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HOUDAR DE LA MOTTE Antoine, dit aussi La Motte-Houdar : sa vie et son oeuvre

Publié le 14/12/2018

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HOUDAR DE LA MOTTE Antoine, dit aussi La Motte-Houdar (1672-1731). Poète, dramaturge, critique, Houdar de La Motte eut ses dévots exclusifs, telles la duchesse du Maine et la marquise de Lambert, pour vanter le génie de sa poésie, « son imagination réglée » et son « éloquence si douce ». Rien de plus complexe et de plus ambigu pourtant que cette relation qui s’établissait entre l'orateur et son auditoire; il eut aussi ses ennemis, qui ne surent voir que ses vers laborieux et ses fautes de syntaxe. Cependant ses opéras remportèrent de vifs succès, et, en 1697, sa pastorale Issé fut jouée devant le roi à Trianon; Inès de Castro, représentée au Théâtre-Français le même jour que la Double Inconstance, assura à son auteur une renommée incontestée. Ami du progrès, La Motte choisit le parti des Modernes et fut à l’origine de la seconde querelle des Anciens et des Modernes. Entouré de Marivaux et de son ami Fontenelle, il contribua, en sa qualité de « chef des néologues », à répandre quelques idées nouvelles et audacieuses.

 

Une passion : le théâtre

 

D’origine modeste, Houdar de La Motte fait ses humanités chez les jésuites, mais renonce vite à ses étu-

« ·----------�-- des de droit.

Son goOt très vif pour le théâtre le pousse à offrir au Théâtre-Italien sa première comédie, les Origi­ naux (1693).

Cette farce n'obtient que peu de succès, si bien que La Motte, désabusé, décide d'entrer à la Trappe.

L'expérience monacale ne dure que deux mois, l'abbé de Rancé étant suffisamment lucide pour comprendre la fragilité de cet engagement.

La Motte, qu i avait joué certaines pièces de Molière, s'adonne à nouveau à son plaisir favori et choisit d'écrire pour le théâtre de l'Opéra.

Il ne compose pas moins d'une quinzaine d'œu­ vres :l'Europe galante, baJiet mis en musique par Cam­ pra (1697); /ssé, pastorale héroïque (1697), jugée par Laharpe comme « la meilleure de toutes nos pastorales lyriques >>; Amadis de Grèce, tragédie, musique de Des­ touches (1699); Marthésie, première reine des Amazo­ nes, tragédie chantée (1699); le Triomphe des arts, ballet mis en musique par Michel de La Barre en 1700, qui obtint un vif succès; Canente, tragédie ( 1700); Omphale, tragédie jouée en 1701; le Carnaval et la Folie (1703), inspiré de l'œuvre d'Erasme; la Vénitienne, comédie­ ballet (1705); Alcione (1706); Semelé, tragédie mise en musique par Marais ( 1709), et qui est, selon La harpe, « sop meilleur opéra>>; Scandenberg, tragédie ( 1735); les Ages et le Ballet des fées, comédies-ballets.

Ces opé­ ras que l'on n'ajamais vus sur scène depuis leur création furent fort bien accueillis par les critiques, qui estimaient que La Motte occupait le deuxième rang après Quinault.

Mais la faiblesse des intrigues, la médiocrité des vers les ont condamnés à l'oubli.

Le jugement de Laharpe fournirait sans doute une explication à ce désintérêt : «Un des défauts habituels de cet écrivain, même dans ses opéras, c'est la gêne des constructions, et le pro­ saïsme et la dureté s'y joignent encore trop souvent L .•.

J.

Le plus souvent, il a l'air d'avoir pensé en prose et traduit sa pensée en vers >>.

Confiant dans ses talents, La Moue s'essaie aux comédies en prose (le Magnifique, 1 'Amant difficile), mais obtient peu de succès.

ri compose alors des tragé­ dies, dont certaines vont accroître sa renommée, et, dans un souci de réforme, il s'attaque à la règle des trois unités : les Macchabées (1722), Romulus (1722) et Œdipe (1730) connaissent un échec cuisant; seule Inès de Castro (1723) est vivement applaudie au Théâtre­ Français et remporte >.

Pourtant l'histoire reste fade, les personnages manquent d'épaisseur, et, si la pièce n'est plus représen­ tée, la faute en revient surtout au style.

Poète et chef des néologues En 1709, La Motte avait publié un recueil poétique, Odes, non dénué de facilités mais qui lui vaut maints compliments.

Lisant lui-même ses œuvres dans les salons, l'auteur est ha bi le à les mettre en valeur.

..

Il est élu membre de l'Académie française en 171 O.

Atteint de cécité deux ans plus tard, il n'en continue pas moins ses activités.

Ses Fables ( L 7 J 9) n'égalent certes pas celles de La Fontaine, mais certaines renferment quelques vers dont la postérité, si elle en ignore 1 'auteur, garde néan­ moins le souvenir : «L'ennui naquit un jour de l'unifor­ mité >>(« les Amis trop d'accord >>), et peut-être Voltaire, qui écrivit : On meurt deux fois, je le vois bien : Cesser d'aimer et d'être aimable Est une mort insupportable.

Cesser de vivre, ce n'est rien, se rappelait-il avoir lu ces vers de La Motte : On meurt deux fois en ce bas monde : La première, en perdant les faveurs de Vénus.

Peu m'importe de la seconde : C'est un bien quand on n'aime plu s.

Sa préface, comme tous les discours précédant ses œuvres, est empreinte de fausse modestie : « ...

il a fallu enfin être tout à la fois et l'Ésope et le La Fontaine.

C'en était sans doute trop pour moi; il ne serait pas juste que j'égalasse ni l'un ni l'autre».

Son dessein est qu'. »

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