie intrinsèque.
De même,
l’ endormissement du maître engendre l’égarement des personnages qui engendre la colère et les
coups.
o Le fatalisme : il apparaît en filigrane dans les premières lignes : les paroles du capitaine ( tout
ce
qui nous arrive de bien et de mal ici -bas est écrit l à haut) annoncent un leitmotiv du texte :
l’homme ne possède aucune liberté individuelle, et son destin est tracé.
En outre, l’être humain ne
peut connaître ce destin et donc aucunement l’influencer : Le moment…est-il venu ? Qui le sait ?
- Celle du narrat eur
o Il est au contraire le tenant d’un libre- arbitre revendiqué : le refus de céder aux conventions
romanesques (Cf.
les hypothèses) traduit le refus de voir s’imposer un « parcours littéraire ».
o L’absence d’origine et de but déclaré pour les aventures de Jacques introduit l’idée de hasard
( A
tout hasard, commence toujours ) : l’absence de plan préétabli au roman engendre l’idée que le
hasard détermine les choses, et ce au gré des choix individuels de chacun.
Conclusion
Diderot, outre le fait qu’il annonce par avance qu’il va mettre un roman qui va à
l’encontre des principes
du genre ( je n’aime pas les romans, déclare- t- il) fait immédiatement comprendre à son
lecteur la portée
philosophique de son oeuvre.
Réfléchir et débattre sur les notions de libre -arb itre et de
fatalité..
»
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