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GUERIN Georges Pierre Maurice de : sa vie et son oeuvre

Publié le 15/12/2018

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GUERIN Georges Pierre Maurice de (1810-1839). « Je dois tout à la poésie... je lui devrai peut-être mon avenir ». Trois textes (Glaucus, le Centaure et la Bacchante) suffisent en effet pour que Maurice de Guérin, un des initiateurs du poème en prose, éclaire encore la mémoire de ses fervents. Mais que doit sa fortune aux mythes dont il se laissa entourer par sa sœur Eugénie et ses proches? Disputé entre mille légendes, frère trop chéri, poète christiquc aux accents curieusement dionysiaques et païens, il a sans doute cherché dans l’écriture — de manière plus velléitaire qu’efficace, certes — l’édification d’une histoire qui pût être sienne, tout aussi illuminée, mais différente.

 

L'exil ou le royaume?

 

Ce castel avec sa terrasse,

 

Tu le sais bien, c'est le Cayla.

 

Il n'a pas effacé ta trace,

 

Tes deux sœurs sont encore là.

 

Oh rêve, rêve au doux Cayla!

 

Ainsi Maurice de Guérin exprime-t-il le drame de son existence, déchirée entre les appels incessants d’une pureté attachée par la nostalgie au paysage originel et

 

l’exigence pressante d’une certitude finale, fruit d’une expérience sulfureuse et mortelle, mais autre.

 

« Tout ce que nous cherchons n’est-il pas au couchant? » s’interroge-t-il, toujours inquiet du sens de cette double postulation qui partage son être et lui fait envier le sort des enfants morts dans leur innocence, qui « ne savent rien de la terre » et « naissent dans le ciel » : « [...] je ne puis m’empêcher de regretter le ciel où je serais, et que je ne puis atteindre que par la ligne oblique de la carrière humaine ».

 

Quatrième enfant d’une famille pieuse et rigoriste, orphelin de mère à neuf ans, Maurice de Guérin révèle une sensibilité à fleur de nerfs au contact d’Eugénie, sa sœur, qui lui voue un amour exclusif et dont le mysticisme sublime à l’envi tout l’indicible de leurs relations :

 

Elle aimait mes rêves

 

Et j'aimais les siens,

 

confie-t-il. Tous deux goûtent assez la lecture de Chateaubriand pour ne rien ignorer du vertige romantique des passions interdites. Eugénie se trouve certainement à l’origine de ce climat mythique dont son frère sera toujours mis en demeure d’assumer le poids : « Aigle indépendant et vagabond, comment te fixer dans ton aire? » lui demande-t-elle, peut-être pour mieux le crucifier dans son propre désir. Même au loin, Eugénie fait tout pour garder Maurice sous son influence, pour construire la vie de son frère comme une œuvre bien à elle. Par ses lettres, elle guide ses études au séminaire de Toulouse (1821-1824), puis au collège Stanislas, à Paris (1824-1829). Elle le met en garde quand il se lie avec Barbey d’Aurevilly et tourne le dos à la religion (1827-1828), ou lorsqu’il devient disciple de Lamennais à La Chênaie (1832-1833). Elle exerce une vigilante censure sur tout ce qu’il signe dans la presse : dans /’Avenir (1831), la Revue européenne (1832), la France catholique (1834). Quand il paraît lui échapper, la pudeur des termes ne parvient pas à masquer tout le feu des reproches : «... je pense, hélas! que tu n’aurais pas dû te marier. Je ne connais aucune femme pour toi. Il te faudrait une femme à part, une Ève créée pour toi, [...] une femme virile... », lui écrit-elle lorsqu’il épouse Caroline de Gervain (15 novembre 1838).

« rédigé de 1832 à 1835), poèmes de formes quasi acadé­ miques (élégies, sonnets, strophes "iambiques ...

), vers libres (la Délivrande, Glaucus ...

) ou poèmes en prose (Bal, promenade et rêverie à Smyrne -texte hybride, intégrant un long développement versifié -, le Cen­ taure, la Bacchante).

Plus que leur voisinage, c'est la fusion ou 1 'aboutissement de toutes ces formes les unes dans les autres qui éclate.

Non seulement autobiographie et poésie s'interpénètrent, mais toute l'écriture de Mau­ rice de Guérin semble ne valoir d'abord qu'en tant qu'ex­ ploration des formes.

Ovide et Lucrèce ne l'auraient pas initié au mystère des métamorphoses si lui-même n'avait rêvé d'une autre vie.

Sa poésie devient tout naturellement appel à la transmutation de tout ce qui est vécu en langage.

Quand les jours se font lourds et que la morne réalité l'assaille, le poète, en écrivant, veut déranger l'inertie universelle, communiquer avec l'invisible : «Le silence m'enve­ loppe, tout aspire au repos, excepté ma plume qui trouble peut-être le sommeil de quelque atome vivant, endormi dans les plis de mon cahier.

..

».

Le mot revêt alors une fonction première, presque incantatoire.

Il donne réalité à la chose bien avant qu'elle soit présente et continue à la faire exister alors même qu'elle s'est évaporée dans l'éphémère sensation.

Ainsi du moins prétend en user l'imaginaire : «J'étends au large le sens du mot imagination : c'est pour moi le nom de la vie intérieure, l'appellation collective des plus belles facultés de l'âme, de celles qui revêtent les idées de la parure des images, comme de celles qui, tournées vers l'infini, méditent perpétuellement l'invisible et l'imaginent avec des images d'origine inconnue et de forme ineffable ».

A l'évidence, pour un homme qui. »

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