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Gustave Flaubert, 1845, La première éducation sentimentale, Chap. XXIII. Éd. du Seuil, Col. Tel Quel.

Publié le 21/02/2011

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flaubert

Vous présenterez de ce texte un commentaire composé que vous organiserez à votre gré. Vous pourrez, par exemple, étudier comment la diversité des moyens mis en oeuvre sert ici les intentions de l'auteur. Philosophe, philanthrope, ami du progrès et de la civilisation, enthousiaste de la culture de la pomme de terre et de l'émancipation des nègres, il déclarait sans cesse que tous les hommes sont égaux, mais il eût été bien étonné, pourtant, si son épicier ne l'eût pas salué le premier lorsqu'il passait devant sa boutique ; tenant sévèrement ses domestiques, disant « ces gens-là « en parlant d'eux, et trouvant toujours que les ouvriers perdaient leur temps. C'était un de ces hommes du grand troupeau, ni bons ni méchants, ni grands ni trop petits, avec une figure comme tout le monde et un esprit comme les autres, se croyant raisonnables et cousus d'absurdités, se vantant d'être sans préjugés, et pétris de prétentions, parlant sans cesse de leurs jugements, et plus étroits qu'un sac de papier qui se crève dès qu'on veut y faire entrer quelque chose ; qui ne battent personne parce qu'ils ne sont pas nés violents, n'assassinent pas parce qu'ils ont horreur du sang, ne volent pas parce qu'ils n'ont besoin de rien, ne se grisent pas parce que le vin leur fait mal ; qui craignent un peu Dieu quand il tonne et plus encore le diable quand ils meurent ; qui veulent que vous ayez leur opinion, leur goût, que vous épousiez leurs intérêts, que vous parliez leur langue, portiez leur costume, soyez de leur pays, de leur ville, de leur rue, de leur maison, de leur famille, et qui sans doute, au fond d'eux-mêmes, se trouvent néanmoins doux, humains, sobres, tempérants, moraux, patriotes et vertueux, regardant certaines choses élevées comme des niaiseries, mais en prenant au sérieux bien plus de bouffonnes, à commencer par eux-mêmes.

Gustave Flaubert, 1845, La première éducation sentimentale, Chap. XXIII. Éd. du Seuil, Col. Tel Quel.

Entre la première et la deuxième Éducation Sentimentale, il n'y a pas beaucoup de rapports ; les intrigues n'ont en effet rien à voir, si ce n'est qu'il s'agit dans ces deux livres de l'éducation de deux jeunes gens — ou d'un jeune homme — par le sentiment. Dans la première Education, Henry et Jules traversent l'un et l'autre une grande passion, avant d'aboutir à deux formes distinctes de « sagesse «.

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