HELVÉTIUS Claude Adrien : sa vie et son oeuvre
Publié le 15/12/2018
Extrait du document
HELVÉTIUS Claude Adrien (1715-1771). Fermier général devenu philosophe, grand bourgeois nanti dans un monde encore féodal, Helvétius a vécu socialement au confluent de l’Ancien Régime et d’un monde nouveau dominé par la grande bourgeoisie financière. Libre de tout souci d’argent, il a mis son esprit, ses lectures au service de l’humanité, persuadé que les temps étaient venus où l’on pouvait enfin élaborer comme une physique expérimentale une science du bonheur, une science de la morale, laquelle est inséparable pour lui de la politique, qui elle-même repose sur la législation. Classé parmi les matérialistes parce qu’il pose à l’origine de tout la sensation, il ne soulève en fait jamais le problème de Dieu, les lois de Newton lui semblant suffisantes pour expliquer le monde. Intellectuellement, il s’en tiendra à un matérialisme fondé sur l’intérêt et l’éducation, restant étranger à la vision de la matière issue, après 1750, des progrès de la chimie et de la biologie.
Originaire du Palatinat comme celle du baron d’Holbach, la famille Schweitzer, ayant latinisé son nom en Helvétius, s’est réfugiée en Hollande au temps de la Réforme. Elle donne naissance à une lignée de médecins, dont le père de Claude Adrien, premier médecin de la reine Marie Leczinska. Une reine comme protectrice, un oncle directeur des Fermes, belle corbeille de fées. A vingt-trois ans, en 1738, Claude Adrien est déjà fermier général. Conscient des abus de ce système, mais ayant accumulé une imposante fortune, il renonce à sa charge en 1750, épouse en 1751 Mlle de Ligniville d’Autricourt,
«
la
vivacité, la générosité spontanée.
Installée à Auteuil
qu'elle ne quitte plus jusqu'à sa mort en 1800, elle y a
tenu, au milieu de ses nombreux amis, un salon qu'ont
illustré Turgot, Franklin, Chamfort, Cabanis, et même,
au retour de la campagne d'Égypte, Bonaparte.
Là s'est
formé, postérité de la pensée d'Helvétius, l'esprit des
Idéologues (voir IDÉOLOGUES).
De l'esprit.
-"Dis co urs prem ier: De l'esprit en lui
même ».
To utes nos facultés ont pour origine la sensibilité
physique.
mais on cro it trop aisément que tout ce que l'o n
voit est tout ce qu'on peut voir.
l'ignorance est la principale
cause de nos err eurs.
Exemp le : les différentes opinions
sur la question du luxe.
• Juger n'es t jam ais que sentir ».
« Discours second : De l'esprit par rapport à la so ciété ».
les JUgements nés de la sensibili té physique sont com
mandés par notre intérêt.
Il n'y a pas de probité absolue:
celle-ci n'est que l'« habitude des actions utiles à la
nation ».
A partir d'exemples historiques.
Helvétius essaie
de" donner des idées ne tt es et préc ises de la vertu ».
Seu
les les bonnes lois fo nt le s ho mm es ve rt ueu x : « La morale
n'est qu'une science frivole.
si l'on ne la confond avec la
politique et la législation ».
"Discours troisième : Si l'esp rit doit être considéré
comme un don de la natu re ou un effet de l'éducation.»
l 'in ég alité des esprits humains provient de l'inégal désir de
s'instruire, qui provient lui-même des passions qui nous
animent en fonction de la «se ns ib ili té physique ».
des juge
m en ts.
de notre intérêt.
Mais • to ut homme est capable du
d eg ré d'attention suffisant pour s'élever aux plus hautes
idé es».
« Di sc our s quatrième : Des différents noms donnés à
l' es pr it» .
Après une revue très précise et cla ir e de s dif fé
ren tes caté go ri e s de l'esprit.
Helvétius aborde.
dans l'im
po rtan t chapitre XVII.
la que st ion cruciale de l'éducation.
Se débarrasser de l'éd uca tio n telle que la conçoivent les
jésuites.
enseigner la langue nationale au lieu du latin, les
sciences.
etc.
Veiller d'abord à l'éducation des princes (trop
s o uven t abandonnée au hasard) puis à l'éducation publi
que.
Alors.
" les grands hommes qui maintenant sont l'ou
vrage d'u n con co urs aveugle de circonstances.
devien
draient l'ouvrage du législateur "·
cc L'amour des hommes et de la vérité n
Le souci essentiel d'Helvétius, entretenu par son hor
reur de l'ascétisme et par son refus d'une société où il
faut être« muet, sot ou menteur » pour vivre à l'abri des
persécutions, aura été le bonheur de l'humanité dans la
lumière de la vérité.
Pour cela, il est nécessaire de
connaître la nature et le fonctionnement de l'esprit
humain.
A l'origine : la(< sensibilité physique», les sen
sations et la mémoire.
L'homme est un être qui
n'éprouve d'abord que· sensations et besoins.
Tout va
découler de là, en particulier les deux moteurs de l'ac
tion : l'intérêt et les passions.
Les discours de morale ne
peuvent rien contre le mécanisme des comportements.
Il
faut d'abord comprendre ceux-ci pour ériger une morale
et une législation.
Mais aussi il faut savoir que tous les
hommes sont identiques par l'organisation; l'éducation
seule, donc l'influence des milieux selon le hasard de la
naissance, crée les différences.
L'inégalité vient du désir
inégal de s'instruire, mais, en fait, chaque homme peut
éprouver s'il le désire les mêmes passions et avoir les
mêmes idées.
L'éducation joue dans le système d'Helvé
tius un rôle fondamentaL C'est par elle que l'homme
comprendra la nécessité d'harmoniser l'intérêt particu
lier et l'.
De l'esprit et De l'homme sont incontestablement
de ces livres-là.
BlllLIOGRAPH!E
Œuvres.
-Œuvres complètes.
Liège, 1774; Paris, Did ot.
1795
(réédition à Hildesheim, 1967-1969.
7 vol., avec une préface
d'Y.
Belaval).
De l'esprit, éd.
Jacques Mou taux, Paris, Fayard.
1988; De l'homme, Paris, Fay ar d, 1989.
Une équipe dirigée par
David W.
Smith travaille depuis quel que s années à une monu
mentale édition des lettres d'H elv é ti u s.
de sa femme et de leurs
nombreux correspondants.
Parus, le vol.
1, 1737-1756, lettres
1-249 et le vol.
II, 1757-1760, lettres 250-464, Univ .
of Toronto
Press et the Voltaire Foundation, Oxford, 1981 et 1985.
A consulter.
-Saint-Lambert, Histoire de la vie et des œuvres
d'Helvétius, Pari s, 1772; A.
Keim, Helvétius, sa vie er son œuvre,
P aris , A lean, 1907; Ch.
N.
Mondj ia n , la Philosophie d'Helvétius,
Moscou, Acad.
des sciences de l'U.R.S.S., 1955; G.
Besse,
« Helv ét iu s », dans Histoire littéraire de la France, Paris , Éd.
Sociales.
1969, t.
m..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- DE L’ESPRIT. Traité philosophique de Claude Adrien Helvétius (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- HOMME, DE SES FACULTÉS INTELLECTUELLES ET DE SON ÉDUCATION (DE L'), 1772. Claude Adrien Helvétius
- SAINT-MARTIN Louis-Claude de (vie et oeuvre)
- TAILLEMONT Claude de (vie et oeuvre)
- ESPRIT (DE L’), 1758. Claude Adrien Helvétius