Homère l'odyssée, la tempête

« /dans le bateau » (X) → parce qu’elle ponctue le récit - Motif récurrent , la tempête ponctue le récit enchâssé de ses aventures par Ulysse aux chants IX , X et XII ; et est présente au chant V ; il n’est pas un chant concernant le retour d’Ulysse à Ithaque qui en soit exempt , à l’exception du chant XI qui se passe au pays des morts et du chant XIII , parce que la tempête ultime décrite au chant V , signale la fin des épreuves .

La mer n’est plus un espace redoutable quand on revient sur un « des prompts vaisseaux » des Phéaciens « plus vifs que l’aile ou la pensée » et la traversée d’Ulysse sur la mer apaisée en témoigne : « sa course était égale et sûre » ; « il divisait les vagues de la mer / emportant ce héros sage comme les dieux /qui avait tant souffert d’angoisses dans son cœur /dans la bataille humaine et dans la douloureuse houle : / il dormait immobile , toutes souffrances oubliées.

»XIII Car , si l’on excepte ce chant XIII , où le sommeil d’Ulysse « profond et pareil au sommeil de la mort » fait passer le héros d’un espace à l’autre , d’un monde à l’autre , comme dans un rêve , la mer , « la saumure » , est un espace hostile parce qu’il est le lieu où s’enracine l’épopée .

2- Fonction épique - La tempête révèle le merveilleux du poème – → parce qu’elle est toujours imputée à un dieu ou à la fatalité : elle révèle un monde habité par un pouvoir surhumain qui pèse sur les hommes , à la fois jouets de leur destinée et des dieux , de leur colère .Elle est le fruit d’une vision mythologique du monde . IX : « la fatalité de Zeus » fait d’Ulysse et de ses marins des « maudits » , dans leur revers chez les Cicones . Logiquement la tempête qui se lève est attribuée par le héros « au Rassembleur des nuées » , à Zeus.

Ulysse exprime la faiblesse de l’homme face à la toute-puissance qui se lit dans le déchaînement des éléments.

La même fatalité est à l’œuvre lors de l’ouverture de l’outre des vents au chant X : « Je restai , je subis » dit le héros.

Mais la tempête est aussi expression de la colère , celle de Poséidon , à l’encontre d’Ulysse , au chant V , qui , armé de son trident « rallia les nuages , troubla la mer », parce qu’il avait mutilé son fils Polyphème au chant IX ; celle de Zeus , armé du foudre , qui punit le massacre des vaches du Soleil en foudroyant le navire et tout son équipage , sauf le héros . (XII) → parce qu’elle est déchaînement des éléments naturels et agrandissement épique : les hyperboles sont nombreuses : « vagues énormes » , « lame » qui s’abat « terriblement » ; « vents accourus en tempête , /terribles » ; « bourrasque inouïe » ; la houle dans sa force « démembre » le navire.(V) Les dieux règnent sur les éléments : Zeus sur la terre et le ciel ; Poséidon sur la mer.

→ parce que cet espace maritime est mis sur le même plan que l’espace de Troie par le poète : l’épopée s’y enracine : « dans la bataille humaine et dans la douloureuse houle.

» lit-on au chant XIII .

La tempête est une épreuve comme les escales le sont et certaines embûches de la route du retour , comme l’île des sirènes ,Charybde et Scylla au chant XII.. »