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Imaginez la suite de ce récit: Tristan Bernard Cent et un contes choisis

Publié le 22/02/2012

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La tristesse et la désolation régnaient dans cette chambre. La pauvre femme était étendue sur son lit, toute blanche, les mains jointes sur la poitrine. On venait de lui fermer les yeux. Au pied du lit, sa soeur, les mains jointes priait : — Mon Dieu, disait-elle, je vous ai toujours aimé et servi et je ne vous ai jamais rien demandé en échange. Je n'ai au monde que ma soeur que j'adorais. Faites un miracle : faites rentrer la vie dans cette chambre que la mort a désolée. Alors il lui sembla entendre la voix du Tout-Puissant qui disait : — Tu me demandes d'établir là un précédent bien dangereux. J'ai décidé, une fois pour toutes, que la mort était un événement définitif et irrévocable. Autrement, mon administration se fût trouvée à chaque instant en présence de difficultés sans nombre. Mais enfin, tu es, en effet, une fille de piété tout à fait exceptionnelle. Je suis un sentimental. Tu as peut-être tort de me demander de transgresser ainsi mes principes... Je ne discute pas : sois exaucée ! ... A peine avait-il dit ces mots que les paupières de la morte battirent ; son sein se souleva ; ses lèvres s'entrouvrirent : la vie était revenue dans cette chambre que la mort avait désolée. La vie était revenue dans cette chambre : les mouches mortes, collées sur la glace, étirèrent leurs petites pattes, firent scintiller leurs yeux à mille facettes et s'envolèrent joyeusement au plafond. La vie était revenue dans la chambre ! Un petit oiseau empaillé, qui se trouvait sur un chapeau, dans un buisson de rubans et de fleurs de papier, se mit à battre des ailes, poussa un cri joyeux, s'envola, lui aussi, et alla se poser sur la crête d'un meuble, où il chanta un petit chant de victoire... Le lion de la descente de lit ouvrit une gueule énorme... Tristan Bernard, Cent et un contes choisis, © Editions Gründ, 1996.

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