Histoire d'un voyage en terre du Brésil
Publié le 20/01/2013
Extrait du document
«
Dans un premier temps, Jean de Léry cherche à démontrer par des faits objectifs ce qu’il a pu
constater en vivant parmi les Tupinambas pendant un an.
Néanmoins, c’est aussi l’occasion de
remettre en cause la vision stéréotypée que les Européens peuvent avoir de ces peuplades.
Les
procédés d’argumentation vont se modifier.
La rencontre avec le Sauvage devient l’occasion de remettre en question les frontières de l’humanité.
Les rituels et coutumes sauvages fascinent les humanistes du XVIème siècle.
Jean de Léry avoue
regretter de ne pas vivre parmi les sauvages, figurant ainsi son attachement à ces individus aux mœurs
parfois déroutantes.
Sa fascination et son enthousiasme pour les Tupinambas est suggérée par
l’énumération des comparatifs de supériorité ainsi que les adjectifs mélioratifs : « plus forts, plus
robustes, et replets, moins sujets à la maladie » ; « il n’y a presque pas de boîteux, de manchots,
d’aveugles , de borgnes, contrefaits ni maléficieux entre eux ».
Leurs corps semblent donc à la limite
de la perfection, humanité idéale rappelant l’âge d’or chez les Grecs, et dotés d’une longévité
exceptionnelle : « plusieurs parviennent à l’âge de cent ou cent vingt ans », « peu y en a qui en leur
vieillesse aient les cheveux ni blancs ni gris ».
L’allusion à la fontaine de Jouvence ( moyen –âge :
fontaine ramenant à la jeunesse tout vieillard qui s’y plonge) confirme l’idée d’un paradis d’une
éternelle jeunesse.
De surcroît, l’évocation de la nudité renforce cette idée.
Nous sommes dans la
réécriture mythique du paradis originel.
Dans l’imaginaire Européen, la nudité symbolise un
interdit ( référence à « la Genèse dans la Bible et au pêché originel), alors que l’idée de pêché semble
complètement inconnue des peuples sauvages.
L’auteur y fait allusion de manière explicite : « sans
cacher aucune partie de leur corps , sans montrer aucun signe d’en avoir honte ni vergogne ».
Les
adverbes négatifs « sans » , utilisés à deux reprises , ainsi que « ni » suggèrent que cette coutume est
habituelle et naturelle.
L’adverbe « coutumièrement » et « ordinairement » renforce cette idée.
La
comparaison « aussi nus que s’ils sortaient du ventre de leur mère » confirme leur innocence.
La
nudité physique du sauvage traduit plus largement sa virginité, sa pureté.
Il n’a pas connaissance des
vices et des mauvaises passions à la différence de l’Européen : La gradation « rien de tout cela ne les
tourmente moins encore les domine et passionne » corrobore cette hypothèse.
En outre, se dégage de
cet extrait une harmonie entre hommes et nature.
La répétition de l’adjectif « bon » dans « bon air,
bonne température »,ainsi que l’image des prairies fertiles « les champs sont toujours verdoyants »,
accentué par l ’adverbe « toujours » montrent un état de bonheur permanent.
Le mythe du bon
sauvage se dessine déjà dans ce texte.
Jean de Léry conteste la vision stéréotypée des Sauvages que peuvent avoir les Européens.
Il remet
ainsi en question plusieurs légendes qui circulent dans la France de l’époque par voie d’imprimerie.
Le
préjugé de l’apparence physique apparait comme le plus tenace.
Des lignes 4 à 8, l’auteur utilise des
tournures négatives » n’étant point plus grands, plus gros ou plus petits de stature que nous sommes
en Europe », « n’ont le corps ni monstrueux, ni prodigieux » qui visent à fustiger des idées préconçues
, de manière implicite.
Ici, Jean de Léry cherche à convaincre par la voie de la raison avec des
éléments objectifs.
Les procédés de parallélismes de construction « plus grands , plus gros, plus
petits » , « ni monstrueux , ni prodigieux » permettent de convaincre le destinataire.
Les antithèses
« grands/ petits » et « monstrueux/ prodigieux » sont des figures d’opposition qui favorisent la
confrontation des points de vue divergents.
En revanche, l’auteur fait référence de façon explicite aux
à priori des Européens : « cependant, tant s’en faut, comme aucuns(=certains) pensent et d’autres le
veulent faire croire qu’ils soient velus ni couverts de leurs poils ».
Ici, l’écrivain voyageur se fait plus
incisif avec une sorte d’interpellation du destinataire, que l’on retrouve aussi dans « comme vous le
diriez des Espagnols ou des Provençaux ».
On peut donc affirmer que tout au long de cet extrait ,
l’auteur construit un réquisitoire contre les Européens .
Il procède en suivant un mode
d’argumentation indirect et permet de porter un regard critique sur la société contemporaine à son
auteur.
En effet, l’éloge des Sauvages peut se lire comme un blâme de la civilisation européenne..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Commentaire composé chapitre VIII "Histoire d'un voyage fait en la terre du brésil" de Jean de Léry
- Explication de texte, extrait de Histoire d'un voyage en terre de Brésil, de Jean de Léry: Début du chapitre IV : "Pour retourner à notre navigation... plustot qu'ils ne feront en l'eau douce."
- extrait de Voyage en terre du Brésil de Jean De Léry
- JEAN DE LERY: HISTOIRE D'UN VOYAGE FAICT EN LA TERRE DU BRESIL
- Étudier différentes représentations de la Terre 2 Objectifs o Mettre en relation le perfectionnement des cartes avec la découverte du monde (en histoire).