Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale, 3e partie - Chap. 1
Publié le 24/03/2011
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Au mois de juin 1848, Frédéric Moreau, le héros de l'Éducation sentimentale, et sa maîtresse Rosanette font un séjour à Fontainebleau.
Ce soir-là, ils dînèrent dans une auberge, au bord de la Seine. La table était près de la fenêtre, Rosanette en face de lui ; et il contemplait son petit nez fin et blanc, ses lèvres retroussées, ses yeux clairs, ses bandeaux châtains qui bouffaient, sa jolie figure ovale. Sa robe de foulard écru collait à ses épaules un peu tombantes; et, sortant de leurs manchettes tout unies, ses deux mains découpaient, versaient à boire, s'avançaient sur la nappe. On leur servit un poulet avec les quatre membres étendus, une matelote d'anguilles dans un compotier en terre de pipe, du vin râpeux, du pain trop dur, des couteaux ébréchés. Tout cela augmentait le plaisir, l'illusion. Ils se croyaient presque au milieu d'un voyage, en Italie, dans leur lune de miel. Avant de repartir, ils allèrent se promener le long de la berge. Le ciel d'un bleu tendre, arrondi comme un dôme, s'appuyait à l'horizon sur la dentelure des bois. En face, au bout de la prairie, il y avait un clocher dans un village ; et, plus loin, à gauche, le toit d'une maison faisait une tache rouge sur la rivière, qui semblait immobile dans toute la longueur de sa sinuosité. Des joncs se penchaient pourtant, et l'eau secouait légèrement des perches plantées au bord pour tenir des filets; une nasse d'osier, deux ou trois vieilles chaloupes étaient là. Près de l'auberge, une fille en chapeau de paille tirait des seaux d'un puits; — chaque fois qu'ils remontaient, Frédéric écoutait avec une jouissance inexprimable le grincement de la chaîne. Il ne doutait pas qu'il ne fût heureux pour jusqu'à la fin de ses jours, tant son bonheur lui paraissait naturel, inhérent à sa vie et à la personne de cette femme. Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale, 3e partie - Chap. 1, 1869. Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourriez, par exemple, étudier les éléments de la description, ainsi que le jeu des différents regards (personnages, narrateur, lecteur).
Introduction. 1. a) Flaubert, romancier réaliste. Deuxième moitié du XIXe siècle. b) L'Éducation sentimentale, terminé en 1869 : l'un des grands romans de Flaubert, inspiré de ses propres sentiments de jeune homme pour la belle Élisa Schlesinger. c) 3e partie, chap. 1 : le héros Frédéric emmène Rosanette, jeune femme de vertu légère dont il est amoureux, dîner à Fontainebleau. 2. Annonce de plan. I. Les éléments de la description. II. Le jeu des différents regards.
«
— « au bord de la Seine » (sa situation) ;
— place de la table (« près de la fenêtre ») ;
— place de Rosanette (« en face de lui ») ;
— une « nappe ».
b) le dîner.
Même précision pour le menu et la vaisselle.
— Le menu : médiocre.
• « Un poulet avec quatre membres étendus » ; présentation peu raffinée.
• « Une matelote d'anguilles » : plat très ordinaire.
• « Du vin râpeux », et manque « Du pain trop dur » = mauvaise qualité de soin.
— La vaisselle : ordinaire et en mauvais état.
• « Compotier en terre de pipe » : matière grossière.
(Ce n'est pas de la porcelaine !)
• « Des couteaux ébréchés » : vaisselle usée, service peu surveillé.
L'auberge ainsi décrite paraît assez minable.
3.
Le paysage.
a) Le ciel :
• sa couleur bleue ;
• sa forme comparée à un dôme ;
• vision lointaine jusqu'à l'horizon.
b) Le haut du paysage :
— un clocher ;
— le toit d'une maison, décrit avec beaucoup de détails.
c) Le bas du paysage :
— des joncs ;
— de l'eau et tout ce qu'il y a sur l'eau.
• perches,• nasses d'osier,
• vieilles chaloupes.
d) Près de l'auberge :
— « fille en chapeau de paille », le seul élément vivant du paysage ;
— L'élément sonore : « grincement de la chaîne ».
Beaucoup d'éléments précis, peints selon un ordre étudié.
De nombreux détails : réalisme de la description.
B.
La femme.
Elle est le centre de la scène.
Décrite minutieusement.
1.
Son visage.
a) Nez « petit, fin, blanc » : épithètes de louange (le nez petit et la peau blanche étaient appréciés au XIXe siècle).
b) Ses « lèvres retroussées » : un air de sensualité..
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