HUGO LES MISERABLES TEMPETE COMMENTAIRE
Publié le 11/05/2014
Extrait du document
«
nécessairement, et sans qu’il fût possible d’y échapper, quelque chose de lui allait mourir ; qu’il
entrait dans un sépulcre à droite comme à gauche ; qu’il accomplissait une agonie, l’agonie de son
bonheur ou l’agonie de sa vertu.
Hélas ! toutes ses irrésolutions l’avaient repris.
Il n’était pas plus avancé qu’au commencement.
Ainsi se débattait sous l’angoisse cette malheureuse âme.
Dix-huit cents ans avant cet homme
infortuné, l’être mystérieux, en qui se résument toutes les saintetés et toutes les souffrances de
l’humanité, avait aussi lui, pendant que les oliviers frémissaient au vent farouche de l’infini,
longtemps écarté de la main l’effrayant calice qui lui apparaissait ruisselant d’ombre et débordant
de ténèbres dans des profondeurs pleines d’étoiles.
COMMENTAIRE
C’est la phase du dilemme : Jean Valjean est épouvanté devant la décision qu’il doit prendre, le
dilemme qu’il doit résoudre : la fatalité a voulu qu’un homme, son sosie, ait été arrêté en train de
voler des fruits et maintenant il risque une peine très élevée car il a été pris pour lui (envers les
récidivistes la justice de l’époque était très sévère).
Tout le chapitre est dédié à ce dilemme : se dénoncer ou ne pas se dénoncer.
Il pense aux
conséquences de chacun des choix qu’il pourrait faire : ce sont des moments dramatiques pour lui.
Il s’aperçoit qu’il n’y a pas une solution complètement positive : s’il va se dénoncer il doit laisser la
vie heureuse qu’il mène depuis des années, au service de la collectivité, dans cette petite ville de
Montreuil-sur-mer dont il est devenu le maire et que tout le monde vénère, aller au bagne, avec tous
les éléments négatifs qu’il a déjà connus (la chiourme, les chaînes, les horreurs), mais il pourrait
faire réduire la peine au pauvre Champmathieu.
Vice versa s’il ne va pas se dénoncer, il continuera
la vie qu’il a toujours menée, mais il va faire du mal indirectement à Champmathieu.
Et le voici à se
demander dramatiquement : « La destinée peut-elle donc être méchante comme un être
intelligent et devenir monstrueuse comme le cœur humain ! »
Son dilemme trouve son point culminant dans la phrase suivante : « — rester dans le paradis, et y
devenir démon ! rentrer dans l’enfer, et y devenir ange ! Que faire, grand Dieu ! que faire ? »
Ses hésitations le tourmentent physiquement et moralement : « Il chancelait au dehors comme au
dedans.
Il marchait comme un petit enfant qu’on laisse aller seul.
»
« Seulement il sentait que, à quelque parti qu’il s’arrêtât, […]qu’il entrait dans un sépulcre à
droite comme à gauche ; qu’il accomplissait une agonie, l’agonie de son bonheur ou l’agonie
de sa vertu.
»
A la fin de ce passage, son dilemme n’a pas trouvé de solution.
Hugo termine le chapitre avec
l’évocation de la figure du Christ qui mille huit cents ans avant avait souffert dans le jardin des
oliviers en pensant au calice qu’il allait affronter pour le salut de l’humanité : « Dix-huit cents ans
avant cet homme infortuné, l’être mystérieux, en qui se résument toutes les saintetés et toutes
les souffrances de l’humanité, avait aussi lui, pendant que les oliviers frémissaient au vent
farouche de l’infini, longtemps écarté de la main l’effrayant calice qui lui apparaissait
ruisselant d’ombre et débordant de ténèbres dans des profondeurs pleines d’étoiles »
Ce n’est pas casuel si on a une allusion à la religion chrétienne.
Ici on peut se rappeler la partie
finale de « La fonction du poète » avec l’évocation de la Nativité pour indiquer la poésie comme
une étoile qui mène à Dieu rois et pasteurs.
L.
D.
2.
»
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