GROSJEAN Jean : sa vie et son oeuvre
Publié le 14/12/2018
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GROSJEAN Jean (né en 1912). Poète et traducteur, né à Paris. Fils d’ingénieur, Jean Grosjean perd sa mère très tôt (1915) et passe son enfance en Franche-Comté. Dès 1922, fasciné par Maupassant, il commence à écrire. Après son certificat d’études (1925), Grosjean entre à l’école primaire supérieure de commerce et d’industrie; il rejoint, en 1927, l’école d’agriculture de Guyenne, travaille ensuite comme ajusteur au Perreux, passe en 1929 son brevet d'enseignement primaire supérieur. Il suit alors les cours de l’école secondaire classique de Conflans et découvre à cette époque les textes bibliques et l’œuvre de Claudel : lecture décisive, qui l’oriente vers les préoccupations religieuses et métaphysiques; en 1933, il obtient le baccalauréat de philosophie puis entre au séminaire Saint-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux. Après un voyage au Moyen-Orient, Grosjean est ordonné prêtre en 1939, puis mobilisé. Il se lie avec Malraux en 1940, au camp de Sens, connaît ensuite la captivité dans un stalag de Poméranie. En 1943, libéré, il devient vicaire à Port-à-1’Anglais, avant de se retirer dans le Doubs, pour vivre une solitude complète. Mais c’est après la guerre que la véritable « vocation » de Grosjean se dessinera clairement : en 1946, il publie chez Gallimard son premier livre. Terre du temps, qui obtient le prix de la Pléiade, et, en 1950, Hypostase. Il se sépare alors de l’Église catholique et se marie. Depuis ce temps Grosjean consacre sa vie à la création poétique, à la traduction des textes grecs et sacrés et à l’édition littéraire : depuis 1967, il collabore à la direction de la Nouvelle Revue française.
La poésie de Grosjean constitue avant tout un acte de célébration : le texte, par nature, décrit, « dit » l’essence du réel; pour cette quête de la vérité, Grosjean utilise de préférence, comme dans les textes de la Bible ou de Claudel, l’ample verset plutôt qu’un vers métriquement délimité. Et, comme chez Saint-John Perse, les multiples figures de la rhétorique ne manquent jamais à un discours qui privilégie souvent le substantif et le verbe au détriment de l’adjectif; à ce dernier, qui altère l'entité des choses, le poète préfère le Nom, signe définitif, dans le langage humain, de la présence des Éléments : « Au creux des ténèbres ah! fixité, ton rutilement de lampes, ce rutilement des morts qui sont mon peuple et l’âme » (Apocalypse, 1962).
«
nelle
: c'est sunout à partir de Hegel -ou du présocra
tisme -que Grosjean paraît avoir forgé sa métaphysi
que; pour lui, nul principe divin qui ne connaisse sa
propre négation : «C'est hors de soi que le dieu rede
vient soi, c'est devenu autre qu'il se voit devenir ce qu'il
est » (la Gloire); Dieu est « un athée» qui se dissout
dans le langage des textes sacrés.
Et c'est la parole poéti
que qui, pour Grosjean, symbolise le mieux cette « mort
de Dieu»; l'âme du divin s'abolit parce que la poésie
fait surgir le sens des choses, et que Dieu, par essence,
ne dit rien, mais existe.
On comprend ainsi la fascination de Grosjean pour les
signes de mort, -qui abondent en son œuvre : corbeaux,
interminables pluies de novembre, bourbiers, paysages
désertiques de l'hiver; plus que par le printemp5 et l'été,
qui parent Je:monde de faux-semblants («Je fus pris
d'affreuse dormition quand renaissait dans le val l'herbe
en fleurs »,Élégies, 1966), la nudité véritable des choses
se révèle dans le néant de l'hiver; fidèle à sa théorie, le
poète fait de cette saison l'étape négative de la
connaissance.
Le monde est donc un signe, pour le métaphysicien
qu'est Grosjean; mais ce chercheur « de 1' arrière
monde», dont l'écriture poétique tente de rationaliser
les contradictions qu'il découvre dans le christianisme,
n'abuse pas des majuscules; il ne confère pas au poète
une fonction prophétique ou initiatrice particulière : tout
au plus est-il le témoin de la dialectique universelle; il
regarde se refléter les uns dans les autres les éléments
contradictoires d'une nature en devenir :.
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