Incipit Candide de Voltaire
Publié le 05/02/2015
Extrait du document
«
la sensualité.
Le fils du baron est décrit très brièvement: « en tout digne de son père »; il n'a pas de
caractère.
Enfin Pangloss est décrit en dernier; le ton est administratif, il est assimilé à un « oracle »; «
admirablement » => présentation dans le discours de Pangloss.
L'évocation de ce contexte s'apparente donc beaucoup à celle du conte.
II.
Les caractéristiques du conte
La description du lieu en fait un microcosme, un endroit merveilleux et coupé du monde et de la
réalité.
On retrouve la formule traditionnelle: « il y avait », les personnages sont mis en scène dans
un lieu imprécis: « en Westphalie », qui est un pays peu connu et qui a la réputation d'être arriéré, le
nom de château: « Thunder-ten-tronckh » a des sonorités abruptes relevant de l'imagination; de
même, l'époque est intemporelle.
On se situe donc dans un monde qui semble lointain, voire
imaginaire: le monde d'un conte.
On retrouve également les personnages et le milieu traditionnels: le contexte aristocratique, « le
château », ainsi quelle pouvoir, les richesses, et un monde fixé dans des codifications sociales
rigides.
Tout est sous le signe de la richesse et de la beauté, les termes employés sont valorisants et
élogieux: tout va bien.
Ainsi on trouve beaucoup de superlatifs: « le plus beau ».
Le lecteur est donc entraîné dans un univers merveilleux où tout va pour le mieux; mais
quelques éléments inattendus le mettent sur la voie d'une distorsion dans l'harmonie générale.
III.
Les effets de décalage
Les effets de décalage et de distorsion sont des indices pour le lecteur, montrant qu'il s'agit ici
d'une satire.
Ainsi, on note de nombreux rapprochements faussement logiques, comme la relation
entre la puissance du baron et la présence de « portes » et de « fenêtres » à son château; de même le
rapport entre la masse de la Comtesse et le respect dont elle jouit.
Le pouvoir et la considération des
personnages relèvent donc de l'illusion, et non d'une réalité.
Il y'a une confusion et une distorsion dans la description, et le narrateur souligne implicitement
que chez le baron tout est faux; ex: « chiens de basse-cour » complètent « la meute », « palefreniers
» sont ici « piqueurs », « vicaire du village » « grand aumônier ».
Il y a donc une confusion
entre la réalité et l'apparence; on a dans un premier temps l'impression d'un noble qui mène grand
train, alors qu'il ne s'agit que d'un petit seigneur de province.
De même, le raisonnement de Pangloss est totalement décalé (Pangloss=« tout en langue »);
pour le montrer, le narrateur lui donne la parole au discours direct.
Les exemples qu'il prend
reposent sur une démonstration soi-disant logique: « donc », « par conséquent »; mais en réalité elle
ne comporte aucune logique: la conclusion qu'il formule est donc totalement inacceptable.
Conclusion
Dès le chapitre 1 de Candide, Voltaire place des indices dans le texte qui attirent l'attention du
lecteur, soulignant l'illusion de la richesse et de connaissance dans laquelle vivent les personnages.
Il n'y a aucune référence au monde extérieur, et Candide ne connaît que ce qui l'entoure; c'est un
monde fermé sur lui-même, basé sur des valeurs fausses.
A partir du chapitre suivant, il comparera
le monde réel à l'enseignement de Pangloss => double plan du conte et de l'enseignement
philosophique.
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