HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE DE SCIENCE-FICTION
Publié le 23/11/2011
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Les utopies célèbres du XVIe siècle, celle de T. Moore (1516) et du XVIIe siècle, la Cité du Soleil (1602) de Campanella et la Nouvelle Atlantide (v. 1623) de F. Bacon restent encore loin de notre sujet. L'Histoire comique de Francion (1623) de C. Sorel (1602 - 1674) s'en rapproche davantage. Mais c'est dans l'ouvrage posthume de F. Godwin (1562 - 1633), l'Homme dans la Lune (1638), qu'on trouve le thème du voyage interplanétaire et celui de la colonisation lunaire que Cyrano de Bergerac (1619 - 1655) allait porter le premier à la perfection dans son Histoire comique contenant les Etats et Empires de la Lune (1657) et dans son Fragment d'histoire comique ( ... ) contenant les Etats et Empires du Soleil (1662). A l'aube du rationalisme l'esprit curieux de Cyrano eut une importance que masque de nos jours l'image du bretteur au long nez immortalisé par E. Rostand. A la même époque se situe le premier voyage dans le temps, dans Epigone de J. Guttin, publié en 1659. Il ne devait pas être le dernier !
«
LES ANCETRES DE LA SF
On peut faire remonter fort loin les débuts de la SF, à condition de lui donner le nom d'utopie ou
celui de voyages « extraordinaires ».
Ces utopies
existent depuis plusieurs millénaires.
Le XIX• siè
cle, ses inventions, sa révolution industrielle n'ont
fait que modifier leur forme, non leur esprit.
Tout
était déjà en germe dans les siècles précédents : en
1659 Cyrano de Bergerac emmenait ses lecteurs
sur
la lune, en 1619 Johann Valentin Andreae
inventait, dans Christianopo/is, le C.N.R .S ..
Dès
1775 Louis-Guillaume de la FoUie précisait, dans la préface de son roman le Philosophe sans préten
tion, les buts de l'anticipation scientifique.
Sans insister sur le caractère troublant de cer
tains récits bibliques (cf.
J.
Sandy, la Lune, clé de la Bible, JL, 1969), sans aller jusqu'à voir, comme
certains le font, dans la Bète de l'Apocalypse une
fusée interplanétaire et dans la Tour de Babel une
rampe de lancement, force nous est de constater
que, dès
le m• millénaire avant notre ère, l'Epopée de Gilgamesh, poème anonyme sumérien, entraîne
son héros dans une île fabuleuse à la recherche de l'immortalité.
Nous n'insisterons guère non plus
sur le caractère des poèmes homériques, notam
ment sur
l'Odyssée, dont les ressemblances avec un
récit de SF sont souvent frappantes.
En revanche, il faut attirer l'attention sur des écrivains grecs injus
tement méconnus : Théopompe de Chio décrit dans
son
Recueil des choses merveilleuses (dont nous
possédons le résumé par Elien) la Te"e des Méro
pes dont Silène aurait confié le secret au roi
Midas ; le fabuleux Evhémère de Messénie (III• siè
cle av.
J.-C.) a développé aussi, dans sa Relation
sacrée, le mythe des îles bienheureuses, mythe qui
inspirera toute la littérature gréco-latine, jusqu'aux
poètes augustéens.
Les
« terres du ciel » sont aussi au centre de
récits bien anciens .
Déjà dans ses conjonctures Sur les Hyperboréens l'historien grec du m• siècle,
Hécatée d'Abdère, mentionne l'existence d'une île
très proche de la lune
et située aux confins de la
terre.
Mais c'est à Lucien de Samosate qu'on doit
le premier
« Space Opera » : dans son Histoire véri table, composée vers 180 ap.
J.-C., apparaissent,
pour la première fois, des extraterrestres.
Les
Lunaires livrent une gigantesque bataille aux Solai res aidés d'autres races galactiques.
Le millénaire qui suit porte l'empreinte du chris
tianisme hostile aux utopies de toutes sortes.
Il faut
attendre le
XIII• siècle pour retrouver, à travers les
récits d'un grand voyageur, le Vénitien Marco Polo (1254- 1324) la légende des «îles mâles et femel
les • mèlée à d'autres histoires merveilleuses.
Son
contemporain, l'Anglais Sir John Mandeville (env.
1300- 1372) fait, en français, le récit de ses Voya
ges en 1371, étonnant recueil de tous les« Mirabi
lia • de l'Antiquité.
Si Rabelais, en 1532, n'a pas
donné suite à son projet d'envoyer Pantagruel sur
la lune, un demi siècle plus tard, en 1595, la Satire
Ménippée se vit enrichie d'un supplément bizarre :
le premier voyage en langue française sur la lune.
Son titre ? Supplément du Catholicon ou nouvelles des régions de la Lune.
Les utopies célèbres du XVI• siècle, celle de T.
Moore (1516) et du XVII• siècle, la Cité du Soleil (1602) de Campanella et la Nouvelle Atlantide (v.
1623) de F.
Bacon restent encore loin de notre
sujet.
L'Histoire comique de Francion (1623) de C.
Sorel (1602 -1674) s'en rapproche davantage.
Mais c'est dans l'ouvrage posthume de F.
Godwin
(1562 -1633),
l'Homme dans la Lune (1638),
qu'on trouve le thème du voyage interplanétaire et
celui de
la colonisation lunaire que Cyrano de Ber
gerac (1619 - 1655) allait porter le premier à la
perfection dans son Histoire comique contenant les Etats et Empires de la Lune (1657) et dans son Fragment d'histoire comique ( ...
) contenant les Etats et Empires du Soleil (1662).
A l'aube du
rationalisme l'esprit curieux de Cyrano eut une
importance que masque de nos jours l'image du
bretteur au long nez immortalisé par E.
Rostand.
A la même époque se situe le premier voyage dans le
temps, dans Epigone de J.
Guttin, publié en 1659 .
Il ne devait pas être le dernier !
Le XVIII• siècle s'intéresse, lui, aux voyages au
pôle nord et à la découverte de civilisations incon
nues dans les
Voyages et aventures de Jacques
Massé (1710) et dans la Vie, les aventures et le voyage de Groenland du révérend père cordelier
Pie"e de Mésange (1720) , tous deux écrits par S.
Tyssot de Patot (1655 -1728 ?).
Le centre de la Terre, avant Jules Verne, sera exploré dans le Voyage de Nicolas Klim dans le monde souterrain (1741) deL .
de Holberg (1684-1754).
Mais le thème le plus souvent traité reste le voyage dans
l'espace.
Si Micromégas (1747) de Voltaire est une
utopie philosophique, on n'en peut dire autant de la Relation du monde de Mercure (1750) du chevalier
de Béthune.
Mais le récit le plus célèbre demeure
celui
deL.
S.
Mercier, le grand auteur de SF, entre
autres, du XVIII• siècle, dans ses Nouvelles de la Lune (1788).
Déjà on songe, dans le grand public,
au voyage dans la lune: le n° 21 (octobre 1786) du
périodique « Lunes du cousin Jacques » annonce le prochain départ d'une frégate aérienne pour la
Lune » ! Il faudra attendre presque un siècle pour
que, dans De la Te"e à la Lune ( 1865), le récit
prenne une apparence plus scientifique.
Pourtant les débuts du XIX• siècle n'avaient
guère été propices à l'utopie scientifique.
Les célé-.
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