Hernani, III, 4 - Hugo (commentaire composé)
Publié le 28/05/2015
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Cette tirade fait suite à une scène de dépit amoureux, durant laquelle Hernani, se croyant évincé dans le cœur de clona Sol au profit de don Ruy Gomez, a reproché à clona Sol son attitude intéressée, l'accusant d'épouser le vieil homme par amour des richesses et des honneurs. Comprenant soudain qu'il s'est trompé (doua Sol n'aime que lui, est prête à se poignarder plutôt que de consentir à un mariage qui lui fait horreur), Hernani exprime son dégoût de lui-même et de sa promptitude à blesser autrui. (Voir résumé de la pièce, p. 18).
HERNANI
973 Monts d'Aragon! Galice! Estramadoure !
— Oh ! je porte malheur à tout ce qui m'entoure ! —
975 J'ai pris vos meilleurs fils, pour mes droits, sans remords Je les ai fait combattre, et voilà qu'ils sont morts! C'étaient les plus vaillants de la vaillante Espagne. Ils sont morts! ils sont tous tombés dans la montagne, Tous sur le dos couchés, en braves, devant Dieu,
980 Et, si leurs yeux s'ouvraient, ils verraient le ciel bleu!
Voilà ce que je fais de tout ce qui m'épouse!
Est-ce vue destinée à te rendre jalouse?
Doria Sol, prends le duc, prends l'enfer, prends le roi!
C'est bien. Tout ce qui n'est pas moi vaut mieux que moi!
985 Je n'ai plus un ami qui de moi se souvienne,
Tout me quitte, il est temps qu'à la fin ton tour vienne,
Car je dois être seul. Fuis ma contagion.
Ne te fais pas d'aimer une religion !
Oh! par pitié pour toi, fuis! — Tu me crois peut-être
990 Un homme comme sont tous les autres, un être Intelligent, qui court droit au but qu'il rêva. Détrompe-toi. Je suis une force qui va! Agent aveugle et sourd de mystères funèbres! Une âme de malheur faite avec des ténèbres!
995 Où vais je? je ne sais. Mais je me sens poussé
D'un souffle impétueux, d'un destin insensé.
Je descends, je descends, et jamais ne m'arrête.
Si parfois, haletant, j'ose tourner la tête,
Une voix me dit: Marche ! et l'abîme est profond,
1000 Et de flamme ou de sang je le vois rouge au fond!
Cependant, à l'entour de ma course farouche,
Tout se brise, tout meurt. Malheur à qui me touche!
Oh! fuis! détourne-toi de mon chemin fatal,
Hélas! sans le vouloir, je te ferais du mal!
Un aveu indirect. Hernani s'efforce de brosser un auto-portrait peu attirant. Mais la tirade, même si elle s'efforce de démonter les rouages du personnage, de son destin, dit avec plus de vigueur l'amour qu'une déclaration en bonne et due forme. L'amour est présent dans la générosité du héros, son refus d'entraîner l'autre à sa perte. Aussi la tentative d'arrêter la passion est-elle désespérée. Les deux amants sont déjà engagés trop loin et les mots ici masquent à peine l'impuissance du langage devant les mouvements du coeur.
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