Hannah Arendt Eichmann à Jérusalem
Publié le 23/06/2013
Extrait du document
«
coupables d’être n és.
Il faut croire que ces juges à Jérusalem n’ont pas su saisir leur chance
historique, parce qu’ils n’entendaient juger Eichmann que pour les crimes dont il portait la
responsabilit
é à l’ égard du « peuple juif » qu’ils repr ésentaient : l’organisation, en collaboration
avec les conseils juifs, d’une
émigration forc ée, la confiscation au profit de l’ État des avoirs
juifs et l’aryanisation des entreprises juives, puis, dans les circonstances de la guerre, la
d
éportation des juifs dans toute l’Europe occup ée.
3) L
à ne peut consister une d éfinition acceptable du « crime contre l’humanit é », à moins
d’admettre que les juifs, parce qu’ils en furent les principales victimes,
étaient en tant que juifs
les plus qualifi
és pour repr ésenter à eux seuls toute humanit é digne de ce nom. On se trouverait
dans ce cas au m
ême pitoyable niveau que le Talmud, qui regarde le juif comme seul digne
d’
être appel é « homme », et ravale tous les non juifs, les goyim, au rang d’animaux.
L’extermination de juifs, mais aussi de « Polonais ou Tziganes », insiste Arendt, a constitu
é
moins un crime contre les juifs, en tant que tels, que contre l’humanit
é de toute personne, en
ayant rendu administrativement et techniquement possible de rayer de l’humanit
é des hommes,
des femmes et des enfants par millions, ce qui ne manquerait pas d’interpeller tout
être humain
qui demain, dans un avenir proche ou lointain, pourrait tr
ès bien se voir refuser à son tour, pour
telle ou telle raison, le droit d’exister.
[Conclusion partielle]
Parce qu’Eichmann
était jug é en tant que coupable de crimes contre les juifs, sa condamnation à
mort par un tribunal d’un
État proclam é comme juif était in évitable, l à où il aurait pu être
r
éellement jug é pour « crime contre l’humanit é ».
[2
ème partie : explication du second moment]
1) L’
échec à juger Eichmann pour « crime contre l’humanit é » se trouvait li é, écrit Arendt, à
l’incapacit
é de ses juges à cerner la personnalit é du pr évenu : de leur point de vue, Eichmann
comparaissait en tant que ma
ître d’œuvre du pire et du plus exceptionnel des crimes, et par
cons
équent ne pouvait être qu’un monstre ou un « pervers sadique », comme le soutenaient les
t
émoins et le procureur, ce qui ne concordait aucunement avec le portrait qui fut dress é de
l’accus
é devant le tribunal.
Tout de la biographie d’Eichmann et de son parcours dans la SS
venait
à l’ évidence d émentir le caract ère pathologique affirm é par le procureur de celui qu’on
regardait alors comme le plus grand criminel nazi encore vivant.
2) Qui plus est, dans cette logique o
ù se situaient les juges de J érusalem, il était m ême
impossible de juger Eichmann, puisque celuici comparaissait en tant que personne devant un .
»
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