Devoir de Philosophie

Histoire d'un voyage en terre du Brésil

Publié le 20/01/2013

Extrait du document

histoire
LECTURE ANALYTIQUE histoire d'un voyage fait en la terre de Brésil ( 1578) Jean de Léry Après la découverte en 1492 du « nouveau monde « , par Christophe Colomb, les voyages de découvertes se multiplient et deviennent rapidement des voyages de conquêtes. Le contact avec les civilisations différentes, leurs richesses et les massacres commis par les Européens provoquent un véritable choc culturel, philosophique et religieux. Jean de Léry publie à son retour du Brésil ,Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil , devenue un modèle de récit de voyage humaniste. Il est considéré comme un précurseur de l'ethnologie. Nous montrerons que cet extrait est un genre argumentatif qui permet de porter un regard différent sur notre « alter ego «. Dans un premier axe nous examinerons un témoignage scientifique puis dans un second axe, nous verrons que le « sauvage « est le miroir inversé de l'Européen. Jean de Léry peut être considéré comme le premier ethnologue , bien avant Claude Lévi-Strauss. Il s'intéresse aux populations rencontrées. Toute forme de « folklore « est absente de ce texte et donne à voir le corps du sauvage dans son authenticité. On remarque que l'auteur décrit les Sauvages en suivant un ordre logique. En effet, chaque paragraphe correspond à une visée précise. Des lignes 1 à 21, l'auteur se consacre à une description minutieuse du corps des Sauvages, puis de la ligne 22 à 24, il fait allusion à leur couleur naturelle. Entre les lignes 25 et 40, il propose un développement sur leur nudité. Enfin, le dernier paragraphe est une analyse de la scarification propre aux Sauvages. Cette structure est rendue possible grâce à la récurrence de connecteurs argumentatifs : « en premier lieu, donc, bien(= au contraire) , combien que (=même si), non seulement...mais aussi, quant à , cependant, outre plus (= de plus) « , garantissant la progression du raisonnement. Certaines propositions font référence de manière plus explicite au caractère démonstratif de cette description : « comme je le montrerai encore plus amplement après «. la démonstration est une stratégie argumentative qui vise à l'objectivité. Démontrer implique un raisonnement fondé sur des faits vérifiables, des données objectives, des arguments irréfutables de type scientifique par exemple. La rigueur de la d&eac...
histoire

« Dans un premier temps, Jean de Léry cherche à démontrer par des faits objectifs ce qu’il a pu constater en vivant parmi les Tupinambas pendant un an.

Néanmoins, c’est aussi l’occasion de remettre en cause la vision stéréotypée que les Européens peuvent avoir de ces peuplades.

Les procédés d’argumentation vont se modifier. La rencontre avec le Sauvage devient l’occasion de remettre en question les frontières de l’humanité.

Les rituels et coutumes sauvages fascinent les humanistes du XVIème siècle.

Jean de Léry avoue regretter de ne pas vivre parmi les sauvages, figurant ainsi son attachement à ces individus aux mœurs parfois déroutantes.

Sa fascination et son enthousiasme pour les Tupinambas est suggérée par l’énumération des comparatifs de supériorité ainsi que les adjectifs mélioratifs : « plus forts, plus robustes, et replets, moins sujets à la maladie » ; « il n’y a presque pas de boîteux, de manchots, d’aveugles , de borgnes, contrefaits ni maléficieux entre eux ».

Leurs corps semblent donc à la limite de la perfection, humanité idéale rappelant l’âge d’or chez les Grecs, et dotés d’une longévité exceptionnelle : « plusieurs parviennent à l’âge de cent ou cent vingt ans », « peu y en a qui en leur vieillesse aient les cheveux ni blancs ni gris ».

L’allusion à la fontaine de Jouvence ( moyen –âge : fontaine ramenant à la jeunesse tout vieillard qui s’y plonge) confirme l’idée d’un paradis d’une éternelle jeunesse.

De surcroît, l’évocation de la nudité renforce cette idée.

Nous sommes dans la réécriture mythique du paradis originel.

Dans l’imaginaire Européen, la nudité symbolise un interdit ( référence à « la Genèse dans la Bible et au pêché originel), alors que l’idée de pêché semble complètement inconnue des peuples sauvages.

L’auteur y fait allusion de manière explicite : « sans cacher aucune partie de leur corps , sans montrer aucun signe d’en avoir honte ni vergogne ».

Les adverbes négatifs « sans » , utilisés à deux reprises , ainsi que « ni » suggèrent que cette coutume est habituelle et naturelle.

L’adverbe « coutumièrement » et « ordinairement » renforce cette idée.

La comparaison « aussi nus que s’ils sortaient du ventre de leur mère » confirme leur innocence.

La nudité physique du sauvage traduit plus largement sa virginité, sa pureté.

Il n’a pas connaissance des vices et des mauvaises passions à la différence de l’Européen : La gradation « rien de tout cela ne les tourmente moins encore les domine et passionne » corrobore cette hypothèse.

En outre, se dégage de cet extrait une harmonie entre hommes et nature.

La répétition de l’adjectif « bon » dans « bon air, bonne température »,ainsi que l’image des prairies fertiles « les champs sont toujours verdoyants », accentué par l ’adverbe « toujours » montrent un état de bonheur permanent.

Le mythe du bon sauvage se dessine déjà dans ce texte. Jean de Léry conteste la vision stéréotypée des Sauvages que peuvent avoir les Européens.

Il remet ainsi en question plusieurs légendes qui circulent dans la France de l’époque par voie d’imprimerie.

Le préjugé de l’apparence physique apparait comme le plus tenace.

Des lignes 4 à 8, l’auteur utilise des tournures négatives » n’étant point plus grands, plus gros ou plus petits de stature que nous sommes en Europe », « n’ont le corps ni monstrueux, ni prodigieux » qui visent à fustiger des idées préconçues , de manière implicite.

Ici, Jean de Léry cherche à convaincre par la voie de la raison avec des éléments objectifs.

Les procédés de parallélismes de construction « plus grands , plus gros, plus petits » , « ni monstrueux , ni prodigieux » permettent de convaincre le destinataire.

Les antithèses « grands/ petits » et « monstrueux/ prodigieux » sont des figures d’opposition qui favorisent la confrontation des points de vue divergents.

En revanche, l’auteur fait référence de façon explicite aux à priori des Européens : « cependant, tant s’en faut, comme aucuns(=certains) pensent et d’autres le veulent faire croire qu’ils soient velus ni couverts de leurs poils ».

Ici, l’écrivain voyageur se fait plus incisif avec une sorte d’interpellation du destinataire, que l’on retrouve aussi dans « comme vous le diriez des Espagnols ou des Provençaux ».

On peut donc affirmer que tout au long de cet extrait , l’auteur construit un réquisitoire contre les Européens .

Il procède en suivant un mode d’argumentation indirect et permet de porter un regard critique sur la société contemporaine à son auteur.

En effet, l’éloge des Sauvages peut se lire comme un blâme de la civilisation européenne.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles