H. de Balzac, Ferragus, chap. 1er : commentaire
Publié le 04/11/2016
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Vous présenterez un commentaire composé de ce texte. Vous essaierez de montrer l'originalité de cette vision de Paris; vous pourrez en étudier notamment l'organisation et en apprécier les effets poétiques.
Paris est le plus délicieux des monstres : là, jolie femme; plus loin, vieux et pauvre; ici, tout neuf comme la monnaie d'un nouveau règne; dans ce coin, élégant comme une femme à la mode. Monstre complet d'ailleurs! Ses greniers, espèce de tête pleine de science et de génie; ses premiers étages, estomacs heureux; ses boutiques, véritables pieds; de là partent tous les trotteurs, tous les affairés. Eh! quelle vie toujours active a le monstre? A peine le dernier frétillement des dernières voitures de bal cesse-t-il au cœur que déjà ses bras se remuent aux Barrières 1 et il se secoue lentement.
— comparaison initiale de la ville à un « monstre » (lui-même défini antithétiquement comme « délicieux ») dont la monstruosité vient du manque d’unité; on remarquera que le narrateur joue, dans le développement de cette figure, avec les genres de façon significative : au féminin («jolie femme », « élégant comme une femme à la mode ») les déterminations heureuses; au masculin l’aspect sordide ou misérable (<< vieux et pauvre »);
— cette comparaison s’élargit en une suite de métaphores explicitées (espèce de) ou non : le « monstre » est alors selon la triple détermination de 1 ’espèce humaine, la pensée (par métonymie : « tête »), la nutrition et l’action;

«
les por
tes bâillent, tournent sur leurs gonds, comme les mem
br anes d'un grand homard, invisi blement manœuvrées par trente
mille hommes ou femm es, dont chacu ne ou chacun vit dans six
pieds carrés, y possède une cuisine, un ateli er, un lit, des enfants,
un jardin, n'y voit pas clair , et doit tout voir.
Insensi blement les arti
cu lati ons craq uent, le mouv ement se communique, la rue parle.
A
midi, tout est viv ant, les cheminé es fument, le mon stre mange ; puis
il rugit, puis ses mille pattes s'agitent.
Beau specta cle! Mais, ô
Par is! qui n'a pas admir é tes sombr es pays ages, tes échappées de
lum ière, tes cul s de-sac profonds et silencieux ; qui n'a pas entendu
tes murmures, entre minuit et deux heures du mati n, ne connaît
encor e rien de ta vraie poésie, ni de tes bizarres et larges contr astes.
H.
de Balzac, Ferragus, chap.
1".
Vous présent erez un comme ntair e com posé de ce texte .
Vous
essaier ez de montrer l'origin alit é de cette vision de Paris; vous
pou rrez en étudier notamment l'organis ation et en appr écier les
effets poétique s.
(h-L e sujet de La com édie humaine c'est de peindre la
Société.
Mais une société n'existe pas dans 1 'abstrait :
elle se définit par des rapports (de force, de fortune,
d' idées) .
Les lieux matérialisent cette société en opposant
les coquettes villas bourgeoises aux misérables taudis
ouvrie rs; d' où le rôle des longues descriptions balzaciennes :
loin d'être ornementales, elles sont fonctionnel les; au lieu
d' être statiques, elles dynamisent déjà 1 'action en permet
tant au lecteur attentif de pénétrer in medias res.
e Deux éléments retiennent l'attention : la prol ifération
de diverses figures de rhétorique (image, autonomase,
métaphore, métonymie, synecdoque, etc.) qui créent un
réseau très dense de comparaiso ns; la présence du narra
teur à la fois comme voix (il interroge, affirme, s'exclame),
comme regard (il assiste à un >.
Et rien ne montre mieux
1 'art du « visionnaire )) que ces longues descriptions qui inau-
111.
»
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