« Il faut avoir besoin de se remplir les yeux, l'esprit et le cœur pour que le voyage ne soit pas seulement une façon d'aller d'une ville à l'autre, mais un bonheur. »
Publié le 26/02/2011
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Ah! Que le monde est grand à la clarté des lampes!« Baudelaire : Le Voyage.

«
pire : quand cette indifférence est doublée de chauvinisme ;déjà Montaigne le constatait —, qu'on atteint d'autres horizons avec l'intention d'y retrouver ses habitudes, ouavec scepticisme, mauvaise volonté: exemple: cette stupéfiante phrase d'un touriste interviewé sur la CostaBrava : « Ce serait si bien l'Espagne s'il n'y avait pas d'Espagnols ! » ;véritable mépris pour l'«autre»...
qui le rend bien ! haine larvée contre les vacanciers dont on profite(inscriptions: «doryphores [= Parisiens] go home !» en Occitanie).
Multiples échos de ces voyages non réussis en littérature :
soit l'ennui que l'on traîne après soi :
«Le monde, monotone et petit, aujourd'hui, Hier, demain, toujours, nous fait Voir notre image...
»
Baudelaire, Le Voyage; car le voyage est une fuite impossible (exemple : Mallarmé : Brise marine) ;
il fatigue et déçoit.
Exemple: Satire de Paul Morand,
Déplacement , sur les têtes des usagers du grand express européen ! et ce vers désabusé : «Evitons ces chemins. — Leur voyage est sans grâces»...
Vigny, La Maison du berger.
Sans compter fatigue et monotonie, surtout depuis la conception touristique moderne :
abus des programmes trop remplis des « Tours » ;
conditions matérielles qui se dégradent au moment du grand rush de juillet-août: bouchons sur routes, enfantsépuisés et épuisants, trains bondés, attentes dans les aéroports, plages surchargées, colonnes montantes etdescendantes de touristes sur les plus beaux sites.
Exemple: au Mont-Saint-Michel ou à Delphes...
—» Promiscuité: obligation de supporter le bruit (radio...) ou la marmaille d'autrui...Même dans des conditions parfaites, autres inconvénients dus précisément aux progrès techniques et à lavulgarisation du voyage —> monde artificiel, difficultés des contacts avec l'extérieur ; ainsi la chaîne Hilton —très bons hôtels pourtant
sert souvent les mêmes repas dans le monde entier; ne parlons pas des nourritures insipides en bordure desautoroutes !
«Plus de hasard», écrivait déjà Vigny.
Ce qui faisait l'attrait du voyage, c'était l'aventure, la découverte...
enreste-t-il ?
«Adieu, voyages lents, bruits lointains qu'on écoute...
L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu.
»
Vigny, La Maison du berger.
Alain Bosquet en arrive à écrire : « Destination néant ! »Les particularismes ont d'ailleurs tendance à disparaître et les civilisations les plus lointaines se pervertissent...pour les touristes !Véritable uniformisation, standardisation.Hors du temps et de l'espace le passager de la voiture roulant sur l'autoroute, du T.G.V.
ou du «jet» est,devant le peu de paysage qu'il veut bien regarder, comme devant un écran de T.V.
- Le voyage : « un bonheur »
Pourtant un voyage est une des activités qui peut être la plus enrichissante.D'abord il apporte le mouvement :
— le plus naturel : marche à pied. Cf. dans Les Confessions, les pages de Rousseau sur le bonheur des promenades et voyages à pied, où l'«on part à son moment, on s'arrête à sa volonté»...
«Combien de plaisirs différents onrassemble par cette agréable manière de voyager ! »
—> plaisir physique > exercice du corps, toujours accompagné
du plaisir des yeux goûté en toute tranquillité et liberté ; on va à son rythme, on profite des beautés soit zoologiques ou botaniques, soit des paysages et des variations d'heures et des climats.
Exemple: page deChateaubriand sur Athènes au soleil levant ou Rêveries du promeneur solitaire (Rousseau).
Mêmes plaisirs pour les marches citadines : promenades et flâneries en ville = la meilleure façon de connaîtreune cité.
Exemple dans Les Hommes de bonne volonté (J.
Romains). Voyager, c'est voir d'abord ce qui est autour de soi, à proximité ; la distance ou le lieu n'est pas obligatoire, ilssont entre les êtres..
»
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