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HUGO: Les Châtiments, Livre VII, 6 (texte intégral). Lecture méthodique

Publié le 14/03/2015

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hugo

 

Lecture méthodique

 

CHANSON

Sa grandeur éblouit l'histoire. Quinze ans, il fut

Le dieu que traînait la victoire Sur un affût ;

5        L'Europe sous sa loi guerrière Se débattit. —

Toi, son singe, marche derrière, Petit, petit.

Napoléon dans la bataille,

io            Grave et serein,

Guidait à travers la mitraille L'aigle d'airain.

Il entra sur le pont d'Arcole, Il en sortit. -‑

15   Voici de l'or, viens, pille et vole, Petit, petit.

Berlin, Vienne, étaient ses maîtresses;

Il les forçait,

Leste, et prenant les forteresses

20               Par le corset.

Il triompha de cent bastilles

Qu'il investit. —

Voici pour toi, voici des filles,

Petit, petit.

25     Il passait les monts et les plaines,

Tenant en main

La palme, la foudre, et les rênes

Du genre humain; Il était ivre de sa gloire

30               Qui retentit. —

Voici du sang, accours, viens boire,

Petit, petit.

Quand il tomba, lâchant le monde, L'immense mer

35    Ouvrit à sa chute profonde

Le gouffre amer;

Il y plongea, sinistre archange, Et s'engloutit. —

Toi, tu te noieras dans la fange,

40     Petit, petit. Jersey. Septembre 1853.

[9/1853]

 

Les Châtiments, Livre VII, 6 (texte intégral).

Hugo évoque Napoléon ler à la troisième personne : « Sa gran­deur « (vers 1), « il fut « (vers 2), « ses maîtresses « (vers 17). Ce choix est logique, puisqu'il s'agit de désigner une personne absente. Ce qui surprend, en revanche, c'est l'usage du pronom « tu « appliqué à Napoléon III : « Toi « (vers 7), « tu « (vers 39). En s'adressant directement à son adversaire, Hugo donne à ses accusations une tonalité très agressive :

 

L'opposition entre Napoléon le et Napoléon III prend une forme caricaturale, car tous les traits, positifs ou négatifs, sont exagé­rés. Pour s'attaquer à « Napoléon le Petit «, Hugo choisit non seulement d'accentuer ses aspects déplaisants, mais aussi d'idéa­liser l'évocation du grand Napoléon. Le contraste entre ces deux extrêmes confère à la satire une grande virulence.

hugo

« Du genre humain; Il était ivre de sa gloire 30 Qui retentit.

- Voici du sang, accours, viens boire, Petit, petit.

Quand il tomba, lâchant le monde, L'immense mer 35 Ouvrit à sa chute profonde Le gouffre amer; Il y plongea, sinistre archange, Et s'engloutit.- Toi, tu te noieras dans la fange, 40 Petit, petit.

Jersey.

Septembre 1853.

[9/1853] Les Châtiments, Livre VII, 6 (texte intégral).

--·INTRODUCTION Situation du poème Ce poème, qui appartient au septième livre des Châtiments, se rattache également par son titre à un autre ensemble de textes.

Il existe en effet dans Les Châtiments plusieurs poèmes intitu­ lés« Chanson » 1 et d'autres textes qui, par leur titre ou par leur forme, renvoient à ce type de composition musicale.

Cette « Chanson » oppose Napoléon 18 ' et son neveu Napoléon 111, pour mettre en valeur la grandeur de l'un et ridiculiser la médio­ crité de l'autre.

Elle s'inscrit donc pleinement dans la veine sati­ rique du recueil.

Après le pamphlet de 1852 intitulé Napoléon-le­ Petit, c'est dans des textes tels que celui-ci que le poète déverse sa haine contre l'empereur en le présentant comme un reflet grossier de son illustre ancêtre.

1.

Il s'agit des poèmes 1, 10; 1, 13; V, 2; VI, 4; VII, 14.

181. »

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