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« Hommage à la vie », Poèmes (1939-1945), Jules Supervielle

Publié le 22/02/2012

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Introduction : Hommage à la vie est un poème de 40 vers de 6 syllabes en une seule strophe. Il est structuré par l'anaphore de l'expression « c'est beau », ligne 1, qui ouvre le texte et est reprise au vers 25, et par la récurrence d'infinitifs précédés de « de ». Le poème est ainsi entièrement construit sur le jugement « c'est beau », suivi d'une longue énumération d'éléments coordonnés par « et ». La même idée se formule donc en une multitude de variations, même structure mais domaines différents envisagés. L'ensemble, qui définit la diversité des relations entre le locuteur (ou l'homme en général, car rien n'est précisé) et le monde environnant peut-être compris comme différentes manières de caractériser la vie, son charme, son déroulement, ses divers aspects. Les références aux mots, aux langages laissent aussi penser que celui qui parle, le poète, envisage son propre rôle et présente parallèlement à l'hommage à la vie un véritable hommage à la poésie. La lecture analytique du texte pourra analyser l'expression des liens entre le locuteur et le monder pour montrer comment cette relation dans sa simplicité mais aussi dans sa richesse peut définir la poésie.
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« l'âge.

Cette relation de temps est contenue dans les variations temporelles (infinitifs présents, passés) et peutlaisser penser que le poète détient la maîtrise du temps, du moins le pouvoir sur les mots. b) Le mondeDe manière très globale, le monde est l'objet d'une découverte, d'une prise de possession même si cette démarche,exprimée au v.

6, « se poser sur le monde », implique une miniaturisation, avec la pomme : « Comme sur unepomme » v.

7.

Le terme « monde » est repris au v.

14 « Le monde à sa mémoire » et est pris aussi sous une formelimitée dans l'image « des continents » v.

20.

Ce texte est une sorte de géographie d'un monde familier soudainréduit à des proportions enfantines.

On peut aussi rapprocher au monde les différences entre la Lune et le Soleil,références à des images connotant le jour et la nuit, ce qui complète l'image cosmique.

Le rapprochement au mondes'effectue à travers tous les découpages du temps, la lumière, les significations mythologiques qui se rattachent auxastres lumineux et mystérieux. c) Les gensLes gens ne sont pas absents du poème, d'abord parce qu'il est constamment question de l'être humain, ensuiteparce que les gens apparaissent directement au v.

18 : « femme, enfants », c'est une véritable démarche decréation avec l'être humain comme si justement les femmes et les enfants étaient indissociables de l'universlumineux, familier, sensible, beau qui est ici évoqué par le poète. Une première lecture du poème conduit à découvrir une définition de la vie comme un acte de connaissance, dereconnaissance, de découverte et d'acceptation du monde dans une constante situation de réciprocité. L'intégration des éléments du monde, inscrite dans une durée, se complète d'un attachement, d'un enregistrement(mémoire), de nominations (mots), d'accord profond entre les divers éléments du monde. On pourrait penser que le poète énumère, sous une forme métaphorique, les différentes étapes de la vie avec letemps, la patience que nécessite un tel déroulement.

On observe une constante référence aux mots, ce qui conduità penser que la poésie détient les mêmes capacités que le temps.

En ce sens, l'hommage à la vie devient unhommage à la poésie.

Celle-ci est capable d'intégrer le monde et de le rendre familier par les mots et les images. III.

Un hommage à la poésieDans la succession des actions qui définissent la vie comme une relation de découverte et d'intégration du monde, ilest question des mots.

La fin du poème fait de la vie un monde intégré par les mots, faisant ainsi se rejoindre vie etpoésie. a) La référence aux motsLa première allusion directe se trouve v.

17-18 « d'avoir donné visage à ces mots » : les mots sont présentés alorscomme ayant une existence à laquelle la vie se charge de donner un sens.

Aux vers 33 à 35, il est de nouveauquestion des mots présentés comme des éléments vivants prêts à être utilisés, offerts comme dans l'attente d'unedestination, d'un emploi.

Ils sont donc mis exactement sur le même plan que les différentes réalités du monde et leurdécouverte comme leur utilisation permet de définir un aspect de la vie.

On peut alors à partir du verbe « choisir »v.

35 définir ce que sont le rôle et la vie du poète. b) Le poète et les motsLe poète est celui qui donne visage aux mots et par cette démarche subtile de personnification, apparaît comme lemagicien qui relie signifiant et signifié, révèle les sens et les sons, dépasse l'arbitraire, joue sur l'aléatoire.

En cesens, on peut dire que le poète a le privilège d'entretenir avec le monde une relation de compréhension etd'explicitation que ne possèdent pas les autres hommes.

Et l'on peut penser que toute la démarche explicitée dans"Hommage à la vie" définit bien plus que la vie elle-même parce qu'elle nécessite non seulement les clés du langagemais une aptitude à saisir les relations complexes et réciproques entre les éléments du monde d'une part et entre lemonde et l'homme d'autre part.

Il faut alors voir dans la poésie non le compte rendu d'une expérience de découvertemais l'instrument même de la découverte au moment où elle se fait.

L'emploi des temps est particulièrementrévélateur dans ce texte : l'alternance passé/présent et l'utilisation du passé dans la dernière affirmation v.

39 « del'avoir enfermée » souligne le point d'aboutissement de la démarche poétique et son résultat, l'existence d'un texteou d'une œuvre de célébration ou de définition de la vie. c) La mise en forme poétiqueSi la poésie célèbre la vie et se confond avec elle, c'est parce que l'hommage à la vie a pris une forme poétique.

Ilconvient alors d'analyser en quoi le texte hommage à la vie et à la poésie est l'œuvre d'un poète selon la conceptionde Supervielle.

On peut tout d'abord remarquer la forme choisie, des vers courts et bien rythmés et le choix d'unetechnique d'énumération qui donne l'impression d'un cheminement progressif ponctué par les coordinations d'undébut, la naissance de la vie qui coïncide avec le début du poème, jusqu'à la définition de la démarche. On peut ensuite être attentif à tout ce qui, par le jeu des figures d'analogie, associe des éléments pourtantdifférents : métaphore, « loger le temps » v.

3, « coups de rame » v.

22, « âme [...] effaroucher » v.

21-23, « sangnoir » v.

30, faire la fête aux mots v.

33 à 36, des comparaisons, « comme des familiers » v.

10, « comme un claircavalier » v.

15, les rapprochements constants d'éléments cosmiques et familiers, passage d'un monde à un autrepar le biais d'image.

La démarche mise en jeu est celle qui consiste à fêter les mots en les inscrivant dans desfaisceaux de significations qui dans un mouvement de réciprocité les enrichissent et révèlent leurs richesses.

En. »

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