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HAMEAUX - P. de La Tour du Pin, La Quête de joie

Publié le 21/02/2011

Extrait du document

joie

La pluie... et puis l'attente sur les cimes, Un ciel triste et lavé, plein de torpeur ; Un ciel triste et lavé jusqu'à la plus intime, La plus basse des régions du coeur Monter à pas de loup jusqu'à la crête, Gagner les hameaux dans l'ombre enfouis : Voici que surgit cet appel de fête, Les lampes qu'on allume pour la nuit. Il vient comme un clair reflet de fenêtres, Un rire d'enfant qui va s'endormir, Et si proche du monde avant de disparaître Dans le ciel féerique de ses désirs. Les enfants, on les entend qui s'endorment Doucement : ils doivent être envolés ; Dehors le vent de nuit fait s'agiter des formes Vagues : le vent de nuit s'en est allé... Lentement se perdent dans les abîmes D'un ciel triste et lavé, plein de torpeur, D'un ciel triste et lavé jusqu'à la plus intime, La plus basse des régions du coeur...

P. de La Tour du Pin, La Quête de joie.

Dans un commentaire composé, vous pourrez étudier, par exemple, les moyens (syntaxe, rythme, images, thèmes, etc.), par lesquels le poète crée une atmosphère et suggère un état d'âme.

REMARQUE

La Quête de Joie (1933) se présente comme une aventure intérieure de l'homme face à Dieu ; la soif d'absolu n'exclut pas l'angoisse chez Patrice de La Tour du Pin :

« J'ai des bas-fonds aussi, farouches et secrets, Des basses régions que des brouillards de rêve Isolent dans la paix fiévreuse des marais... Des pentes d'ombre et de hauts gagnages déserts. «

joie

« • Le contraste est net entre l'ombre, la nuit, et la lumière qui surgit.

Les lampes (« cet appel de fête ») et le « clairreflet de fenêtres » ont la chaleur de l'inattendu.

On pourrait se croire dans une atmosphère de conte de Noël.• Le merveilleux est enfin directement présent, avec l'allusion aux enfants qui s'envolent (vers 14), et quideviennent des « formes vagues ».

Déjà leur rire, éclatant au milieu de la nuit, revêtait un caractère extraordinaire.L'auteur emploie même le mot « féérique » (vers 12) pour désigner l'univers des rêves auquel ils sont habitués. II.

Un mouvement, une quête déçus. 1.

Un paysage triste et statique.• Les premiers mots du poème en donnent le ton ; l'impression se prolonge dans les vers suivants (« la pluie...l'attente...

un ciel triste et lavé...

la torpeur...

l'ombre...

enfouis »).• La lenteur de la première strophe s'accorde avec la sensation générale de tristesse (cf.

les points de suspension,l'expression « et puis », la reprise des termes : « un ciel triste et lavé...

la plus intime, la plus basse...

»).• La syntaxe se met elle aussi à l'unisson : cf.

les phrases nominales au début (« la pluie...

l'attente...

un ciel »),puis les simples infinitifs qui expriment les actions (« monter...

gagner ») ; on n'a pas de véritables phrases,l'absence de verbes dans un cas, de sujets dans l'autre, laissent sur une impression d'insatisfaction : la tristesse etl'apathie gagnent même la construction.• Les mouvements qui s'amorcent dans la deuxième strophe semblent étouffés par l'atmosphère générale : onbouge, mais « à pas de loup ». 2.

Un mouvement et une joie.• La tristesse est rompue : « cet appel de fête » (on note la précision• cette fois) a des échos dans les deuxième et troisième strophes.

L'ombre est écartée (par les lampes, les « clairsreflets », le rire d'enfant), et les rêves sont heureux (le « ciel féérique » s'oppose au « ciel triste » du début).• Le rythme du début est brusquement rompu (« voici que »).

Tout mouvement n'est pas absent de ces vers,comme c'était le cas dans la première strophe (« on allume...

un rire...

le vent de nuit fait s'agiter »).• La construction des phrases change, elle aussi.

Elle gagne en précision ; les verbes ont un sujet et descompléments...

(« Voici que surgit...

il vient comme un clair reflet », etc.).

On perçoit une agitation humaine dansce monde qui jusque-là était très immobile. 3.

Une quête de joie impossible.• Le haut et le bas : dans tout le poème, les mouvements alternants entre le haut et le bas sont constants (cf.l'opposition dans la première strophe entre « les cimes » et « la plus basse des régions du cœur », dans la deuxièmeentre « les crêtes » et « l'ombre », dans la troisième entre « le monde » et « le ciel »).

Mais dans l'ensemble dupoème, ce sont les régions basses qui l'emportent.

En effet, dans la première strophe, aux « plus basses régions ducoeur » faisaient tout de même pendant les cimes du vers 1.

Dans la dernière strophe, les « abîmes » remplacent lescimes, et même s'il s'agit du ciel (« les abîmes du ciel »), le poème semble s'enliser, entre ces abîmes et « la plusbasse région du coeur »).• Le mouvement qui avait « surgi » disparaît rapidement.

Déjà, ce qui s'agitait au vers 15 était « vague ».

Puis levers 16 voit s'évanouir ce dernier signe de vie.

Et la dernière strophe commence par un adverbe qui renvoie à «l'attente » du premier vers ; le verbe « se perdre » dont on devine seulement le sujet (les formes) exprime unedisparition complète, en même temps que l'imprécision qui règne à nouveau.

La fin du poème sonne comme unereprise assombrie du début, qui était déjà triste.

Les mêmes vers sont chargés d'infiniment plus d'angoisse, puisqueles mouvements, la joie n'ont finalement abouti à rien.

Et on retombe, comme au début, dans la lenteur des pointsde suspension. CONCLUSION On a donc, dans ce poème à l'atmosphère particulière, une image assez irréelle des « hameaux ».

Mais le merveilleuxn'est pas source de joie ici, ou il ne l'est que pour très peu de temps.

Très vite on pressent que l'espoir qu'avait faitnaître l'arrivée dans les hameaux est vain, et que la grisaille et le désespoir sont les plus forts.

L'image mystérieusedes vers 3 et 4 (« Un ciel triste et lavé jusqu'à la plus intime, / La plus basse des régions du coeur »), qui unit lanature et l'homme dans la même tristesse, trouve toute sa résonance à la fin du poème, et suggère un état d'âmedurable : la « quête de joie » semble vouée à l'échec.. »

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