Gustave FLAUBERT Madame BOVARY (1857), 2, partie, chapitre IV (commentaire)
Publié le 19/02/2011
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Gustave FLAUBERT Madame BOVARY (1857), 2, partie, chapitre IV
(Emma Bovary et son mari Charles, médecin à Yonville, petit bourg normand, passent les soirées d'hiver chez leur voisin, le pharmacien Homais, en compagnie du jeune clerc de notaire, Léon.) On faisait d'abord quelques parties de trente-et-un, ensuite M. Homais jouait à l'écarté avec Emma; Léon, derrière elle, lui donnait des avis. Debout et les mains sur le dossier de sa chaise, il regardait les dents de son peigne qui mordaient son chignon. A chaque mouvement qu'elle faisait pour jeter les cartes, sa robe du côté droit remontait. De ses cheveux retroussés, il descendait une couleur brune sur son dos, et qui, s'apâlissant graduellement, peu à peu se perdait dans l'ombre. Son vêtement, ensuite, retombait des deux côtés sur le siège, en bouffant, plein de plis, et s'étalait jusqu'à terre. Quand Léon, parfois, sentait la semelle de sa botte poser dessus, il s'écartait comme s'il eût marché sur quelqu'un. Lorsque la partie de cartes était finie, l'apothicaire et le médecin jouaient aux dominos, et Emma, changeant de place, s'accoudait sur la table à feuilleter l'Illustration. Elle avait apporté son journal de modes. Léon se mettait près d'elle; ils regardaient ensemble les gravures et s'attendaient au bas des pages. Souvent elle le priait de lui dire des vers; Léon les déclamait d'une voix traînante et qu'il faisait expirer soigneusement aux passages d'amour. Mais le bruit des dominos le contrariait; M. Homais y était fort, il battait Charles à plein double-six. Puis les trois centaines terminées, ils s'allongeaient tous les deux devant le foyer et ne tardaient pas à s'endormir. Le feu se mourait dans les cendres; la théière était vide; Léon lisait encore, Emma l'écoutait, en faisant tourner machinalement l'abat-jour de la lampe, où étaient peints sur la gaze des pierrots dans des voitures et des danseuses de corde, avec leurs balanciers. Léon s'arrêtait, désignant d'un geste son auditoire endormi; alors ils se parlaient à voix basse, et la conversation qu'ils avaient leur semblait plus douce parce qu'elle n'était pas entendue.
Expliquez cette page sous forme de commentaire composé. Vous pourrez étudier en particulier la progression de la scène, l'art avec lequel Flaubert évoque la psychologie des personnages et parvient à créer une atmosphère.
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