HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE POUR ENFANTS
Publié le 21/11/2011
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C'est dans une perspective historique et sociologique qu'il faut donc examiner l'apparition et les différents développements du livre pour enfants, sans s'étonner d'apprendre qu'il n'a pas toujours existé. Car il faut envisager en fonction de son public, public entièrement dépendant de l'évolution sociale. Autant et mieux encore que celle du jouet, l'histoire de la littérature pour enfants révèle les
aspirations et les mythes qui constituent nos mentalités. Cette histoire est longue. Elle a commencé bien avant que l'idée de l'enfance s'impose clairement Elle a subi des moments d'épanouissement et des éclipses dont il est intéressant d'examiner les causes. Liée à l'histoire du livre, elle représente un phénomène culturel non négligeable. L'importance qu'elle prend aujourd'hui reflète au plus près tous les désirs, tous les espoirs et toutes les contradictions que nous mettons dans ce mot : Enfance.
«
nies et assorties de signes positifs.
On abandonne
la reproduction miniaturisée du modèle adulte pour
créer
un outil spécifique, d'abord réservé aux seuls
enfants, bientôt recherché par les adultes en quête
de l'état d'enfance.
Autrefois l'enfant rêvait de devenir roi, c'est-à-dire adulte.
Aujourd'hui l'adulte
rêve de devenir roi, c'est-à-dire enfant
C'est dans une perspective historique et sociolo
gique qu'il faut donc examiner l'apparition et les
différents développements du livre pour enfants,
sans s'étonner d'apprendre qu'il n'a pas toujours
existé.
Car il faut envisager en fonction de son
public, public entièrement dépendant de l'évolution
sociale.
Autant et mieux encore que celle du jouet,
l'histoire de la littérature pour enfants révèle
les aspirations et les mythes qui constituent nos men
talités.
Cette histoire est longue.
Elle a commencé
bien avant que l'idée de l'enfance s'impose claire
ment Elle a subi des moments d'épanouissement et
des éclipses dont
il est intéressant d'examiner les
causes.
Liée à l'histoire du livre, elle représente un
phénomène culturel non négligeable.
L'importance
qu'elle prend aujourd'hui reflète au plus près tous
les désirs, tous les espoirs et toutes les contradic
tions que nous mettons dans ce mot : Enfance.
Les précurseurs
Parmi les premiers livres qu'on ait donnés aux
enfants il y eut certainement les traductions de Plu tarque.
Mais la volonté de leur présenter un ouvrage composé véritablement à :eur intention apparaît
en Europe au milieu du XVII• siècle.
Le plus
remarquable de ces ouvrages est l'Orbis Pictus de
Comenius.
J.
Amos
COMENIUS était un évêque
morave, originaire du pays qui est actuellement la Tchécoslovaquie, et un des fondateurs de la culture
tchèque.
Persécuté à différentes reprises, il parcou
rut l'Europe pendant la guerre de Trente Ans, lutta
sans répit pour une éducation meilleure, réclamant
pour l'enfant plus de connaissances et des connais
sances plus claires.
Il a composé, en tchèque, un
traité pédagogique, Didactica Magna, puis cet
ouvrage, d'une si frappante originalité pour l'épo
que :
Orbis Pictus (1657).
C'est un alphabet, un traité de morale, une histoire naturelle, mais, sur
tout, c'est un livre d'images.
L'idée fondamentale,
et combien moderne, de Comenius était que toute
chose nommée devant l'enfant devait lui être égale
ment montrée.
Orbis Pictus est ainsi le premier
livre illustré pour enfants.
Comenius d'ailleurs tra
vailla à l'illustration avec un soin particulier.
Les
gravures furent réalisées à Nuremberg, sous son
contrôle, par un artiste allemand.
Dans l'esprit uni
versel et cosmique de la Renaissance, dont
il est
l'héritier direct, défilent, sous les yeux de l'enfant,
le monde et ses merveilles et l'explication des phé
nomènes naturels en images commentées, pendant que
le « Puer » apprend du « Magister • à
penser
justement
La littérature enfantine écrite est définitivement
constituée avec
BUNYAN(1628-l688) et FENELON (1651-1715).
Dans The Pilgrim's progress (le Voyage du Pèlerin) (1676-1678), dans les Fables et le Télémaque (1699), ils se servent du conte comme
d'un support commode à l'enseignement moral et
religieux.
Mais l'enseignement passe avant le conte
qui est réduit à l'allégorie.
Si Fénelon n'eut jamais
un public enfantin, il n'en a pas été de même pour
Bunyan.
Les aventures édifiantes de Christian, le héros du Pilgrim's progress, ont passionné des
générations d'enfants et imprégné la littérature
enfantine, principalement américaine, de puritanis
me et de sens pratique.
C'est
LOCKE (1632-1704) qui, dans les Pensées
sur l'éducation (1690), considère pour la première
fois l'enfant, non point comme un homme en
miniature, mais comme un être d'une espèce parti
culière, qui doit
se développer selon- des normes
propres qui sont celles de son âge.
Avant Rous
seau, qui
le réfute mais qui lui doit beaucoup, il introduit dans l'éducation la notion de liberté.
Il
traite du problème de la lecture et s'y montre singu
lièrement compréhensif.
Il conseille des lectures
variées, note l'intérêt de l'enfant pour les animaux,
et, partant, lui fait lire
ESOPE et le Roman de Renart.
Quant à Rousseau, qui sur tant de points se montre autrement hardi que Locke, il était à pré
voir qu'il se défiât de la lecture et voulût en préser
ver Emile le plus longtemps possible.
En fait il ne lui accorde qu'un seul livre : Robinson Crusoé.
Malheureusement les gouvernantes françaises
et anglaises, disciples de Rousseau et de Locke,
vont interpréter leur enseignement de la manière la
plus étroite qui soit, c'est-à-dire en opposant,
de façon systématique, l'imagination à la raison et à
la recherche de la vérité.
Une de ces éducatrices,
Mme LEPRINCE de BEAUMONT (1711-1780),
Française vivant en Angleterre, joignait à une réel
le sensibilité un certain tact littéraire qui lui ont
permis de donner du vieux conte de fées tradition nel de La Belle et la Bête, une version élégante et
pure.
Mais le reste de son œuvre immense : le Magasin des erlfants (1757), la Bibliothèque ins
tructive (1760), les Lettres curieuses et amusantes, le Mentor moderne (1770) etc.
révèle une grande
pauvreté d'imagination, un souci de moraliser et un
abus
de l'allégorie qui les rendent actuellement illi
sibles.
Mme
de GENLIS (17 46-1830) dans Adèle et
Théodore (1782) et les Veillées du Chateau (1784)
fait preuve d'un didactisme aussi maladroit qu'inef
ficace.
Elle
déclare:« Je ne donnerai à mes enfants ni les contes de fées, ni les Mille et une nuits »..
»
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